Après deux premiers disques révolutionnaires sur le plan artistique, Korn devait transformer l’essai sur le plan commercial. Follow The Leader va endosser ce rôle et se paiera une belle place de numéro un des ventes sur le sol US. En Europe, ce sera moins marqué, le groupe ne s’imposera pas, ne remplissant jamais Bercy par exemple. Les Californiens n’ont jamais eu plaisir à tourner en Europe ce qui n’a pas dû les aider. Malgré mes éternelles réserves sur Korn, ce Follow The Leader mérite un détour. Déjà parce qu’il a marqué son époque quand bien même la scène néo metal n’a pas que des partisans. Aussi parce que c’est probablement le disque de Korn le plus accessible donc le plus à même de plaire à un plus grand public. C’est que les deux premiers albums étaient tout de même très sombres tant musicalement que dans les thématiques (ma principale réserve concernant Korn d’ailleurs, ce côté glauque étouffant !). Sur Follow The Leader, c’est plus aéré, plus lumineux, on respire enfin (Got The Life, très bon exemple selon moi). Korn parvient ici à sortir de son schéma initial (Ross Robinson a été cantonné au chant de Jonathan Davis) et c’est à mon sens plus agréable. Korn reste fidèle à ses fondamentaux : basse qui slappe, un Jonathan Davis égal à lui-même (Freak On A Leash), guitares distordues. Tout n’est pas réussi loin de là, ce délire avec Fred Durst sur All In The Family qui frise le n’importe quoi, quelques titres dispensables sur la deuxième moitié. En invitant Ice Cube, l’influence hip-hop est toujours plus assumée. Courageux mais qui en laissera certains à quai. La pochette renvoie toujours aux thématiques de l’enfance et le groupe envoie au passage un message aux suiveurs de la scène néo metal en rappelant que les leaders, c’étaient eux. Un peu vachard mais pas faux tant on a oublié le déferlement de groupes Korn-compatibles à l’époque (sûrement appuyée par des maisons de disques intéressées). Mais plus plaisant que ces pochettes inquiétantes précédentes. Et on passera sur la fausse bonne idée de commencer l’album à la piste treize après douze pistes de silence.
Le groupe va après ce Follow The Leader connaître quelques tourments. Head va partir (un peu plus tard) en crise existentielle et, artistiquement, Korn partira ensuite sur d’autres approches avant de revenir à ses fondamentaux avec le retour de Head. Pour moi, il aura manqué de bonnes prestations live à Korn pour vraiment devenir un géant (si j’étais piquant, je dirais que c’est ce qui a manqué à toute la scène Néo qui n’aura finalement pas réussi à "sonner" live, ce que le Hard Rock a su faire mieux que personne). Mais le Korn des années 90 reste fondamental pour comprendre l’émergence future de la scène Metalcore. Et il y a de bonnes choses sur le Korn de cette période. Tracklist de Follow The Leader :
01. It’s On 02. Freak on A Leash 03. Got The Life 04. Dead Bodies Everywhere 05. Children Of The Korn 06. BBK 07. Pretty 08. All In The Family 09. Reclaim My Place 10. Justin 11. Seed 12. Camethesis 13. My Gift To You
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