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Rage Against The Machine
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C H R O N I Q U ENeuf novembre 1992. Une secousse sismique, qui fort heureusement n'entamme pas la faille de San Andreas, se fait ressentir à Los Angeles. Une déflagration sonore qui, dans un univers musical un peu moribond en besoin de sang neuf, va se poser ni plus ni moins en charnière sonore d'une décennie, et plus encore. Car si au petit matin du dix novembre le monde musical n'a pas encore changé, l'onde de choc va se propager rapidement. Tellement vite que son coté avant-gardiste va laisser en statue de sel ses auditeurs un bon moment avant que ces derniers ne réagissent, hystériques, suivis par le monde, qui va sombrer dans la révolution sonique. RATM, comme on l'appelle, a fait cela, oui. Il a réussi l'exploit, en un seul disque (et le premier, encore !), de renverser l'establishment musical, les groupes peroxydés, le metal vieillissant, les retardataires soixanthuitards, les guitar heroes, les chevelus de bon ton, les trashers, les poseurs, les faux rebelles... bref, tout le monde. Il a tout balayé sur son passage. Pourvu d'un patronyme qui déjà est un message intégral en soi-même, le groupe a redéfini le paysage sonore en dix titres intemporels, dix bombes nucléaires qui ont fait très, très long feu. Ce disque a sa place au panthéon non seulement du hard rock, mais de la musique toute entière. Essentiel, direct, sans concession, alignant ses dix missiles dont la portée n'est pas encore calculée, Rage Against The Machine irradie d'une énergie explosive hors-normes et dégage une puissance dépassant n'importe quel groupe dont la musique est brutale en apparence. Car ici point de death metal, hurlements (enfin, si, un peu), blast-beats ou tempêtes de guitares pour etayer le propos. Non, RATM explose par sa rage de transmettre un message de liberté, de rebellion contre l'injustice, l'ordre établi, l'empire Bush, le bon ton, le moutonnage décérébré : c'en est l'essence même, comme si Le Che lui-même avait écrit les textes. Servi par une rythmique en acier trempé outrageusement funky et métal (Tim C à la basse et Brad Wilk à la batterie), mis en musique par le sorcier es-six cordes Tom Morello (élu depuis plusieurs fois meilleur guitariste de la planète) et ses techniques hallucinantes qui réinventent l'utilisation d'une guitare (voir les videos qui circulent) sans oublier riffs de génie et mélodies immédiates et hypnotiques, mené par la rage faite homme du bondissant et profondément activiste Zach de la Rocha et ses textes scandés sur un flow téllurique, ce disque devenu légendaire redéfinit le rock en se posant comme fondateur d'un nouveau style ayant depuis fait moults émules. Le groupe brûle d'une seule flamme, sincère et flamboyante, au travers de son rap-métal fusion en forme d'upercut. L'enchainement ingénieux des dix météorites nous frappe de plein fouet et le simple fait d'écrire ces lignes me déclenche une vague de frisson. Dire que ce disque donne la pêche est un doux euphémisme... il ne donne pas non plus envie de taper du pied, mais de sauter partout. Ce disque donne la rage de vaincre ! Un fastidieux track by track serait inutile, puisque tout, absolument tout sur cette galette est monstrueux, sans temps mort, sans remplissage. Depuis, une bonne moitié du disque est sorti en singles, et l'autre partie a été reprise dans de nombreux films. On les connait donc bien. La pochette, devenue elle aussi culte, représente le moine Tich Quang Duc s'immolant par le feu en signe de protestation contre l'ordre établi. Tout un symbole. Voilà un vrai disque culte, qui vingt ans après sonne encore comme s'il venait d'être enregistré. Il traversera les âges, les modes, faisant fi du reste, comme mû par une énergie légendaire qui l'a gravé dans la mémoire collective. Le feu sacré, ni plus ni moins. Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum ! |
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