Après deux albums énormes qui ont marqué les esprits aux Etats-Unis (surtout le premier - pour rappel, Metal Health fut le premier album de Metal à se hisser à la première place du Billboard américain -) et qui ont fait de Quiet Riot un groupe important (au moins là-bas), les Américains sortent en 1986 ce QR III... et se cassent définitivement la gueule.
QR III, comme son nom ne l'indique pas, est le cinquième album du groupe. Alors pourquoi cet intitulé me demanderez-vous ? Vous avez raison de demander. Les deux premiers albums du groupe, baptisés QR I et QR II, sont passés totalement inaperçus aux USA (ils étaient uniquement disponibles au Japon). Les deux suivants, qui ont connu le succès évoqué plus haut et qui ont véritablement lancé le groupe, portaient tous les deux un vrai titre, Metal Health pour le premier et Condition Critical pour le second. Ce QR III est donc la suite logique des QR I et QR II au niveau du titre mais c'est aussi finalement le troisième véritable album du groupe qui sort mondialement. Vous suivez ? En revanche, ils auraient dû se méfier en le nommant ainsi, vu le bide des deux premiers albums. Ca aurait dû leur mettre la puce à l'oreille…
L’échec très relatif de Condition Critical, sorti en 1984 (relatif car ils en ont vendu quand même trois millions mais au regard des six millions de copies de Metal Health écoulés, ça leur a paru être un échec) a énervé le chanteur Kevin DuBrow, grande gueule devant l'éternel, qui s'est un peu fâché avec tous les autres groupes de Los Angeles, les accusant d'avoir bien profité du succès de son groupe pour sortir du bois... Ceci n'est pas tout à fait faux monsieur DuBrow, mais est-ce qu’il était nécessaire de rendre les autres responsables de la baisse des ventes de votre album par rapport au précédent et est-ce que ça valait le coup d'agresser un peu tout le monde pour ça ? Bref, ambiance de merde autour du groupe, ambiance de merde dans le groupe, si bien que Rudy Sarzo, le bassiste, quitte Quiet Riot au début de l'année 1985 (on le retrouvera chez Whitesnake, pour assurer la tournée du multi-platine 1987). DuBrow, Frankie Banali (batterie) et Carlos Cavazo (guitare) recrutent alors Chuck Wright, du groupe Giuffria. C'est cette formation qui entre en studio et enregistre ce QR III qui sort en juillet 1986. Et c'est la déception ! L’énorme déception. A l’exception d’un titre, on en reparle plus bas, cet album est pauvre et il est très loin de rivaliser avec les deux précédents opus et surtout avec la concurrence, de plus en plus rude à l’époque, dans un style qui a encore quelques belles années devant lui.
L'album démarre sur un plan de synthé (bien daté aujourd'hui), une nouveauté pour Quiet Riot. Mais nouveauté ne rime pas forcément avec bonne idée. On sent bien la volonté de moderniser la musique du groupe, mais cela se révèle être une faute de goût. Car ce synthé va se montrer omniprésent tout au long de l'album, avec des sonorités plus proches de la pop que du Metal, même FM. Ce premier titre, Main Attraction, n'est franchement pas exceptionnel mais, quand on a écouté tout l'album, on se rend compte que c'était finalement l'un des meilleurs du disque. Car sur le reste, il n’y a pas grand chose à sauver. Twilight Hotel et Still Of The Night sont deux ballades poussives, Down And Dirty et Slave To Love sonnent trop pop, The Pump, avec encore ce synthé horripilant, a un refrain complètement raté. Quant à celui de Rise Or Fall, on se rend vite compte que les mots "Rise Or Fall" du refrain sont scandés exactement comme le "Bang Your Head" du titre Metal Health. Ca sent le réchauffé à plein nez. Helping Hands et Put Up Or Shut Up ne s’en sortent pas trop mal au regard du reste mais c'est quand même largement en dessous de ce que le groupe a sorti précédemment. Et finalement, devant la platitude de l’ensemble, on en arrive à retenir le petit instrumental d'une minute à la basse (Bass Case)... C'est dire. C’est quand même un peu le désastre pour le groupe qui a écrit Metal Health et Condition Critical, des albums inspirés qui ont cartonné. Il y a quand même (et heureusement) un titre énorme, qui ne sauvera pas l’album mais qui est à retenir. Ce morceau, c'est The Wild And The Young. Celui-là rappelle le Quiet Riot des deux albums précédents, malgré ses sonorités modernes lui aussi, avec gros refrain fait pour être entonné dans les stades (il ne le sera jamais) et mélodie mémorisable en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. C'est clair qu'il y aurait eu deux ou trois autres titres de cette teneur sur ce QR III, cet album n'aurait peut-être pas été le fossoyeur du groupe.
Car devant l'échec commercial de l'album (là, c'en est un), devant sa piètre qualité (c’est surtout là qu’est le problème), devant les sautes d'humeur de Kevin DuBrow, le groupe va finalement décider de se séparer de son chanteur. Banali et Cavazo vont rappeler Sarzo et vont engager Paul Shortino au chant. Mais la suite ne sera qu'une longue descente dans les oubliettes, les albums suivants intéressant de moins en moins de monde et se vendant de moins en moins. Voilà comment un groupe qui a connu les sommets et grâce auquel le Metal est devenu, aux Etats-Unis, un genre musical qui pouvait se vendre par cagettes, est retombé dans l'anonymat.
Tracklist de QR III :
01. Main Attraction 02. The Wild And The Young 03. Twilight Hotel 04. Down And Dirty 05. Rise Or Fall 06. Put Up Or Shut Up 07. Still Of The Night 08. Bass Case 09. The Pump 10. Slave To Love 11. Helping Hands
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