|
Grosse soirée le 22 octobre dernier : Helloween, groupe que je suis quasiment depuis que j'ai commencé à écouter du metal au début des 90s (et que j'ai vu de nombreuses fois en concert depuis), est venu fêter ses 40 ans de carrière au Zénith de Paris avec les Finlandais de Beast In Black en première partie. Concert très attendu donc, par les fans du groupe ou de power mélodique... et par votre serviteur qui, trois ans après un très bon show à l'Olympia qui avait confirmé tout le bien qu'il pensait de cette réunion "Pumpkins United" (ayant elle-même d'abord occasionné un concert dantesque en 2017 dans ce même Zénith), avait hâte de voir ce que les Hambourgeois allaient proposer pour cette tournée anniversaire. La soirée a donc commencé avec Beast In Black que j'ai déjà eu l'occasion de voir en première partie de Nightwish ou en compagnie de Myrath. Surprise : ils ne sont que quatre. Le guitariste Kasperi Heikkinen ne fait plus partie du groupe... et cela vient juste d'arriver puisqu'il a bien officié sur le début de la tournée. Kabanen et compagnie ne se laissent apparemment pas démonter et assurent donc un show rythmé, enjoué et généreux (douze morceaux joués pour quasiment une heure)... mais avec une seule guitare. Pour info, les Finlandais fêtent également un anniversaire (leur dixième) sur cette tournée puisque Beast In Black a été fondé en 2015, c'est le vocaliste Yannis Papadopoulos qui le rappelle lorsqu'il marque une petite pause après s'être égosillé sur les trois premiers titres du set : Power Of The Beast, Hardcore et From Hell With Love. Le chanteur est encore une fois assez impressionnant et balance des gueulantes perçantes absolument énormes... Il est très puissant, rien à redire là-dessus. Après, ça n'est pas la faute du groupe mais il est vrai qu'avec un membre en moins, un certain vide se fait sentir sur scène. Autre petit défaut que je remarque à chaque fois que je vois Beast In Black en concert : l'abus de bandes. Les claviers sont omniprésents (terriblement en avant même) et pourtant totalement invisibles... quant aux chœurs, bien que Kabanen (guitariste) et Molnar (bassiste) s'exécutent derrière leur micro, ils sonnent un poil trop propres ou comme sur album pour être honnêtes. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai un peu de mal à me laisser conquérir par le set proposé. En plus de cela, je ne suis pas toujours fan de la musique du groupe. J'aime bien certains titres et suis d'ailleurs content d'entendre Cry Out For a Hero, Die By The Blade, Blind and Frozen et No Surrender (oui, From Hell With Love est largement l'album du groupe le plus représenté ce soir avec pas moins de cinq compos) mais n'accroche pas plus que cela aux nouvelles chansons (Power Of The Beast et Enter The Behelit). De plus, le côté excessivement kitsch de certains morceaux (pas forcément aidés par un son massif mais un peu assourdissant et au rendu trop synthétique) a du mal à ne pas me faire un peu grincer des dents. En tout cas, le groupe donne tout ce qu'il peut, tout le monde mouille la chemise, quelques passages bien heavy sont très convaincants (le titre Beast In Black notamment) et Yannis remercie le public chaleureusement, nous informe que le quatrième album est en cours d'enregistrement, tout en n'omettant pas de bien insister sur le fait qu'ils reviendront à l'automne 2026 pour des dates en tête d'affiche (à Paris, Toulouse et Lyon). Setlist Beast In Black : Power Of The Beast Hardcore From Hell With Love Blood of a Lion Cry Out For a Hero Sweet True Lies Enter The Behelit Beast In Black Die By The Blade One Night In Tokyo Blind And Frozen No Surrender A 20h50, la salle éteint à nouveau ses lumières et la clameur des fans impatients s'élève jusqu'au plafond du Zénith. L'excitation est à son comble... et c'est parti pour deux heures vingt de magie ! S'il y a bien une chose que les citrouilles arrivent à faire passer sur scène, c'est cette atmosphère de fête, de célébration... parce que c'est une tournée anniversaire, certes, mais aussi parce que Halloween, bah, c'est également une fête à la base. Et l'on retrouve totalement cette ambiance dans leurs concerts... et peut-être encore un peu plus ce soir. Pour démarrer le set, un titre fort et emblématique était nécessaire : c'est chose faite avec l'excellent March Of Time extrait du classique Keeper Of The Seven Keys Part II. Du riff chiadé, un refrain épique et majestueux, une scène décorée d'écrans diffusant des animations, sept musiciens à l'unisson dont un duo de chanteurs complices tenu par Michael Kiske et Andi Deris qui se partagent ce titre (uniquement chanté par Kiske à l'origine) et la soirée est lancée de façon idéale... malgré un son perfectible (les guitares manquent de puissance/clarté et la batterie est un peu trop en avant).  
