Artiste/Groupe:

Helloween

CD:

Helloween

Date de sortie:

Juin 2021

Label:

Nuclear Blast Records

Style:

Power Metal Mélodique

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15.5/20

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Helloween, nommé ainsi comme pour symboliser une nouvelle ère ou un nouveau départ, est un album qui arrive - qu’il en soit conscient ou non - avec une énorme pression sur les épaules. Il est l’un des disques les plus attendus du moment, que ce soit par les fans du groupe ou les férus de power mélodique ou heavy metal de façon plus générale. Et cela se comprend : la tournée Pumpkins United (immortalisée par le biais de United Alive), qui a vu revenir au bercail le fondateur Kai Hansen ainsi que Michael Kiske, le second chanteur historique du groupe, a été couronnée de succès. Les concerts furent fantastiques, les fans ravis et l’ambiance au sein de la formation au beau fixe. De là est née l’envie de proposer un nouvel album studio conservant le même line-up et offrant donc pour la première fois une collaboration entre tous les chanteurs d’Helloween : Hansen, Kiske et Deris. Ce genre de fantasme fleurit régulièrement dans la tête des fans mais ne se concrétise pas si souvent que cela. Les promesses que nourrit une telle annonce, doublées d’une attente importante (six ans que les citrouilles n’ont pas sorti d’album, ça commence à faire long), d’un premier single plutôt prometteur (Skyfall... je sais, la note n’est pas géniale, ne vous énervez pas, je trouve le single un peu "radin" mais la compo est assez bonne en revanche) suscitent forcément chez les aficionados des espoirs pas toujours raisonnables, voire complètement fous.

C’est clair, la mission de ce seizième album n’est pas simple car beaucoup en attendent trop. On espère qu’il sera "tout". Si l’on en croit les différents désirs exprimés, Helloween va avoir la lourde tâche d’incarner à la fois le glorieux passé du groupe (ce que l’artwork semble suggérer, en mélangeant différents motifs d’anciennes pochettes), son présent et - tant qu’on y est - son futur. On veut retrouver ce qui nous a tant séduit chez cette formation mais on ne veut pas trop de redite non plus. Les Allemands doivent aller de l’avant mais sans déstabiliser le fan. Surtout, il faut que l’album soit inspiré et efficace... plus attrayant ou marquant que les dernières réalisations du combo (loin d’être mauvaises mais plutôt avares en surprises et magie). Conjuguer tout cela s’annonce compliqué. Comment pourrait-on tout avoir ? D’autant plus que l’époque de la découverte, des premiers émois ou des surprises, est révolue depuis longtemps et que ce nouvel opus va fatalement être comparé à des œuvres classiques qui ont traversé les décennies, ce qui risque fort de ne pas jouer en sa faveur.

La réponse donnée par le septuor en ouverture d’album se veut rassurante. Weikath, Deris & co. ne se démontent pas et foncent dans le tas avec l’héroïque Out For The Glory qui laisse le chant principal à Kiske et invoque sans détour l’esprit de la saga Keeper Of The Seven Keys. Tout est fait pour séduire le nostalgique. C’est rapide, épique, galvanisant... le son est puissant, les guitares volubiles et la présence de Kiske derrière le micro a quelque chose de magique (n’ayons pas peur des mots). D’autant plus que sa voix ne semble pas avoir vieilli depuis la grande époque. Comment est-ce possible ? Quel sortilège a été utilisé ? Kai Hansen vient pousser quelques lignes également... on nous ressert du Helloween typique des années 80, avec une énergie et un savoir-faire conservés, même si je trouve la mélodie du refrain un peu "naïve" ou datée. Ensuite, on nous propose Fear Of The Fallen, une compo de Deris (qui est d’ailleurs le premier que l’on entend sur une intro qui fait un peu peur tant elle évoque le début d’une ballade sirupeuse ; c’est heureusement une fausse piste), très remuante elle aussi. Là, le groupe nous signale qu’il ne va pas se complaire dans la période Keeper puisque cette chanson pourrait tout à fait apparaître sur un album récent du groupe. Le riff heavy rock d’une autre époque est plutôt chouette, le morceau est un peu répétitif (avec ses "decide" assénés de trop nombreuses fois) mais le refrain ou Kiske et Deris se donnent la réplique est magistral en plus d’être très entêtant (je le siffle ou le chante sans cesse depuis des jours). Troisième compo, troisième facette : après le speed mélodique des 80s, le power de l’ère Deris, voici Best Time, le titre hard rock enjoué, à l’esprit "single", sorte d’énième mouture de I Want Out. Bien fait, efficace, avec son couplet eighties à la Rebel Yell de Billy Idol, mais très "déjà entendu" (combien de fois Helloween ou Gamma Ray - sans compter les centaines de groupes qu’ils ont influencés - nous ont-ils servi ce genre de recette ?). Ce début d’album, qui mélange les vocalistes (même si Hansen est très discret, se servant plus de sa guitare que de sa voix), les époques et les styles, avec beaucoup de panache, ne me bouleverse pas mais s’avère efficace et plaisant. Malgré quelques facilités prévisibles, l’ennui est absent de l’équation. Bonne nouvelle, l’album ne va pas s’essouffler, bien au contraire. 

