Ils sont "enfin" de retour et j’en suis ravi. Enfin, dis-tu ? Bah ouais, le groupe nous avait
habitués à une sortie tous les deux ans, trois ans grand maximum et là, on a
dû attendre quatre ans ! C’est le plus grand écart entre deux albums du groupe !
Évidemment, on n’a jamais cru une seule seconde que c’était fini, comme si ces
stakhanovistes pouvaient s’arrêter, pfff. Mais tout de même, c’était long
et je n’aime pas attendre ma petite livraison de thrash bien fichu trop longtemps. Surtout que,
souviens-toi, je n’avais pas franchement été convaincu par l’album précédent, que j’avais trouvé un peu
raté, malgré quelques très bons titres (je l’ai réécouté
y’a quelques jours pour être sûr, mon avis n’a pas bougé d’un
poil).
Donc nous y v’là : 2023, Overkill sort Scorched, avec une pochette qui ressemble
à toutes les autres, pour un album qui ressemble, finalement, un peu à tous les autres.
Soit un album très classique, du bon p’tit thrash pied au plancher, avec la basse qui
claque et Blitz qui gueule. Rien que du très habituel. Quoique... Vraiment ?
On pourrait le croire, en écoutant le début de l’album. Ceux qui veulent autre
chose que du Overkill pur jus peuvent aller se coucher - de toute façon, ils ne
lisent pas ces lignes - parce qu’ils ne trouveront pas leur bonheur ici. Pour nous autres les
amateurs, par contre, difficile d’être déçu : Overkill fait
du Overkill, soit tout ce qu’on lui demande. Tiens, prenez ne serait-ce que le
morceau-titre, qui ouvre l’album : une petite intro, un gros riff, la basse de Verni
qui claque, Bobby qui groove sur le couplet avant de hurler sur le refrain, un
break pour faire la bagarre... Six petites minutes qui en paraissent quatre, tout ce qu’on aime !
Et The Surgeon, le premier single ? Pas mieux, pas pire : du bon p’tit thrash pas vilain
- mais très méchant hein, oh, on est des thrasheux, on aime la violence -, très
classique mais ô combien agréable, avec un super refrain. Tiens, pour la peine, je te le
mets.
Je sais : rien de révolutionnaire, mais p*tain que c’est bon !
Goin’ Home, pareil, classique. Alors quoi, rien d’original là-dessus ?
Patience, ami lecteur, patience ! Je n’aurais pas mis 16 si ça avait été le
cas. Avec Twist of the Wick, Overkill cherche des trucs et change un peu de
formule. Mais la bascule se fait avec Wicked Place, un truc au tempo un peu plus lent, bien
groovy comme le groupe sait si bien le faire - rappelons-nous de Come Heavy sur le chouette The Griding Wheel - et on manque de perdre notre
tête à force de de headbanguer ! Super titre, qui fait plaisir et qui me permet de faire
une petite parenthèse...
Parenthèse donc : Bobby Blitz Ellsworth, bon sang,
quel vocaliste ! Si l’on peut ne pas être sensible à sa voix éraillée
assez particulière et assez unique dans le genre du thrash, l’on est plus ou moins
forcés d’admirer le bonhomme. Comment fait-il pour avoir encore toute cette patate, toute
cette rage à son âge ? Pour rappel, le gus se rapproche de ses 64 ans ! Et, encore une
fois, il est absolument impérial sur l’album, puissant, groovy et capable de hurler comme
un taré. Franchement, respect. Fin de la parenthèse, je t’adore,
Bobby.
C’est sur la deuxième moitié que l’album se fait
plus aventureux, toute proportion gardée. Le groupe ne fait pas son Act III, faut pas déconner. Mais Scorched sort un peu du
thrash pleine balle. Un titre sur lequel je sens une légère influence Maidenienne, époque Killers (Won’t Be Comin’ Back), une espèce de
brûlot punk très mosh que Scott Ian n’aurait pas renié tout
bonnement jouissif (Harder They Fall), le final funky qui rappelle presque le 31 Flavors
de Sacred Reich (Bag O’ Bones,
chouette conclusion)... Une deuxième moitié d’album variée et foutrement
réussie ! Deuxième moitié dont, à mon sens, le grand moment est
Fever, titre sur lequel Overkill nous fait un peu de Black Sabbath, notamment avec ses couplets qui évoquent
Planet Caravan. Rien de vraiment inédit dans l’idée, le groupe nous a
déjà offert de bien beaux morceaux très doomy par le passé, mais ça
fait toujours plaisir de les retrouver.
Avec sa première moitié plutôt classique, Scorched
convaincra les fans du groupe et de thrash. Impec. Et, avec sa deuxième moitié, sans
perdre les premiers, Scorched prendra soin de convaincre aussi ceux qui veulent du thrash un
peu plus varié. Difficile de faire la fine bouche : l’album est franchement
réjouissant et bien foutu. De quoi secouer la tête pendant 51 minutes, qui passent à
la vitesse de la lumière. D’aucun pourrait lui reprocher de ne pas réinventer la
roue, mais ça n’est pas du tout ce qu’on demande à un groupe qui tourne depuis
déjà quarante balais. S’il n’atteint pas le niveau d’Ironbound - le meilleur Overkill "récent" -,
Scorched se hisse sans problème un poil au-dessus d’albums vraiment sympas comme
White Devil Armory ou The Electric Age. Impec, c’est tout ce que je demande.
Tracklist de Scorched :
01. Scorched 02. Goin’ Home 03. The Surgeon 04.
Twist Of The Wick 05. Wicked Place 06. Won’t Be Comin’
Back 07. Fever 08. Harder They Fall 09. Know Her
Name 10. Bag O’ Bones