Artiste/Groupe:

Orden Ogan

CD:

The Order Of Fear

Date de sortie:

Juillet 2024

Label:

Reigning Phoenix Music

Style:

Power Metal Mélodique

Chroniqueur:

Blaster of Muppets

Note:

15.5/20

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L’univers du power mélodique européen m’attire de moins en moins depuis des années. Je ne me suis cependant pas totalement détourné de ce genre... grâce à quelques groupes dont Orden Ogan fait indéniablement partie (je ne m’explique toujours pas pourquoi il demeure derrière d’autres formations autrement plus gentillettes ou kitsch mais bon...). Après le détour SF de Final Days (qui succédait aux marécages glauques de Ravenhead et aux plaines de l’ouest américain de Gunmen), Orden Ogan revient, avec le même line-up que sur l’album précédent, à un univers plus fantastique et gothique et un septième album nommé The Order Of Fear (qui n’est autre que la traduction anglaise du nom du groupe). Ce titre et le visuel qui l’accompagne annoncent quelque chose de plus sombre et menaçant. Seeb Levermann (chanteur, guitariste, compositeur, producteur...) le dit lui-même dans le dossier de presse, The Order Of Fear se veut plus direct, metal, percutant, avec des titres plus courts, davantage de guitares au premier plan... OK, allons voir de quoi il en retourne.

Les Allemands démarrent leur affaire de façon inattendue car Kings Of The Underworld attaque bille en tête avec un couplet où l’on entend la voix de Seeb dès la première seconde. Point d’ambiance, de riff introducteur ni quoi que ce soit d’autre, on a l’impression de débarquer alors que la piste a déjà démarré. En plus de cela, le morceau est sacrément rapide. Du speed décoiffant comme le groupe en propose assez rarement pour ouvrir ses disques (Ravenhead, Gunman ou Heart Of The Android, par exemple, tous très bons et enlevés, n’ont pas une cadence aussi effrénée que Kings Of The Underworld). Ajoutez à cela une grosse surenchère niveau chœurs et wo-hoho épiques pour emballer le tout dans un écrin on ne peut plus fédérateur et taillé pour la scène et le tour est joué. Je trouve cette mise en bouche irrésistible. Tout le groupe joue "à fond" de la première à la dernière seconde, le résultat : une tornade qui emporte tout sur son passage en à peine quatre minutes, sans jamais faiblir. Intense. Un de mes nouveaux titres préférés d’Orden Ogan

Ce niveau de qualité est globalement maintenu avec les pistes suivantes : The Order Of FearMoon Fire et Conquest, toutes trois choisies comme singles pour représenter l’album avant sa sortie. C’est un peu moins surprenant (moins véloce aussi), on commence à avoir l’habitude du style Orden Ogan, des mélodies chantées par Levermann... ces titres enlevés et conquérants nous font retrouver des ingrédients bien connus. Certains trouveront cela rassurant et s’en réjouiront, d’autres le déploreront peut-être. Ce qui est sûr, c’est que le sens de l’efficacité et de l’accroche est conservé. Ces chansons sont puissantes et contiennent des refrains imparables leur donnant des allures d’hymnes. Mention spéciale à celui de Moon Fire, con comme la lune (c’est le cas de le dire... Moon fire, Moon fire... Fire of the moon... fire, Fiiire of the Moooon...) mais incroyablement entêtant. Pendant ce temps, les musiciens ne font pas semblant et la paire de guitaristes Niels Löffler / Patrick Sperling décoche riffs costauds et solos techniques et habiles (ça tricote sévère !). On notera au passage que Conquest porte bien son nom et devrait rallier de nombreux sujets à sa cause en concert avec sa touche mélodique folk enjouée.

Après un démarrage aussi réussi, on s’attend à une petite baisse de régime... qui n’arrive pas. Blind Man et Prince Of Sorrow ne dégagent pas moins de puissance ou d’énergie que ce qui a précédé... et ne se révèlent pas moins fédératrices (en fait, en écoutant l’album, on se dit que quasiment chaque morceau pourrait être un single). Les guitares me régalent, les refrains sont énormes, on se sent prêt à conquérir des pays entiers... Serait-on face à un album parfait ? Eh bien... non, n’exagérons pas. Si Orden Ogan évite bien l’écueil "happy metal" décelable chez moultes formations de power, il lui arrive parfois (rarement serait plus juste) de faire du refrain trop fédérateur, un peu "fête de la bière" sur les bords, c’est notamment le cas sur Dread Lord. En réalité, ceci n’est rien et mérite à peine d’être mentionné. Par contre, il y a cette production qui, bien qu’elle ne me gêne pas trop, ne sonne pas très naturelle ou organique. Le son assez synthétique / lisse ne manquera pas de faire tiquer certains auditeurs, surtout ceux qui aiment leur metal moins "propret". Et l’ensemble est très produit, avec superposition systématique de pistes vocales, guitares aux sonorités parfois électroniques (surtout sur certains solos) claviers, chœurs dans tous les sens... Dernier bémol : The Order Of Fear ne désactive jamais le mode "over the top" (constamment ultra épique), ce qui lui confère un aspect uniforme (renforcé par le fait que le groupe surprend peu tant il peine à sortir de sa zone de confort) et légèrement bourratif sur la longueur. Au bout de six ou sept morceaux, on a comme le sentiment d’avoir fait le tour de la question. Cela dit, ça tombe bien car, justement, la huitième chanson, My Worst Enemy, est une ballade qui vient casser le rythme de l’album. Et les deux compos qui restent, Anthem To The Darkside (plus mélancolique et symphonique) et The Long Darkness (sorte de power ballade épico-dramatique à tiroirs), délaissent le format court utilisé jusque-là (elles durent respectivement sept et huit minutes) et se distinguent de ce qui a été posé avec les sept premières pistes.

Conclusion : The Order Of Fear est un bon (voire très bon) album. Sans s’imposer comme le disque ultime ou imparable qui permettra à Orden Ogan de s’imposer comme leader incontestable de la scène europower (bien que je pense toujours qu’il continue d’enterrer la majeure partie de ses concurrents), il offre une dose plus que raisonnable d’hymnes galvanisants qui font honneur au genre et quelques titres qui se classent parmi les meilleurs jamais écrits par Levermann & co. En attendant (la prochaine fois ?) une œuvre plus équilibrée, diversifiée et débarrassée de quelques tics de composition trop prévisibles, je saurai m’en contenter... mieux que ça, je reprendrai en chœur ses refrains entêtants comme jamais lors des prochains concerts de ces messieurs que j’attends de pied ferme (une date parisienne, en première partie de Feuerschwanz, est prévue le 29 novembre prochain). 

Tracklist de The Order Of Fear :

01. Kings Of The Underworld
02. The Order Of Fear
03. Moon Fire
04. Conquest
05. Blind Man
06. Prince Of Sorrow
07. Dread Lord
08. My Worst Enemy
09. Anthem To The Darkside
10. The Journey Thus Far
11. The Long Darkness

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