Artiste/Groupe:

Helloween

CD:

Giants & Monsters

Date de sortie:

Aout 2025

Label:

Reigning Phoenix Music

Style:

Power Metal Mélodique

Chroniqueur:

Blaster of Muppets

Note:

15/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Les patrons du power sont de retour ! Quatre ans après l’album sans nom qui marquait le premier pas discographique d’une formation à sept membres (le fameux lineup "Pumpkins United" célébrant, pour ceux qui ont séché les cours d’Histoire, le retour de Kai Hansen et Michael Kiske) qui fait le bonheur des fans depuis 2017, voici Giants & Monsters qui n’est ni plus ni moins que le dix-septième album de Helloween, institution germanique fêtant ses quarante ans d’existence cette année. Quand le disque atterrit sur la platine, le suspense est à son comble, cette offrande va-t-elle surpasser le cru 2021 (que j’avais trouvé tout à fait honorable mais pas extraordinaire) ? Plusieurs écoutes plus tard, la réponse s’impose : l’album n’est pas - de mon point de vue - vraiment meilleur... mais pas forcément moins bon non plus. Une chose est sûre, il synthétise assez bien les multiples visages du groupe tout en se montrant un peu différent de son prédécesseur. 

Oui, Giants & Monsters a beau reprendre les choses là où Helloween les avait laissées il y a quatre ans (avec notamment un chouette artwork signé Eliran Kantor) et ne pas déstabiliser l’auditeur, il n’en est pas la copie carbone. Il est plus court (c’est plutôt un bon point) avec cinquante minutes au compteur (au lieu de soixante-cinq en 2021), avec un peu plus de Kai Hansen (qui avait peu participé à l’écriture la dernière fois), de diversité aussi... et une tonalité générale plus mélodique et légère. Tout cela fait de Giants & Monsters un disque plus immédiat, digeste et, au final, mémorable. Il y a quatre ans, point de ballade, peu de morceaux typés "single fun" et plus de "power". A l’écoute du petit nouveau, on sent que les sept camarades ont eu envie de s’amuser. La bonne humeur qui semble caractériser cette réunion (totalement palpable lors des concerts) se retrouve dans pas mal de compos cette fois-ci. Il y a This Is Tokyo, bien connue depuis juin, bien sûr, mais ça ne s’arrête pas là. Pour des morceaux hard rock dans l’âme (avec des influences pop), vous pouvez compter sur A Little Is A Little Too Much, mid-tempo au couplet sonnant comme un mix de vieux Def Leppard / Scorpions, avec un refrain entêtant à mort (et un clavier qui renforce l’aspect pop du morceau) ou Under The Moonlight, totalement happy metal, dont les mélodies (entonnées par un Kiske à la fête) renvoient à la fin des années 80 avec un esprit très Livin’ Ain’t No Crime. Et il y a même une ballade, Into The Sun, avec arrangements symphoniques, sur laquelle le duo Kiske / Deris livre une prestation mélodramatique. La piste a, par moments, des airs de générique de James Bond. Ce n’est pas vraiment ma tasse de thé mais je reconnais que, dans le genre, c’est bien écrit.

L’album ne se résume heureusement pas qu’à cela. Helloween n’a pas tourné le dos aux compos speedées ou classieuses. La galette s’ouvre sur Giants On The Run : morceau très changeant, épique, où Hansen intervient (il a d’ailleurs co-composé) pour épauler Deris... on a un petit solo très Keeper à mi-parcours, puis un break heavy Manowarien (personne n’entend le riff de Bridge of Death ?) avec chœurs typiques (qui rappellent Gamma Ray). Très bonne entrée en matière, peut-être même plus réussie - car plus aventureuse - que Out of Glory sur l’album précédent. Puis arrive Savior of the World, speederie mélodique classique plus directe, qui va ravir de nombreux fans, composée par Weikath. Là, on se rend compte que la prod manque de niaque. Ca aurait pu être top mais une ou deux montées disgracieuses de Kiske (sur le pré-refrain) et une teinte un peu trop "happy" à mon goût font que ce titre, aussi entraînant et efficace soit-il, ne figurera parmi mes préférés de l’album. Plus tard, on revient à quelque chose de heavy avec We Can Be Gods, compo de Hansen, rapide, au riff tranchant avec, pour la première fois, les trois chanteurs qui apparaissent ensemble. On reconnait bien la griffe Hansen, c’est enlevé, épique et on y trouve de très chouettes solos. L’esprit Keeper est là et c’est l’un des meilleurs morceaux de ce cru 2025. A mettre dans mes chansons préférées : Universe (Gravity For Hearts), une création de Sascha Gerstner qui renoue avec l’âge d’or du groupe. C’est véloce, mélodique, bien développé (le morceau évolue sur plus de huit minutes)... et toute la partie instrumentale du milieu me rappelle pourquoi je suis tombé amoureux de ces Allemands il y a longtemps.

Les trois guitaristes ne sauraient être pris en défaut sur Giants & Monsters, ces messieurs nous régalent. Et cette remarque vaut également pour le trio de vocalistes (chacun complète les autres, on a de jolies harmonies, des chœurs travaillés...). C’est du très beau travail. Ces musiciens ne sont pas n’importe qui, on le sait. Dommage que leur travail ne soit pas mis en valeur par un son à la hauteur ! A l’instar d’Iron Maiden qui, c’est mon avis sincère, devrait arrêter de travailler avec Kevin Shirley, je pense vraiment que Helloween devrait cesser sa collaboration avec Charlie Bauerfeind. Les guitares sonnent parfois un peu étouffées, la batterie manque de puissance... des titres comme Universe ou We Can Be Gods devraient tout défoncer mais avec ce mix en plastoc, l’impact est moindre. Heureusement que les compos, elles, tuent. Et d’ailleurs, pour finir sur une note positive, l’album s’achève avec Majestic, un autre titre long (huit minutes) - qui porte bien son nom - composé par Hansen, classe avec une touche épique bienvenue. 

Bien que je ne trouve pas que Giants & Monsters soit l’album "ultime" qu’on pourrait attendre d’un tel lineup, il est agréable, varié, mélodique, fun, passe globalement bien et - rappelons-le - contient tout de même une bonne moitié de pistes valant vraiment le détour. Certes, il est perfectible (notamment au niveau de sa production) et les classiques sont hors d’atteinte mais le savoir-faire des citrouilles opère toujours et ce dix-septième (!) album ne fait pas tache dans la discographie de ces joyeux Teutons qui demeurent les maîtres de leur catégorie. On se quitte sur une information qui fait plaisir : Helloween viendra nous présenter ce disque sur scène et fêter ses quarante ans de carrière au Zénith de Paris le 22 octobre prochain. Tellement hâte !

Tracklist de Giants & Monsters :

01. Giants On The Run
02. Savior Of The World
03. A Little Is A Little Too Much
04. We Can Be Gods
05. Into The Sun
06. This Is Tokyo
07. Universe (Gravity For Hearts)
08. Hand Of God
09. Under The Moonlight
10. Majestic

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !