Officiant dans un style (power metal mélodique) qui me surprend ou m'émeut de moins en moins, Orden Ogan est l'un des rares groupes dont j'attendais la nouvelle production avec quelque chose qui ressemblait presque à de l'impatience (ou à de la hâte, du moins) cette année. En effet, alors que pas mal d'albums récents pourtant réalisés par des références du genre (Helloween, Blind Guardian, Gamma Ray, Grave Digger et quelques autres...) ne m'ont vraiment pas laissé de souvenirs impérissables, les dernières réalisations de ce quatuor allemand (à savoir To The End et Ravenhead) m'ont beaucoup plu. Quoi de neuf sur ce cinquième album ?
On a souvent comparé Orden Ogan à Blind Guardian mais le groupe qui nous intéresse aujourd'hui a, depuis un moment déjà, bien développé sa propre personnalité. Et même si certains choeurs, mélodies ou (plus rarement) leads de guitare peuvent effectivement évoquer la musique des gardiens aveugles, il faut reconnaître qu'instrumentalement (et en termes de production), les différences entre les deux combos sont importantes. On retrouve sur Gunmen le même line-up que sur les deux disques précédents et globalement la même formule avec un côté épique peut-être encore un peu plus appuyé. Allergiques aux choeurs sur tous les refrains s'abstenir ! Après le monde de glace de To The End et les marécages glauques de Ravenhead, Orden Ogan change encore de cadre et vous propose une aventure fantastique en plein Far West américain. Mais le style du groupe demeure et on reste sur du power mélodique cultivant avec talent un équilibre entre tradition et modernité. Dès les premières mesures de Gunman qui ouvre le bal, le ton est donné : grandiloquence façon musique de western héroïque avec cuivres à l'appui, riff galopant, cloches, refrain choral "I am the gunmaaan"... l'adjectif "épique" n'est vraiment pas usurpé. Et la production est aux petits oignons. D'ailleurs, l'ambition du groupe se retrouve également dans le visuel puisque la vidéo pour ce titre fut tournée à Monument Valley.
Les pistes suivantes confirment cette bonne impression de départ et l'on retrouve avec plaisir les lignes de chant inspirées de Seeb Levermann posées sur une musique entraînante mais jamais happy metal. Les refrains ont quelque chose de beau et intense (écoutez celui de Fields of Sorrow par exemple) et le groupe leur insuffle une tension dramatique très éloignée d'un metal allemand aux mélodies évoquant parfois la fête de la bière. Orden Ogan maîtrise l'art du contraste comme sur Come With Me To The Other Side, une sorte de hit en puissance qu'on imagine cartonner en concert, où la rythmique de plomb est contrebalancée par les vocaux aériens de l'ex-chanteuse de Leaves' Eyes, Liv Kristine, invitée pour l'occasion. Ce titre est vraiment une bonne surprise car, après quatre morceaux plutôt rythmés, je m'attendais à une accalmie un peu mièvre, ce que la première minute du morceau semblait confirmer (pour ce qui est de l'accalmie en tout cas, pas forcément pour la mièvrerie) mais il s'agit en fait d'un titre bien énergique... comme les autres d'ailleurs, car contrairement à ses prédécesseurs, Gunmen ne contient aucune ballade. Pour revenir à cette compo, écoutez-la une fois et vous constaterez que, quelques heures plus tard, le refrain est toujours là, en train de se balader dans votre tête. Et, au-delà du dynamisme de l'ensemble, des prouesses techniques ou du caractère épique de l'entreprise, il est clair que les refrains qui tuent sont la grande force de Gunmen.
Toutes les chansons sont de bonne facture sur la deuxième moitié de l'album mais j'en trouve deux dont les thèmes mélodiques principaux sont vraiment très forts : Ashen Rain et Down Here (Wanted: Dead Or Alive). Je ne suis cependant pas totalement honnête car il y a en fait une autre compo, sans doute la meilleure de cet opus, qui clôt ce western fantastique de bien belle façon : Finis Coronat Opus. Sur cette dernière piste, Orden Ogan sort la grosse artillerie. Ce titre aux arrangements soignés est plus progressif (il se développe sur près de neuf minutes), doté d'un refrain classe et d'un final émotionnel à la mélodie inoubliable.
Avec Gunmen, Orden Ogan ne sort peut-être pas ce que je considèrerais comme son meilleur album (Ravenhead m'a plus charmé que celui-ci) mais confirme tout de même ce que je pense de lui depuis un moment, à savoir qu'il est aujourd'hui l'un des meilleurs défenseurs (si ce n'est le meilleur) de la cause power metal. Certes, cet opus aurait pu réserver quelques surprises supplémentaires et varier un peu plus son propos mais l'ensemble reste cohérent, solide et traversé par quelques excellentes pistes aux refrains mémorables. Gunmen, c'est de la fougue, du panache, un aspect folk (discret) bien intégré, du gros riff et de super solos, du refrain épique avec de beaux choeurs et, surtout, de la mélodie catchy à foison. Parfois, on peut avoir le sentiment que le groupe se répète un peu mais le travail accompli est d'une telle qualité que mon impression reste positive. Dans un style où les fers de lance ont tendance à décliner, Orden Ogan fait mieux que la concurrence et rend une copie plus qu'honorable. Vous voulez voir ce que cela va donner en live ? Bonne nouvelle : une tournée en Europe est annoncée pour l'automne prochain (avec les Italiens de Rhapsody Of Fire comme invités) et un arrêt est prévu à Paris le 15 octobre.
Tracklist de Gunmen :
01. Gunman 02. Fields Of Sorrow 03. Forlorn And Forsaken 04. Vampire In Ghost Town 05. Come With Me To The Other Side 06. The Face Of Silence 07. Ashen Rain 08. Down Here (Wanted: Dead Or Alive) 09. One Last Chance 10. Finis Coronat Opus
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