1987. Whitesnake lance une grosse bombe sur le marché du disque. Whitesnake est de retour et ne fait pas semblant.
Le groupe a été fondé par David Coverdale, tout fraîchement débarqué de Deep Purple, en 1977. Whitesnake a oeuvré sur ses premiers albums dans un registre Hard Blues avant de prendre un virage plus heavy avec l'album Slide It In (1984). Coverdale recrute cette même année le guitariste John Sykes (ex-Thin Lizzy, celui-là même qui avait boosté le son du groupe sur son dernier album studio) qui va encore durcir les riffs du groupe.
A cette époque où le Hard Rock connaît un succès important aux States, David Coverdale a décidé qu'il pouvait lui aussi croquer une part du gâteau que se partageaient les Bon Jovi, Twisted Sister, Mötley Crüe ou Def Leppard. Il a donc concocté avec son équipe, qui se compose à l’époque de John Sykes, Aynsley Dunbar (batterie) et Neil Murray (basse), un album gavé de hits en puissance.

Avec cet album sans véritable nom (mais qui, bizarrement, s’appelle Serpens Albus au Japon et fut renommé 1987 en Europe), le son est devenu encore plus Heavy Metal que sur l’opus précédent. C’est un coup un peu rude pour les anciens fans du groupe. On ne retrouve plus trop de trace de blues dans les nouvelles compos. Le second coup rude va venir des vidéos tournées pour les tubes de cet album, vraiment très clichesques (et qui ont très très mal vieillis !). On y voit un Coverdale tout permanenté (seuls les gars d’Europe pouvaient rivaliser à l’époque) dans des poses à pleurer (de rire) accompagné de sa femme, l’actrice Tawny Kitaen, qu’il colle dans toutes ses vidéos à l’époque. Vidéos qui ont tout de même contribué au succès du groupe.
Ce nouvel album de Whitesnake remet au goût du jour deux anciens morceaux, Here I Go Again et Crying In The Rain (de l'album Saint and Sinners, 1982), comme pour montrer qu'une page a été tournée. Car ces deux morceaux sont dopés par la guitare de Sykes et sonnent bien plus metal que leurs versions originales, qui étaient plus blues (plus groovy aussi), avec plus de synthés et quelques "Ouh Ouh Ouh" sur les chœurs. Ici, point de fioritures. D'ailleurs cette nouvelle lecture du titre Here I Go Again va faire un véritable carton (première du billboard 100 aux USA, la version originale n'y a jamais été classée).
Puisqu'on en est aux hits de cet album, évoquons tout de suite la ballade pleurnicharde Is This Love (que je zappe quasiment à chaque fois que j'écoute l'album mais qui a fait un malheur aussi puisque seconde du même classement). Ses synthés dégoulinants (tenus par Don Airey sur tout l’album) m’ont toujours horripilés. Comme quoi, les morceaux qui marchent le mieux ne sont pas forcément ceux que l’on préfère.
Dans un autre style, c'est Still Of The Night qui introduit l'album (sur le CD, pas sur le vinyle) qui va devenir le morceau le plus populaire du groupe. Avec des faux airs Led Zeppeliniens, ce morceau est, il faut le reconnaître, très efficace. Gros riffs, rythmique pachydermique mais aussi partie centrale plus calme avec ce qu’il faut de synthés pour arrondir les angles (mais sans noyer le titre) et final apocalyptique. Un must !
L’album comprend aussi d’autres tueries, moins connues que ce premier morceau mais qui décrasse tout de même comme le furieux Bad Boys (quel boulot de Sykes – un guitariste très doué et malheureusement peu reconnu), le speedé Straight For The Heart ou le bien rythmé aussi Children Of The Night. Give Me All Your Love, bien que plus calibré radio grâce à son refrain, fait son petit effet aussi. Don’t Turn Away trompe son monde avec son départ très calme mais le morceau se termine de manière plus rythmée (c’est ce morceau qui concluait le vinyle).
Looking For Love, encore une ballade (qui n’était pas sur le vinyle à l’origine) est un peu en-dessous du reste (ou du moins, au même niveau que Is This Love). Comme quoi les ballades, ce n'est pas le point fort du groupe. You’re Breaking My Heart Again (également absente de la version vinyle et qui fut éditée en face B du single Here I Go Again), plus rythmée, est un peu meilleure et plus dans le ton de l’album.

Après la sortie de l’album et malgré le succès colossal (ou plutôt à cause), Coverdale vire tout le monde (Sykes va même être débarqué avant la sortie du disque sur le marché) et engage Vivian Campbell (ex-Dio) et Adrian Vandenberg aux guitares, Rudy Sarzo (ex-Quiet Riot) à la basse et Tommy Aldridge (ex-Ozzy Osbourne) à la batterie. Permanentes toutes fraîches pour tout le monde et accessoires bien glam, le groupe part avec son nouveau line-up de folie à l'assaut des stades.
John Sykes, de son côté, qui fut quand même en partie responsable du succès de cet album car il a grandement pris part au processus de composition, va aller fonder un nouveau groupe, Blue Murder, dont quelques morceaux du premier album ne sont pas sans rappeler les titres les plus heavy de celui-ci.
1987 reste aujourd’hui le plus gros succès du groupe.

 

Tracklist de 1987 :

01. Still Of The Night
02. Bad Boys
03. Give Me All Your Love
04. Looking For Love
05. Crying In The Rain
06. Is This Love
07. Straight For The Heart
08. Don't Turn Away
09. Children Of The Night
10. Here I Go Again
11. You're Gonna Break My Heart Again