Artiste/Groupe:

Orden Ogan

CD:

Final Days

Date de sortie:

Mars 2021

Label:

AFM Records

Style:

Power Metal Mélodique

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

16.5/20

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Les fans de power mélodique auront dû faire preuve d’un peu plus de patience que d’habitude pour enfin découvrir Final Days, le sixième opus des Allemands d’Orden Ogan. D’abord annoncé pour août 2020 puis repoussé deux fois (tout comme la tournée qui devait suivre) pour cause de pandémie qui emmerde bien le monde, le voilà qui débarque enfin, un peu plus de trois ans et demi après le très sympathique Gunmen. Au menu : changements et tradition. Le line-up a évolué : Tobi, le second guitariste, a décidé de se retirer et s’est fait remplacer par un certain Patrick Sperling. Nils Löffler a échangé sa basse contre une guitare et son ancien poste est maintenant occupé par Steven Wussow. Le leader Seeb Levermann est toujours au chant, à la composition et à la production mais ne joue plus de guitare (sur scène, du moins) et Dirk Meyer-Berhorn est fidèle au poste de maltraiteur de fûts ! La tradition voulant que chaque nouvel album ait son propre univers est respectée : après la nouvelle ère glacière de To The End, les marécages de Ravenhead et le Far West de Gunmen, c’est parti pour un concept science-fiction avec exploration spatiale et intelligence artificielle au programme (ce qui se confirme dès que l’on jette un œil à la tracklist : Heart Of The Android, In The Dawn Of The AI, Interstellar, Black Hole...). Généralement, j’accroche bien aux productions d’Orden Ogan, c’est donc avec une certaine confiance (malgré un visuel inhabituellement rebutant pour le groupe) que je me lance dans l’écoute de l’album. Et, pour faire court, Final Days est encore une réussite. Maintenant, il s’agit de développer... 

D’un point de vue sonore, Levermann qui a lui-même produit la bête, n’a pas fait les choses à moitié. Dès les premières secondes de Heart Of The Android, le constat est net : ça claque ! C’est puissant, clair avec des sonorités assez modernes (normal, vu le concept, on imaginait mal un vieux son analogique des 70s)... La section rythmique ne manque pas de punch, les guitares sont tranchantes, la voix et les chœurs (éléments essentiels chez Orden Ogan, et peut-être encore un peu plus sur cet album) bien en avant... tout est limpide, chaque élément (d’un ensemble pourtant dense) se distingue parfaitement, rien à redire. Autre constat, autre chose qui claque ici : les refrains. L’aspect mélodique de la musique du combo a toujours été soigné mais avec Final Days, plus que jamais, c’est le festival du refrain gigantesque conçu pour galvaniser la foule en concert (mais si, ça va revenir, il ne faut pas désespérer). Pour coller à l’univers choisi, des effets ont été ajoutés afin que la musique sonne plus "futuriste". Les claviers jouent donc un rôle indéniable mais il y a aussi du vocodeur sur certaines pistes (qui crée - à quelques rares occasions - un effet synthétique ou robotique sur la voix de Seeb), des bruitages électroniques sur Black Hole et même un break "numérique" (plutôt bien imaginé et conçu) en plein milieu de In The Dawn Of The AI qui donne l’impression que le solo est joué par un modem (avec bruitages de connexion à l’appui). Pour autant, l’ADN d’Orden Ogan n’a pas été fondamentalement altéré et on reconnait parfaitement le groupe que l’on a aimé (ou non) sur ses œuvres précédentes.

On est donc toujours en présence de power mélodique (enlevé mais pas happy metal, ce que j’apprécie grandement) qui sait faire une certaine place à la modernité (cf. les riffs de Black Hole ou Hollow) sans oublier les références ou influences des ainés (le riff à l’esprit Running Wildien sur Interstellar, le speed effréné au refrain choral conquérant à la Blind Guardian avec Hollow et même un petit passage très Maidenien au sein de Let The Fire Rain avec une mélodie reprise par des chœurs donnant l’impression d’être au beau milieu de fans de la Vierge de Fer lors d’un de ses concerts). L’ensemble est à la fois assez homogène et suffisamment varié pour ne pas lasser. Il y a quelques speederies, du mid-tempo plus martial avec des sonorités ou mélodies très accessibles, presque pop metal dans l’esprit (comme Inferno, single ultra catchy qui, lui aussi, semble avoir été écrit pour la scène avec un passage - tout en "Burn it down... Hey !!" - idéal pour que le groupe et le public se répondent), des riffs super costauds, des solos rapides et précis qui montrent toute la dextérité de leurs géniteurs et surtout, je me répète (patience, c’est presque fini), des refrains énormes où Levermann utilise très bien la superposition de pistes pour donner l’impression qu’ils sont chantés par une armée plutôt que par un seul homme. Concernant ce dernier point, inutile de citer une compo en particulier, l’album ne compte quasiment que cela. Mais je vais me contredire et tout de même vous recommander l’écoute de It Is Over, morceau final classe et grandiose dont le refrain épique s’incrustera durablement dans votre mémoire. Pour info (et pour finir), sachez que Gus G. (Firewind) vient poser un très bon solo sur Interstellar et que la chanteuse Ylva Eriksson (Brothers Of Metal) donne la réplique à Seeb sur Alone In The Dark, la seule ballade de l’album.    

Encore une fois, Orden Ogan se montre convaincant et me fait passer un très bon moment, bien qu’il pratique un genre qui a pourtant perdu de son pouvoir d’attraction (sur moi, en tout cas) depuis un moment, prouvant ainsi qu’il s’élève clairement au-dessus de la mêlée des groupes de power lambdas. Très honnêtement, j’imagine mal que les aficionados du style ou ceux qui ont aimé les efforts passés du combo (To The End, Ravenhead ou Gunmen en particulier) ne puissent s’y retrouver. Les ingrédients propres à un bon album d’Orden Ogan sont là (avec quelques discrètes évolutions en prime), les mélodies sont encore plus entêtantes qu’à l’accoutumée... et la recette est encore une fois parfaitement maîtrisée et exécutée. Dans le genre, je ne vois pas bien comment faire mieux et ne trouve d’ailleurs pas spécialement de formations capables de rivaliser (sans sombrer dans quelque chose de trop kitsch ou grand-guignolesque) avec ces Allemands-là. Si vous avez des noms, je suis preneur...

Tracklist de Final Days :

01. Heart Of The Android
02. In The Dawn Of The AI
03. Inferno
04. Let The Fire Rain
05. Interstellar (feat. Gus G.)
06. Alone In The Dark (feat. Ylva Eriksson)
07. Black Hole
08. Absolution For Our Final Days
09. Hollow
10. It is Over

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