Metal Church est increvable. Les coups durs, ça le connait. Le dernier en date, et pas des moindres : le suicide de Mike Howe (en juillet 2021), chanteur revenu au bercail après une longue absence, ce qui avait suscité un petit regain d’intérêt pour ce groupe qui ne passionnait plus trop les foules depuis un bon moment. J’avoue m’être demandé si la formation allait survivre à ce drame. Mais émettre un doute sur la question de la continuité de Metal Church, c’est mal connaître l’histoire du combo et sous-estimer la détermination de Kurdt Vanderhoof (guitariste, seul membre fondateur restant) et ses sbires. La preuve, en ce mois de mai 2023 est arrivée Congregation Of Annihilation, treizième opus des Américains accompagnés d’un nouveau chanteur : Marc Lopes (Ross The Boss, Meliah Rage...).

Le titre donné à l’album et le recrutement de Lopes pouvaient laisser penser que cette galette donnerait dans la véhémence... et c’est plutôt le cas. Metal Church n’est pas revenu pour se morfondre mais bien pour en découdre et prouver à tous qu’il en avait encore sous la semelle ! Ne prenons pas de détours inutiles, ce disque est ce que le groupe a sorti de plus remuant depuis ses premiers albums enregistrés avec David Wayne. La touche de thrash qui habitait les premiers opus (Metal Church et The Dark) refait donc surface... pour un résultat qui, sans être un copié-collé des productions du milieu des 80s, se veut être une sorte de retour aux sources. Sur le papier, tout cela est positif... et en effet, je l’aime bien ce Congregation Of Annihilation. Il est sympa. De là à crier au génie... Non, je n’irai pas jusque-là.

Le démarrage de l’opus ne laisse aucun doute sur les intentions de ses géniteurs. Batterie conquérante, riff carré, Another Judgement Day fait dans le direct et le punchy. Et il y a la voix de Lopes... dont le style théâtral, énervé voire possédé, apporte un brin de folie à la compo. Cependant, j’ai un avis mitigé sur la performance de ce vocaliste. Son côté "over the top" peut s’avérer séduisant mais également un brin fatiguant... parce que oui, il faut être clair, le gars a souvent tendance à en faire des caisses. Son recrutement a donc, en ce qui me concerne, un effet à double tranchant. D’un côté, il peut rappeler, de par son agressivité, ses montées dans les aigus et quelques intonations le regretté David Wayne (premier chanteur de Metal Church, malheureusement décédé lui aussi...), ce qui est une bonne chose, surtout pour les nostalgiques. Mais d’un autre côté, comme sa marque de fabrique, c’est l’excès, on a parfois envie (ou j’ai envie du moins) de lui dire de se calmer un peu ! 

Les compos qui suivent explorent une veine proche du titre d’ouverture, c’est rapide et incisif. Congregation Of Annihilation a un refrain bien hargneux et Pick A God And Prey donne dans un heavy thrash enlevé et tranchant. Les Américains ont pris des vitamines, ça ne fait aucun doute. Et Lopes continue de s’égosiller au-delà du raisonnable. Children Of The Lie possède un riff aux relents plus seventies mais le tempo reste bien rapide... Metal Church aligne les titres percutants mais il commence à introduire quelques nuances tout comme le final instrumental plus posé de Children, sympa. J’aime bien les mélodies et l’ambiance de Me The Nothing, un titre mid-tempo, plus lourd et inquiétant (la petite touche de clavier est bienvenue). Après ce changement d’atmosphère, le groupe repart avec Making Monsters, Say A Pray With 7 Bullets (au riff d’intro assez cool et très Mustainien), These Violent Thrills ou All That We Destroy dans une direction similaire à celle proposée sur les premières pistes du disque. Et c’est pas mal... mais pas toujours aussi marquant qu’on le souhaiterait. Le punch est là mais tout n’est pas mémorable. Et peut-être que tout cela est finalement trop homogène et finit par me lasser. A contrario, My Favorite Sin (une piste bonus) s’avère plus marquante grâce à son petit riff groovy, ses mélodies plus avenantes et son tempo plus posé (ce qui la distingue de 80% des autres chansons). 

Comme dit plus haut, voilà un album sympa. Je suis content de voir Metal Church toujours debout... C’est un groupe que je trouve attachant. Pour autant, Congregation Of Annihilation, bien qu’il soit énergique et, d’une certaine façon, relativement fun (avec son vocaliste foufou), n’est pas - à mon sens - l’excellent album que certains se plaisent à décrire. Les premiers disques restent hors d’atteinte. Les mélodies et les ambiances de l’époque, l’écriture globalement... étaient supérieures. Rien de honteux ici. C’est très classique. Avec de bonnes choses mais aussi quelques compos pas spécialement marquantes, un petit manque d’ambition, de diversité et de subtilité aussi. Voir le combo revenir à quelque chose de plus thrashy, c’est cool. Mais l’énergie ou l’agressivité ne font pas tout. Il en faut un peu plus pour faire un grand disque. En l’état, à l’instar des deux albums précédents enregistrés avec Howe (bons sans être magiques non plus), c’est plutôt solide. C’est toujours ça... mais j’attends mieux de Metal Church la prochaine fois.

Tracklist de Congregation Of Annihilation :

01. Another Judgement Day
02. Congregation Of Annihilation
03. Pick A God And Prey
04. Children Of The Lie
05. Me The Nothing
06. Making Monsters
07. Say A Prayer With 7 Bullets
08. These Violent Thrills
09. All That We Destroy
10. My Favorite Sin (bonus track)
11. Salvation (bonus track)