La séance de rattrapage du jour est consacrée à
Wings Of Steel, jeune combo de heavy metal en provenance de Los Angeles dont le
Gates Of Tomorrow qui nous intéresse aujourd’hui est sorti en mai dernier (de
façon totalement indépendante). On me souffle à l’oreillette qu’un
premier EP cinq titres avait vu le jour courant 2022. Une connaissance faisant autorité dans le
domaine du metal a attiré mon attention dans le courant de l’été sur ce
groupe en utilisant quelques arguments convaincants (sur le point de vous être
dévoilés, soyez patients), je ne me suis donc pas fait prier. A première vue,
l’objet de cette chronique ne partait pas gagnant. Le nom Wings Of Steel ne me
rendait pas impatient. La pochette kitsch mettant en scène deux pégases a fait grandir ma
méfiance. Si ces éléments vous parlent, parfait. S’ils vous font un peu peur,
rassurez-vous, le contenu n’est clairement pas inintéressant... A condition
d’être friand de heavy/hard rock des 80s, bien entendu.
Un peu de contexte vite fait avant d’entrer dans le vif du sujet :
Wings Of Steel, c’est le bébé californien issu de l’union du
chanteur Leo Unnermark (suédois) et du guitariste Parker Halub.
Fans du hard rock/heavy metal des années 70 et 80, ils décident de laisser parler leur
amour pour cette musique et comme les deux amis ne manquent pas de talent, ils font ça
très bien. Un batteur, répondant au doux nom de Max Mayhem, va les
rejoindre. Pour les concerts à venir, il y aura aussi un bassiste (c’est
Halub qui a enregistré la basse en studio) et un second guitariste. Mais on
n’en est pas encore là. Penchons-nous donc sur les dix compos de ce Gates Of
Twilight.
Dès les premières mesures du Liar In Love
d’ouverture, un sourire se dessine sur mon visage. Ce son, cette guitare, cette voix... On se
croirait revenu au beau milieu des années 80 ! Et en bonne compagnie s’il vous plait. Ce
mid-tempo procure immédiatement le genre de sensations ressenties à la découverte
de formations (américaines elles aussi) telles que Queensrÿche ou Crimson Glory (voire Fates Warning... mais moins
que les deux autres quand même) et ce qu’elles produisaient à l’époque
sus-citée (vous l’avez compris, voilà les arguments/noms qui m’avaient
été donnés pour m’appâter). Le heavy dispensé ici est classieux
et possède des mélodies ciselées mises en valeur par les capacités vocales
d’Unnermark (belle amplitude, théâtralité assumée,
grande aisance dans les aigus... si vous êtes allergiques à des chanteurs comme
Geoff Tate ou Midnight, la pilule risque d’avoir du mal à
passer), les riffs et solos impeccables de Halub et une production aux petits oignons
(avec un mix que l’on doit au Français Damien Rainaud) qui allie une
certaine modernité tout en nous renvoyant vers les années 86-88. Beau démarrage !
L’essai est transformé avec la piste suivante, Fall In Line. Plus percutante et
enlevée avec une section rythmique tenant davantage de la cavalcade Maidenienne... l’hommage à l’âge
d’or du Heavy se poursuit avec panache. Avec Garden Of Eden, une cassure
s’opère au niveau du tempo, quelque chose de nettement plus pesant et bluesy
s’amorce. Son ambiance me fait penser à du Dio (période Lock Up The Wolves, au morceau Evil On Queen Street pour
être plus précis) croisé avec du Whitesnake. Un peu evil et sexy à la fois... Et
Unnermark monte moins systématiquement, ce qui nous permet
d’apprécier une autre facette de son chant. Même remarque pour Lady Of The
Lost que l’on retrouve plus tard (l’intro me rappelle carrément celle de la
chanson Lock Up The Wolves cette fois).
Et ce n’est pas tout. Wings Of Steel a
d’autres cordes (ou influences) à son arc. Le couplet de She Cries, power ballade
à la partie centrale speedée, a quelque chose du Beyond The Realms Of Death de
Judas Priest. D’ailleurs, sur le couplet de
Slave Of Sorrows, le chant évoque celui d’un jeune Rob Halford
(celui officiant sur certaines plages plus calmes des 70s). Bien sûr, il reste un peu de
heavy/power à se mettre sous la dent avec des compos comme Cry Of The Damned ou la
chanson titre (qui possède un final épique valant le détour) mais il est vrai que
le milieu d’album est marqué par des tempos plus posés, des influences plus bluesy
et des titres qui relèvent de la vraie (ou de la fausse) ballade. Personnellement, j’aurais
aimé plus de morceaux dans la lignée de Liar In Love ou Fall In Line qui
ouvraient si bien ce disque... mais c’est une question de goût ou d’envie et ne veut
pas dire que ce qui est proposé n’est pas de qualité (même s’il
m’arrive parfois de trouver le propos légèrement poussif... comme sur la ballade
Slave Of Sorrows, par exemple).
N’étant pas non plus hyper réceptif au hard blues de
Leather And Lace (qui se trouve juste avant Slave Of Sorrows), j’ai eu peur que
l’enthousiasme provoqué par la première moitié de l’album ne revienne
plus... Mais c’était sans compter sur la chanson titre déjà mentionnée
et une dernière surprise nommée Into The Sun. Que dire de ce morceau de
clôture ? L’ambiance de départ rappelle, avec ses cloches et sa guitare en son clair,
celle d’un Hallowed Be Thy Name en plus "western", puis Halub
décoche des leads de guitare somptueux, avec un beau souffle épique... mais quand le
couplet arrive, le groupe nous sert une rythmique reggae (!). Il fallait oser. Le plus étonnant,
c’est que, bien que ça ne devrait pas marcher, ça le fait. Tout cela évolue
jusqu’à un final dantesque incluant un solo passionné, une
accélération de tempo, des chœurs... La conclusion est magistrale.
Wings Of Steel, c’est la découverte
d’un guitariste impressionnant et d’un chanteur aux capacités indéniables.
C’est aussi une belle lettre d’amour à une musique qui ne cesse de me passionner
depuis que j’en ai fait la connaissance. Je vois bien deux trois bémols qui me font
légèrement relativiser et m’empêche de crier au chef-d’œuvre mais
en toute objectivité, il y a là un potentiel (parfois excellemment exploité) et un
talent qui laissent présager un avenir radieux pour ces Américains. Ce Gates Of
Twilight est une jolie carte de visite qui devrait leur ouvrir bien des portes (gates, portes...
vous l’avez ?). A suivre... de très près !
Tracklist de Gates Of Twilight :
01. Liar In Love 02. Fall In Line 03. Garden Of Eden 04.
Cry Of The Damned 05. She Cries 06. Lady Of The Lost 07.
Leather And Lace 08. Slave Of Sorrows 09. Gates Of
Twilight 10. Into The Sun