Alors là, gros morceau ! En 1984, voilà le genre de groupes qui remplissaient les stades aux States. Si, si ! Bon Jovi n’en était qu’à ses balbutiements, les Mötley Crüe commençaient tout juste à faire parler d’eux. Quiet Riot avait déjà le statut de superstar du Metal aux USA.
Il faut dire que Quiet Riot avait fait fort l'année précédente avec un superbe Metal Health. Profitant de sa popularité, le groupe continue sur sa lancée et balance cette bombe Heavy US. Les recettes sont les mêmes : Gros son, pêche incroyable, refrains immédiats à reprendre (gueuler ?) tous en chœur… Le groupe nous refait même le coup d’une nouvelle reprise de Slade. Il faut dire que la première, Cum on Feel the Noize, avait fait un carton monstrueux, il était tentant de rééditer l’exploit. Celle-ci (Mama Weer All Crazee Now) est tout aussi dévastatrice (et, à mon goût, meilleure) ! Elle ne rencontrera pas le même succès que la première mais pas loin. Ironie du sort, un autre groupe avait choisi également cette reprise, cette même année, pour percer le marché américain. Hélas pour les Irlandais de Mama’s Boys puisque c’est d’eux dont il s’agit, leur version a été complètement atomisée par celle de Quiet Riot. Mais cette reprise ne fait pas tout l’intérêt de l’album, heureusement. Condition Critical est truffé de titres accrocheurs mais musclés : le bien lourd Sign of the Times qui ouvre les hostilités, le speedé Scream and Shout, les mélodiques mais néanmoins bien puissants Party All Night, Bad Boy et Red Alert. Musicalement, on est plus proche de ce que Skid Row proposera quelques années plus tard que des stars naissantes Bon Jovi ou Mötley Crüe. Car si Quiet Riot avait la recette pour proposer des morceaux passables en radio ou sur MTV (vidéo à l’appui), nous étions loin de tomber dans une soupe Hard FM inconsistante. Même l'inévitable ballade de l’album, Winners Take All, est sacrément burnée. En tout cas, si vous aimez les gros refrains fédérateurs où tout le groupe est mis à contribution sur les choeurs, cet album en est truffé. Musicalement, on n'a pas affaire à des rigolos : comme pour l’album précédent, le groupe se compose de Frankie Banali à la batterie, véritable pieuvre, récupéré un temps par Blackie Lawless (W.A.S.P.) ; Rudy Sarzo à la basse (parti juste après cet album rejoindre David Coverdale et son Whitesnake) ; Carlos Cavazo à la gratte (qui remplace tout de même un certain Randy Rhoads et dont les solos déménagent) et enfin Kevin DuBrow au chant, à la voix bien puissante (en plus d'être un frontman énergique). Cet album a certes moins bien marché que son prédécesseur (encore qu'il faut relativiser vu le succès dudit précédent, car trois millions d'albums vendus à sa sortie, ce n'est pas rien). Je le trouve personnellement plus puissant que Metal Health et, surtout, avec aucun titre un peu plus faiblard que les autres.
Le reste de la carrière du groupe n'a pas été à la hauteur de ces deux albums, loin de là, et Quiet Riot ne retrouvera plus jamais ce succès. Chose incroyable, Quiet Riot, le groupe de Metal américain qui a le plus cartonné entre 1983 et 1984, va tomber dans les oubliettes aussi vite qu’il était arrivé au sommet. Cruel monde que celui du showbiz. Il nous reste toutefois ces deux albums qui constituent un fabuleux témoignage de la gloire du groupe.
Tracklist de Condition Critical :
01. Sign Of The Times 02. Mama Weer All Crazee Now 03. Party All Night 04. Stomp Your Hand, Clap Your Feet 05. Winners Take All 06. Condition Critical 07. Scream and Shout 08. Red Alert 09. Bad Boy 10. (We Were) Born To Rock
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