Tun Tun Tuun, Tun Tun Tuntun, Tun Tun Tuun Tun Tun... Oui bon, difficile à rendre par écrit... mais ce riff de Smoke On The Water, tout le monde le connait, non ? D’une simplicité effrayante et d’une efficacité qui l’est tout autant. Quel guitariste en herbe ne s'est pas entraîné sur ces quelques notes, la langue pendante, en rêvant d'être, pour un instant, le grand Ritchie Blackmore ? Machine Head est l'album qui contient Smoke On The Water, le titre le plus connu de Deep Purple et, plus largement, un des titres les plus connus du Rock. Mais il est bien plus que ça.
C'est en 1972 que sort le sixième album du pourpre profond, le troisième avec la dream team que l'on a baptisée la "Mark II", composée de Blackmore, Ian Gillan, Roger Glover, Ian Paice et Jon Lord. C'est clair qu'au niveau créativité, le groupe est au sommet. Après un In Rock monstrueux, un Fireball plus teinté psyché mais intéressant tout de même (qui ne connaîtra pourtant pas le même succès commercial), voilà l'album que beaucoup considèrent comme le point culminant de leur carrière. A tout seigneur tout honneur, commençons par Smoke On The Water. Ce titre a une histoire, directement liée à l’enregistrement de l’album. Deep Purple était allé enregistrer sur les rives du Lac Léman, à Montreux et plus précisément dans le célèbre casino. Mais pendant l’enregistrement, le fameux casino va être détruit par un incendie, au cours de la prestation de Frank Zappa. Deep Purple va finir d’enregistrer l’album dans leur hôtel transformé pour l’occasion en studio et va composer une chanson qui relate les événements de cette soirée mémorable pour le groupe ("I know I will never forget" peut-on entendre à la fin de la chanson). Il s'agit du dernier titre composé pour l’album. Et quand on sait le succès qu'a connu ce morceau, c'est à se demander si le groupe n'aurait pas dû ériger une statue à celui qui a allumé l'incendie ! Et Smoke On The Water n’est pas le seul morceau monumental de cet album. Highway Star, titre introductif, va connaître aussi son heure de gloire. Le titre est assez rapide, du moins pour l’époque. Le solo du père Blackmore est un petit chef-d’œuvre. L’autre titre rapide de ce disque, c’est Space Truckin’ qui termine l’album, sur lequel Gillan s’égosille, et qui est aussi à ranger parmi les grands classiques du groupe. Après une telle entrée en matière, il faut calmer un peu le jeu. Ce que se charge de faire Maybe I’m A Leo, titre construit sur un rythme plus posé. Mais la classe est toujours là. Pictures of Home est un morceau très groovy, dans lequel on peut entendre trois solos, l’un de Blackmore à la gratte, l’autre de Jon Lord aux synthés et un troisième de Glover à la basse. Never Before (en réponse au After Forever de Black Sabbath, sorti l’année précédente ?), excellent titre de nouveau, va aussi faire l’objet d’un single sur lequel on retrouvera la ballade When A Blind Man Cries en face B, titre rajouté sur la version CD de l’album. Lazy est le morceau le plus étrange. Introduit par un long solo d’orgue de Jon Lord bientôt rejoint par les autres instruments, le titre reste uniquement instrumental pendant plus de la moitié de sa durée. On a presque l’impression d’un jam entre les musiciens. Gillan vient poser sa voix et un solo d’harmonica sur la seconde partie du morceau. Ce titre a un groove très Rock’n’Roll.
A la fin de l’écoute, il faut se rendre à l’évidence : aucun titre n’est faiblard. Avec Machine Head, Deep Purple avait de nouveau frappé un grand, un très grand coup.
Après cet album fracassant, le groupe s'envole vers le Japon où il va enregistrer dans la foulée son premier album live, le légendaire Made In Japan. In Rock, Machine Head, Made In Japan… les trois albums qui ont fait entrer Deep Purple dans la légende.
Tracklist de Machine Head :
01. Highway Star 02. Maybe I'm A Leo 03. Pictures Of Home 04. Never Before 05. Smoke On The Water 06. Lazy 07. Space Truckin' 08. When A Blind Man Cries (CD bonus track)
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