La force de ce qui suit réside en plusieurs points. D’abord, Helloween garde le pied au plancher et propose un ensemble bien énergique, la case "ballade" a même soigneusement été contournée (merci). Ensuite, les chansons sont entraînantes et on ne note pas vraiment de compo faiblarde. Mass Pollution fait dans le hard/heavy rentre-dedans au riff imparable avec un Deris déchaîné. Angels (que l’on doit au guitariste Sascha Gerstner) est une belle surprise car c’est le premier titre à ne pas spécialement rappeler d’ancien travaux du groupe. Mid-tempo avec une ambiance sombre (quelques chœurs et un peu d’orgue sur l’intro) et de belles lignes de chants lumineuses servies par un Kiske impérial... voilà une compo inattendue (le break au piano est sympa) et franchement réussie. Rise Without Chains réintroduit le power épique au cœur du propos avec un refrain inspiré, Indestructible est un morceau (très) classique qui revient jouer sur les terres de Best Time mais avec des guitares nettement plus heavy et, une fois cette compo passée, Helloween ne fait plus que nous offrir des titres musclés, à l’instar des véloces Robot King ou Down In The Dumps. Entre ces deux speederies efficaces, Cyanide est un bon morceau de power moderne tel qu’on en trouve sur différents albums de l’ère Deris... Orbit est l’intro planante qui introduit Skyfall, la pièce de douze minutes signée Hansen que vous connaissez déjà et qui permet à l’album de s’achever sur une virée épique reprenant tous les ingrédients qui ont contribué au succès du groupe à son apogée. 

C’est très simple : si vous n’aimez pas Helloween, c’est que vous n’aimez pas (ou plus) Helloween. Le groupe ne peut accomplir l’impossible. Il a plus de trente-cinq ans de carrière à son actif, officie dans un style musical où tout a été dit depuis un moment et doit faire face à sa propre légende sachant qu’il sera difficile d’émerveiller ou surprendre l’auditeur exigeant. Tout ce qu’il peut faire est donc de proposer une bonne synthèse de son œuvre et, ma foi, il s’en sort plutôt pas mal. Chacun aura tout de même le loisir de pinailler un peu. Certains diront qu’il n’y pas assez de Hansen (une seule compo et son intro, c’est peu), d’autres objecteront que tout cela est assez peu surprenant ou manque de magie... Peut-être mais la proposition tient quand même sacrément bien la route. 

Ni génial (certainement pas parfait de mon point de vue), ni médiocre, Helloween est un album solide et divertissant. Le groupe pouvait-il faire bien mieux ? J’en doute. L’ensemble est fougueux, dynamique et tout a été fait pour éviter l’ennui. Le niveau d’expertise en tricotage du trio de guitaristes est réjouissant, les vocalistes se complémentent à merveille et le tout sonne vraiment comme du Helloween. L’album le plus réjouissant et consistant depuis The Dark Ride (ou Gambling With The Devil, à la limite) ? Oui. La démonstration que ces messieurs restent parmi les leaders du style qu’ils ont créé ? Aussi. Bref, un bon retour qui fait plaisir. Allez, vivement la tournée maintenant ! 


Tracklist de Helloween :

01. Out For The Glory
02. Fear Of The Fallen
03. Best Time
04. Mass Pollution
05. Angels
06. Rise Without Chains
07. Indestructible
08. Robot King
09. Cyanide
10. Down In The Dumps
11. Orbit
12. Skyfall

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