Dès le deuxième titre, c'est la surprise avec The King For A Thousand Years que je n'avais pas entendu depuis 2011 (dans un medley en plus). Il est légèrement amputé (il dure un peu moins de dix minutes au lieu de treize sur album) mais reste très cool. Et des surprises, il y en aura d'autres. Comme souvent (et plus que sur la tournée précédente), Helloween a fourni un effort pour modifier sa setlist et ça, c'est plus qu'appréciable ! Ainsi, en plus des nouvelles compos issues de Giants & Monsters comme This Is Tokyo, la ballade Into The Sun, Universe ou A Little is a Little Too Much - toutes disséminées au fil du show - les Hambourgeois vont nous régaler en déterrant des morceaux non joués depuis longtemps. Ainsi, on aura le droit à un excellent enchaînement speed constitué de We Burn, Twilight Of The Gods (jamais jouée depuis la tournée du premier Keeper Of The Seven Keys) et Ride The Sky (moins rare mais en intégralité ce soir, pas au sein d'un medley). Bonheur, que dis-je... extase ! Au rayon des raretés, on notera aussi la présence de Hey Lord! et d'un bout de la ballade In The Middle Of A Heartbeat, rappelant à notre bon souvenir les premiers disques enregistrés avec Andi Deris pendant les 90s. Pour ses quarante ans de carrière, Helloween ne peut évidemment pas tout jouer et de nombreux albums sont délaissés (Pink Bubbles Go Ape, Chameleon, The Dark Ride, Gambling With The Devil, 7 Sinners, Straight Out Of Hell, My God-Given Right ou le plus récent Helloween) mais, les années 2010 mises à part, il ne néglige aucune décennie de sa discographie. Les nostalgiques sont évidemment à la fête car la période des années 80 est tout de même la plus représentée. A elle-seule, elle représente la moitié du show... et les classiques que sont Heavy Metal (Is The Law), Future World, Halloween (quel plaisir de le voir réintégrer le set !), Eagle Fly Free, Dr. Stein ou I Want Out ne manquent évidemment pas à l'appel !  
Un concert réussi ne repose pas que sur le choix des chansons, on le sait... et ce qui fait plaisir avec Helloween, comme dit plus haut, c'est l'ambiance. Même si elle m'avait semblé encore un peu plus chaude - pour ne pas dire survoltée - à l'Olympia en 2022 (la fosse bouge assez peu... dans le coin où je me trouve en tout cas), l'atmosphère fêtarde et bon enfant est de la partie. On acclame, on sourit, on chante à gorge déployée... ça fait un bien fou ! On sent une grande décontraction et un vrai plaisir de jouer de la part des musiciens aussi. Leur complicité nous entraîne... surtout celle du duo Kiske/Deris qui semble vraiment se régaler, fait des blagues (sur leurs noms respectifs notamment) et passe l'essentiel de la soirée le sourire aux lèvres quand il ne rit pas carrément (pendant Halloween, Kai Hansen glissera sur scène et sa chute perturbera Kiske qui aura du mal à garder son sérieux pendant les quelques minutes suivantes). Il y a plein de petits signes qui révèlent la connivence des deux vocalistes... comme le moment où Deris prend Kiske dans ses bras pour lui donner l'accolade des braves après que ce dernier a tenu la dernière note aigue de I Want Out. Evidemment, les quatre mille et quelques fans présents ce soir seront régulièrement mis à contribution pour entonner certains refrains, il y aura notamment une petite compétition (amicale) entre le public des gradins et celui de la fosse sur Future World.  
Que dire d'autre ? Les animations projetées sur les écrans sont de bien meilleure qualité cette fois-ci, on a le droit de très beaux visuels, c'est moins cheap... et participe à la réussite de ce concert. Alors ? Rien à reprocher ou à regretter ? Bah... quasiment pas. C'est tellement bien ! Oui, bien sûr, tout n'est pas "parfait"... les chanteurs font un job globalement bluffant mais on les sent parfois un peu "limites" sur quelques passages particulièrement corsés... mais après tout, ils sont humains et leur prestation est globalement de très haute tenue. Pareil pour le reste des musiciens. Oui, quelques solos sont légèrement brouillon, le groupe oublie même de repartir au bon moment sur la fin de Future World juste après le break où Deris et Kiske nous ont fait chanter... mais, franchement, vu la qualité de l'ensemble, on s'en fiche pas mal. On est trop occupés à prendre notre pied pour s'offusquer de quoi que ce soit même si je me serais bien passé d'un solo de batterie un peu longuet et franchement pas palpitant (mais bon, il faut bien que le reste du groupe souffle un peu aussi), même si ne pas proposer How Many Tears pour une telle occasion relève presque de la faute professionnelle (bon, ils l'ont joué lors des deux tournées précédentes donc ça passe) et même si les chansons choisies pour représenter le nouvel album ne sont - à mon sens - pas les meilleures du lot (Universe mise à part). Je préfère retenir le fun, les surprises, les efforts faits pour nous divertir, les attraits d'un show très axé "speed" - avec beaucoup de compos véloces - mais tout de même assez varié et complet (on a même eu un petit interlude acoustique sur lequel Kiske, puis Deris, ont agrippé une guitare sèche) et un sentiment de communion très fort. La soirée se termine sur le refrain final de Keeper Of The Seven Keys accolé à Dr. Stein... une grosse citrouille gonflable descend du plafond, la pyrotechnie jaillit et la salle est en émoi. Depuis les années 90, j'ai vu de bons concerts d'Helloween, de très bons même... voire d'excellents. Celui du 22 octobre 2025 restera gravé dans ma mémoire comme l'un des tout meilleurs de ce groupe légendaire, tout à fait à la hauteur de sa réputation ce soir-là. Merci messieurs, ce fut magique !  
Un grand merci également à Gérard Drouot Productions et Olivier Garnier de Replica Promotion pour l'accréditation... ainsi qu'à Grégory Hernandez pour ses superbes photos.
Setlist Helloween : March Of Time The King For A 1000 Years Future World This Is Tokyo We Burn Twilight Of The Gods Ride The Sky Into The Sun Hey Lord! Universe (Gravity For Hearts) Hell Was Made In Heaven Drums solo I Want Out In The Middle Of A Heartbeat A Tale That Wasn't Right Power Heavy Metal (is the Law) Halloween -------------------------------------- Invitation / Eagle Fly Free A Little Is A Little Too Much Dr. Stein / Keeper of the Seven Keys (juste le final) 
|