Orden Ogan est le groupe allemand qui monte tout doucement mais qui monte. Le dernier album du combo, To The End, était une belle réussite, proposant un Power Metal mélodique et rafraîchissant, dans la lignée de leurs illustres aînés. A ce propos, on compare souvent Orden Ogan à Blind Guardian. C'est pas faux... mais c'est un peu réducteur. D'une part parce que le premier album du groupe (Vale, en 2010) en était quand même bien éloigné et si aujourd’hui, Orden Ogan ressemble effectivement pas mal à Blind Guardian, c'est au Blind Guardian des années 90, donc celui qui n'existe plus (hélas). D'autre part parce que Orden Ogan se prend bien moins la tête que le gardien aveugle et arrive à composer des morceaux bien immédiats et vivifiants, ce que ne semble plus capable de faire Blind Guardian aujourd'hui (re-hélas...)
On commence ce quatrième chapitre de la carrière de ce jeune combo par une intro digne de Running Wild, autre influence évidente du groupe pour ce nouvel album. Au passage, c’est de nouveau Andreas Marschall qui s’est occupé de leur artwork, celui-là même qui a illustré un certain nombre des pochettes d’album de… Blind Guardian et Running Wild ! Comme quoi, le parallèle avec les aînés, il semble évident que le groupe lui-même le cherche. Après l’intro, on entre dans le vif du sujet avec le titre éponyme. Là, pas de doute, c’est le morceau idéal pour démarrer un album de la meilleure des façons. Et ce refrain… difficile de ne pas le retenir une fois écouté. Un refrain digne des meilleurs moments de Blind Guardian (des années 90 donc). On parlait aussi de Running Wild plus haut. Les "Oh Oh Oh" en milieu de morceau nous y renvoient bien (et les "mmh mmh mmh" de la fin aussi, qui rappellent l'intro de l'album). Donc, pour l’originalité, on repassera. Mais on ne va pas faire le difficile, surtout quand c’est aussi bien fichu. D'autant que le groupe ne se contente pas de piller son héritage et aborde les choses d'une façon plus moderne dans les riffs et le son. Arrive le second morceau, F.E.V.E.R., qui prend exactement le même chemin. Petite intro au piano tout de suite suivie d'une rythmique qui déboîte à la Running Wild des grandes années et un énorme refrain, avec je ne sais combien de pistes de voix, qui rentre encore bien en tête. Il faut dire que le groupe le scande une dizaine de fois. Vous ajoutez une petite mélodie folk au synthé au milieu du titre et vous obtenez le single parfait. Vous voulez voir ce que ça donne ? Ca se regarde ici :
Je vous dirais bien que ces deux premiers morceaux valent à eux seuls l’achat du CD mais ça ne s’arrête pas là. Bon, on va faire court, les refrains haut en couleur qui tuent, l’album en est gavé : The Lake, Evil Lies In Every Man (encore un qui est scandé une bonne dizaine de fois, dont une fois sur l'intro par une sorte de Gollum), Here At The End Of The World (avec le renfort de Chris Boltendahl from Grave Digger, SVP), Deaf Among The Blind (la grosse claque celui-là), Sorrow Is Your Fate (avec cette fois-ci l’apport vocal de Joacim Cans d’Hammerfall qui répond à Seeb Levermann)… Vous voyez, je ne vous ai pas menti, j’ai cité presque tous les titres. Ce groupe a tout simplement l’art de composer des morceaux accrocheurs. Et tout ça, sans fioriture symphonico-pompeuse. Ce sont les guitares qui sont à l'honneur et elles nous balancent du riff solide et du solo assez classe. Côté tempo, les rythmiques sont très souvent assurées en double, ça blaste pas mal dans l’ensemble. Mise à part sur la ballade évidemment, A Reason To Give. Oui, la sempiternelle ballade est au menu. Mais, une fois n’est pas coutume, je ne vais pas râler car elle rentre parfaitement dans le moule, avec son petit côté médiéval. De plus, la dernière partie du morceau envoie quand même sacrément. In Grief And Chains est un court instrumental qui sonne comme une outro mais il y a encore un morceau derrière. Il s’agit de Too Soon, un titre assez différent du reste, avec pas mal de synthés et peu de guitares, assez soft lui aussi au niveau du rythme. Très bien chanté et encore une fois magnifié par les chœurs, il termine judicieusement cet album sur une petite touche mélancolique.
Inutile de tourner autour du pot, le groupe allemand vient de sortir là son meilleur album à ce jour. L’année 2015 commence pas mal avec un album de cette classe. Bien sûr, on pourra toujours rétorquer que les musiciens de Orden Ogan n’ont rien inventé, mais l’héritage de la classe du heavy speed germanique est bien là et eux possèdent ce que les autres n’ont plus : la fraîcheur !
Tracklist de Ravenhead :
01. Orden Ogan (intro) 02. Ravenhead 03. F.E.V.E.R 04. The Lake 05. Evil Lies In Every Man 06. Here At The End Of The World 07. A Reason To Give 08. Deaf Among The Blind 09. Sorrow Is Your Tale 10. In Grief And Chains 11. Too Soon
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