Artiste/Groupe:

Montrose

CD:

Montrose

Date de sortie:

1973

Label:

Warner Bros. Records

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

botem

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Dans l’histoire au sens large, il y a des événements que je ne comprendrai jamais. Je parle de ceux qui ont eu une incidence majeure par la suite, de ceux qui ont changé le cours de l’histoire et qui pour des raisons que j’ignore, n’ont pas imprégné les consciences collectives. Par exemple, la bataille de Dunkerque en mai 1940 a changé irrémédiablement l’issue de ce conflit mondial. Bon ok, beaucoup la connaissent, mais beaucoup d’autres, eux, n’en connaissent qu’à peine l’existence.
Pas de panique les amis, votre PC n’a pas planté, vous êtes bien sur votre site préféré, celui qui parle de musique bien burnée. Et rassurez-vous, le cerveau de Botem n’a pas planté lui non plus (enfin je crois).

En octobre 1973 sort aux USA (l’Europe attendra 1974) un premier album d’un groupe américain, totalement inconnu, qui a peut-être, lui aussi, eu une incidence majeure et contribué à écrire l’histoire du hard rock.
Quand on évoque la genèse et les créateurs du hard rock et du hard métal, des noms et albums s’imposent immédiatement. Ok, pour ceux au fond de la classe et près du radiateur, je veux bien le rappeler, les tables de la loi des Saints Led Zeppelin, Deep Purple et Black Sabbath, sont incontestablement, Led Zeppelin I et II, In Rock et Machine Head, Paranoid et Master Of Reality.
Tous édictés au tout début des années 70’, mais tout comme les évangiles de Juda, le premier album de Montrose, a été oublié au fond d’un tiroir.

Allez, je vous raconte cette histoire…
Ronald Douglas Montrose, plus connu sous le nom de Ronnie Montrose, a 26 ans quand sort en 1973 son premier album. Groupe qu’il a formé avec un certain Samuel Roy Hagar, du même âge que lui, à un mois près. Si ce dernier est un parfait inconnu, Ronnie lui, a quand même un petit bagage, ayant tenu la guitare de Van Morrison et Edgar Winter Group.
En réalité, l’origine du groupe est à l’initiative de Sammy Hagar. En effet, il avait été bluffé par le jeu de Ronnie, lors d’un concert d’Edgar Winter Group où officiait Ronnie. Bien que parfaitement inconnu, Sammy alla le voir pour lui proposer une collaboration. Ronnie tomba sous le charme des compositions que Sammy lui présenta. Rapidement, ils signent chez Warner Bros. C’est ainsi que naquit le groupe Montrose.
Repéré et produit par un certain jeune débutant et pas très confiant Ted Templeman, qui vient de produire avec succès les Doobie Brothers. Par la suite, il fera bien d’autres découvertes… Suivez mon regard…

                                                                                      

Ronnie fait appel à Bill Church bassiste qui jouait auparavant avec lui en 1969 au sein du groupe de Van Morrison et Sawbuck. Pour la batterie, c’est Sammy Hagar qui connaît un obscur débutant, n’ayant joué qu’avec un groupe de rock Sweet Linda Divine, le monsieur se nomme Denny Carmassi… Ça vous parle hein !?
La scène hard rock du moment est largement dominée par les Anglais, avec Led Zeppelin, Deep Purple et Black Sabbath. Mais après une série de concerts, la presse américaine est enfin rassurée, et n’hésite pas à déclarer que Montrose est, je cite ‘’la réponse de l’Amérique à Led Zeppelin’’ " rien de moins.
Ils sont trop forts ces Américains quand même, car la musique de Montrose n’a pas grand-chose à voir avec le ballon dirigeable ou le pourpre profond. Ici, point d’influence blues, de jazz ou autres inspirations classiques, où leurs aînés anglais puisent leur source.

Avec Montrose, c’est du hard rock brut de décoffrage, de celui qui vous percute en pleine face et vous laisse KO debout. Je ne vous ferai pas de titre par titre, suis pas fan de l’exercice, de toute façon inutile, car avec cet album, c’est comme le cochon…tout est bon ! Rock The Nation débute les hostilités sans échauffements et vous cueille à froid, Bad Motor Scooter avec son intro de folie vous plonge définitivement dans ce déluge de hard-rock.
On pense souffler un peu avec le troisième titre Space Station #5 et son intro planante, erreur, car la furie vous tombe dessus par surprise…boom et un autre uppercut. Et que dire de la seule reprise du disque (toutes les compositions sont du groupe) Good Rockin’ Tonight de Roy Brown, un rock pur jus, mais ici joué à une vitesse supersonique, tandis que la basse et batterie délivrent une rythmique à un train d’enfer, Les doigts de Ronnie sprintent le long du manche, et que dire du solo de ce titre…jouissif.
Vous pensiez pouvoir reprendre votre souffle avec Rock Candy et Make It Last s’il est vrai, que le tempo ralentit un peu avec ces deux titres, il finit de vous achever…heu on n’est pas loin du track par track là…non ?

                                                                                      

Sammy est dantesque tout au long de l’album, installant de suite son statut d’hurleur pour le reste de sa carrière bien remplie. La paire Carmassi et Church est d’une efficacité redoutable qui ne faiblit pas une seule seconde. Quant à Ronnie que dire, impérial, divin, quand on sait que selon ses propres propos, il n’était pas attiré par le hard rock et le heavy métal. Et oui, il se prédestinait à une carrière de menuisier, oui vous avez bien lu, le gars, il voulait travailler le bois, bon…là à défaut de le travailler, il en a envoyé du lourd, du très très lourd.
Enregistré en 1973, forcément la production est enregistrée avec les moyens de l’époque, ampli saturé, mais rendez-vous compte, cinquante ans après, cela ne gâche en rien le plaisir.
Chose incroyable, l’album ne rencontrera pas le succès, probablement trop en avance sur son époque. 

Comme évoqué plus haut, Ronnie ne souhaite pas faire du hard rock, il oriente donc sa musique dans une direction plus commerciale. L’année suivante sort le second album Paper Money et à l’exception de Bill Church, le line up est identique. Cette orientation provoquera de vives tensions entre lui et Sammy. Ce dernier quittera alors le navire.
Au total, Montrose (le groupe) sortira cinq albums le dernier en 1987, mais aucun, loin s’en faut, ne s’approchera, ne serait que de loin, de ce monument qu’est ce premier enregistrement.
En 1979 Ronnie Montrose formera le groupe Gamma, qui malgré quatre albums, ne rencontrera jamais le succès. Il publiera également neuf albums solo, tous anecdotiques. Sammy Hagar et Denny Carmassi auront la carrière que l’on sait. Bill Chruch lui, sera très souvent sollicité par Sammy pour ses albums solo. Ronnie Montrose lui, aura une fin tragique le 03 mars 2012.

Quoi qu’il en soit, en un seul album de 8 titres et de seulement 32 minutes (la norme à l’époque) Sammy Hagar, Ronnie Montrose, Denny Carmassi et Bill Church ont gagné leur place au Panthéon du rock, aux côtés des plus grands. Il faudra attendre 1989, pour que cet album soit considéré par un magazine musical (Kerrang) comme étant le 4ème album métal de tous les temps… Il était temps quand même !

Sammy Hagar : Vocals

Ronnie Montrose : Guitar

Denny Carmassi : Drums

Bill Church : Bass

Tracklist de Montrose :

01. Rock The Nation
02. Bad Motor Scooter
03. Space Station #5
04. I Don’t Want It
05. Good Rockin’ Tonight
06. Rock Candy
07. One Thing On My Mind
08. Make It Last

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