Depuis 2022, date de parution du premier EP de Wings Of Steel, pas une année ne passe sans que ces
Américains ne proposent une nouvelle sortie. En 2023, il y a eu le premier album, Gates Of Twilight et en 2024, le Live In France. Nous voilà en octobre 2025 et la
tradition est respectée car voici Winds Of Time, deuxième opus de ce groupe
fondé par Leo Unnermark (chant) et Parker Halub (guitare),
totalement indépendant jusque-là... mais un changement est à noter cette fois-ci
car le label High Roller Records s’en vient distribuer son répertoire en Europe.
Musicalement, ça donne toujours dans le heavy metal classique dont l’inspiration remonte
fortement aux années 80 mais, là aussi, quelques petits changements sont à
signaler. On en reparle dans un instant. Niveau lineup, on retrouve Unnermark et
Halub qui se chargent de presque de tout... mais pas de la batterie tenue par le
français Damien Rainaud (qui, en plus, s’est occupé de mixer et
masteriser ce Winds Of Time... comme cela avait été le cas pour les sorties
précédentes). Certes, on voit plus de monde dans les vidéos mais ça,
c’est la formation prévue pour le live.
Entrons dans le vif du sujet et examinons ce cru 2025 ! Un seul coup
d’œil au visuel (que je préfère, par souci de bienveillance, ne pas commenter)
suffit à comprendre que Wings Of Steel n’a pas changé son fusil
d’épaule : le programme sera constitué de metal traditionnel, épique et
mélodique. Cependant, quelques petites évolutions sont au menu. Par exemple, plutôt
que de commencer (comme précédemment) avec un morceau mid-tempo aux influences Queensrÿche / Crimson Glory, le groupe opte, avec la chanson titre, pour une
longue pièce épique de dix bonnes minutes avec un visage heavy power plus prononcé
que par le passé. Le riff est acéré, la double grosse caisse est de sortie,
c’est implacable ! Le refrain sera plus posé, Halub fera hurler sa guitare
de bien belle façon sur des solos virtuoses et une nouvelle influence (celle du Helloween des 80s) s’invitera sur un long break en milieu de
parcours. Ca démarre très bien (même si j’ai un petit bémol à
signaler... j’en parle plus bas). Le group enfonce ensuite le clou avec Saints And
Sinners, un autre titre rapide mais bien plus concis (il dure moins de trois minutes).
C’est direct, le riff est top, Unnermark est redoutable dans les aigus... la
compo fait penser à du bon vieux Judas Priest et son imparable efficacité fait qu’elle
s’est vite imposée comme l’une de mes préférées.
Sur cet album, on note que Wings Of Steel explore moins
sa facette bluesy. Elle a presque disparu de l’équation mais on en retrouve tout de
même une touche sur la très mélodique Crying qui calme (temporairement) les
ardeurs des Américains en proposant une allure bien plus posée... avant que Burning
Sands ne déboule en ressortant une rythmique particulièrement heavy, assez proche
dans l’esprit de celle de Winds Of Time (avec là aussi, un contraste entre couplet
rapide et refrain plus lent). Quelle que soit la compo, rapide ou lente, heavy ou power, il y a
plusieurs constantes : une impeccable mise en son (c’est beau, ça claque), une
sincérité indéniable (l’interprétation est habitée) et des
musiciens irréprochables... La guitare de Parker Halub, surtout, brille de mille
feux et ses solos sont superbes (avec un bel équilibre mélodie / technique). Après
Burning Sands, on imagine bien le propos se calmer... mais pas du tout car To Die
In Holy War offre à l’auditeur du metal galopant épique, bien
entraînant, heavy en diable et toujours ponctué de performances vocales et guitaristiques
impressionnantes.
Alors que depuis une petite demi-heure, Wings Of Steel
privilégie les tempos rapides (Crying mise à part), les choses changent à
partir de la sixième piste : Lights Go Out. Là, Unnermark et
Halub font parler le Sabbath/Dio qui sommeillait en eux. Et c’est encore une
réussite (joli riff !). Vous attendez une compo plus faible pour faire redescendre
l’enthousiasme ? Ne comptez pas sur We Rise qui vous met sur une fausse piste avec un
démarrage pouvant évoquer une vieille ballade du Judas Priest des
années 70 avant de se muter en bon mid-tempo heavy et conquérant avec un couplet
très Dioesque. L’album se conclut avec un morceau très
différent de ce qui a précédé : Flight Of The Eagle, power ballade
aux accents 70s dont l’intro fait la part belle à la guitare (on commence avec un excellent
solo, gorgé de feeling). Une certaine mélancolie se dégage et se développe
pendant six minutes... mais la compo en affiche huit au compteur et la conclusion sera à nouveau
enlevée avec une belle accélération sur laquelle le groupe lâche les chevaux
une dernière fois, double grosse caisse, vocalises stratosphériques et solo flamboyant
à l’appui.
Petit avis personnel : certes, Wings Of Steel,
c’est fort. Cet album, qui pioche habilement dans ce que les 80s avaient de meilleur mais servi
par une production loin d’être désuète, le prouve aisément. Le style me
parle, on est vraiment face à un guitariste et à un chanteur très talentueux... Je
trouve cependant qu’il leur manque encore un petit quelque chose pour me faire crier au
génie. De quoi s’agit-il ? Eh bien, j’ai le sentiment que, parfois, les lignes de
chant pourraient avoir plus d’impact. Rien à redire sur les capacités
d’Unnermark, le vocaliste est impressionnant d’aisance et de
maîtrise... mais de temps en temps, sur certains couplets, j’entends une voix puissante, une
tessiture remarquable mais pas nécessairement une super mélodie qui va me marquer. Des
comparaisons ont déjà été faites avec Queensrÿche,
Crimson Glory ou Helloween et elles ne sont pas usurpées. Mais
ces groupes, sur leurs albums classiques, n’avaient pas juste un excellent chanteur, ils avaient
aussi des mélodies qui tuaient. Il arrive que ce soit le cas sur Winds Of Time... mais
pas tout le temps. C’est mon ressenti, libre à vous de (ne pas) le partager. Je referme
cette parenthèse et me concentre sur le principal : les débuts étaient prometteurs,
Winds Of Time ne déçoit pas et confirme tout le bien que je pensais de
Wings Of Steel. Il devrait aider le groupe à occuper une belle place
(méritée) sur la scène heavy metal, tout comme la tournée américaine
en première partie de Sabaton prévue pour 2026. On espère
également que ces messieurs reviendront nous voir très vite.
Tracklist de Winds Of Time :
01. Winds Of Time 02. Saints And Sinners 03.
Crying 04. Burning Sands 05. To Die In Holy War 06. Lights
Go Out 07. We Rise 08. Flight Of The Eagle