Spineshank, c’est l’archétype du groupe de suiveurs bénéficiant d’un effet mode et de labels sentant le profit facile. Pourquoi vous en parler alors ? Pour tout dire, plus pour ce que ce groupe et son parcours peuvent représenter que ses réels qualités (même s’il y en a !). Je tente de développer mon point initial. Originaires de Californie, les membres de Spineshank ont tout simplement bénéficié de la déferlante néo et se sont mis sur le porte-bagage de formations alors en plein boom. Le bienfaiteur de ces jeunes gens : un certain Dino Cazares, à l’époque à mi-chemin entre musicien à succès avec Fear Factory, responsable produit chez Roadrunner et manager de groupes. Formé en 1996, alors que les premiers Korn, Deftones faisaient sensation, Spineshank a été pris en charge par le guitariste de Fear Factory,ce qui vaudra d’ailleurs quelques critiques envers le groupe qui en fut peiné, regrettant d’être taxé de « pistonné ». N’empêche, en signant chez Roadrunner, en se voyant proposer de jouer en première partie prestigieuse de groupes alors en pleine bourre : Coal Chamber, Soulfly,Sepulturaou autre Fear Factory (tant qu’à faire), Spineshank démarrait avec toutes les chances de son côté. Difficile alors de savoir si le succès du groupe était dû à un plan comm’ abouti, un contexte archi-porteur ou de réelles qualités artistiques. Déjà, le groupe la jouait moins looké que des Coal Chamberce qui était à signaler à leur avantage ! Pour aller au bout de leur parcours, Spineshank se sépara en 2004 avec le départ de Jonny Santos, chanteur – guitariste de la formation, tenta un come-back en 2008 (avec le retour dudit chanteur) mais est porté disparu depuis. Spineshank c’est donc pour moi le groupe qui a surfé sur une vague commerciale puissante et a disparu avec le déclin du style musical. Il ne s’agit pas de le leur reprocher, des formations comme eux, il y en a eu, il y en a et il y en aura d’autres, le business étant ainsi fait. Et c’est ce point que je souhaitais principalement souligner ici.
Il n’empêche que réécouter ce The Height Of Callousness, considéré comme le point culminant de leur carrière, n’est pas désagréable. Certes, le disque est daté, bien dans son époque entre néo-métal et indus. C’est que les années 90, c’est aussi Nine Inch Nails, Prodigy, les premiers Rammstein ! Alors, comme j’y suis allé un peu direct les présentant comme marketés, il n’est de ce fait pas illogique de retrouver une musique qui surfait sur les modes et tendances de leur époque. C’est même finalement assez cohérent. Ce scepticisme ne doit pas masquer de bonnes chansons et il y en a ici. Synthetic, New Disease sont de bons morceaux, pas inoubliables mais efficaces, il faut le leur rendre. New Disease me fait même beaucoup penser au futurStone Sour, ce que je trouve amusant. Jonny Santos n’est pas Corey Taylor mais il y a un truc, un côté alternatif typiquement US. Car oui, pour couronner le tout, Spineshank sonne 100% US. Bref, pas idéal pour nous Européens où d’ailleurs, le néo-metal ayant moins percé qu’outre-Atlantique. Car si Kornavait fait numéro 1 aux States avec Follow The Leader, ce fut loin d’être le cas chez nous. Et ce n’est pas selon moi que de la faute de ces comédies musicales qui nous gavaient alors !
Bien que symptomatique de purs logiques business, Spineshank a tout de même réussi à se faire alors une belle place dans une scène néo triomphante. Il est naturel que le groupe n’y ait pas survécu faute d’adaptation. Il doit cependant rester quelques nostalgiques de cette époque et c’est bien légitime. Je trouve toujours intéressant aussi de repositionner cette scène si décriée tant on voit qu’en influençant ensuite le Metalcore, elle a sa place dans l’histoire musicale de nos musiques énervées.
Tracklist de The Height Of Callousness :
01. Asthmatic 02. The Height Of Callousness 03. Synthetic 04. New Disease 05. (Can’t Be) Fixed 06. Cyanide 2600 07. Play God 08. Malnutrition 09. Seamless 10. Negative Space 11. Transparent 12. Perfect Ending 13. Full Circle