Groupe fondamental des années 90, Rage Against The Machine a laissé une trace indélébile de par sa formule musicale unique entre le chant rappé de Zach de la Rocha, le jeu de guitare très original de Tom Morello immédiatement propulsé par les Maîtres du genre ainsi qu’une section rythmique aussi groovy qu’inspirée. Le style du groupe, parfait croisement entre une musique rap alors toute jeune, des influences funk ainsi que des guitares abrasives, allait instantanément marquer son époque par la grâce d’un premier album incendiaire par le contenu proposé et parfaitement mis en image avec un artwork marquant. Il est inévitable de citer l’exceptionnel single Killing In The Name, hymne total de toute une génération et encore aujourd’hui un des plus grands morceaux de l’histoire du rock ! Résumer ce premier disque à ce seul titre, aussi magistral soit-il, serait réducteur tant les missiles envoyés se succédaient à un rythme d’enfer. Dire que par ce premier album, RATM annonçait la scène néo-metal à venir, il n’y a qu’un pas, aisément franchi, sans doute un peu vite. Reste que ce disque a marqué, c’est indéniable.
L’album suivant était donc très attendu, y compris probablement par une maison de disques à l’affût, et les Californiens allaient confirmer l’essai même si, évacuons d’entrée ce point, ce Evil Empire n’égale pas son prestigieux prédécesseur. L’effet de surprise passé, l’attente à son comble, RATM délivrait ici un album convenu, dans une parfaite continuité. Déjà l’artwork. Après le moine bouddhiste s’immolant pour marquer sa contestation contre l’occupation chinoise du Tibet, place à une pochette bien provocatrice renvoyant l’Amérique à ses démons. En détournant une affiche typique de l’Amérique des 60’s et en sous-titrant Evil Empire, RATM allait à contre-courant de l’époque. L’URSS venait de s’effondrer, l’Occident pensait alors avoir gagné (avec le recul…!!) et en utilisant contre l’Amérique cette fameuse formule de Ronald Reagan (quand l’ancien acteur visait le bloc soviétique), RATM faisait de nouveau preuve de cet esprit contestataire et rebelle qui les a toujours animés. Les paroles sont d’ailleurs toujours aussi revendicatrices, Zach de la Rocha appuie là où ça fait mal sur les démons de l’Amérique. J’aborde le sujet des paroles mais il est fondamental chez RATM. La musique reste au top niveau avec encore de sacrés riffs du père Morello. Les deux singles en ouverture sont en ce sens deux belles pépites, parmi les meilleurs du groupe. People Of The Sun met encore bien en valeur la voix si caractéristique et Bulls On Parade écrase tout sur son passage. La section rythmique est elle aussi mise en valeur.
Pour ne pas tomber dans le fan service, je trouve que le son n’a pas super bien vieilli, la production sonne datée et cela manque même sincèrement de puissance. Le premier album avait fait mieux selon moi et le suivant sera plus réussi sur ce plan. Aussi, le reste du disque est moins impressionnant que ces deux premiers titres et là encore, le premier disque offrait plus de grands moments. Le constat est un peu sévère de ma part car on tient là un grand disque des années 90 et cela avait confirmé la position de RATM parmi les grands des années 90. La formule du groupe n’ayant cependant pas évolué d’un iota, RATM enchaînait mais ne surprenait plus. Déjà, la production du disque avait dû être momentanément stoppée pour cause de divergences entre les musiciens. RATM traçait sa route mais les germes de la future discorde étaient déjà là.
Tracklist de Evil Empire :
01. People Of The Sun 02. Bulls On Parade 03. Vietnow 04. Revolver 05. Snakecharmer 06. Tire Me 07. Down Rodeo 08. Without A Face 09. Wind Below 10. Roll Right 11. Year Of Tha Boomerang