Artiste/Groupe:

Ghost

CD:

Skeletà

Date de sortie:

Avril 2025

Label:

Loma Vista

Style:

Pope Rock

Chroniqueur:

Bane

Note:

17/20

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Crevons l’abcès tout de suite, histoire de soulager ma conscience : oui, je l’avoue, j’ai largement surnoté Impera. Voilà, je l’ai dit. C’est l’excès de sucre, ça m’a rendu tout fou comme un enfant qui n’arrive pas à dormir. Non, Impera ne méritait pas le 19 que je lui ai collé, c’est l’émotion qui a parlé, on ne m’y reprendra -peut-être- plus. Cependant ! Il méritait tout de même des louanges, un bon 17,5. "C’est pareil, franchement". Que nenni, pas dans ma tête. M’enfin, c’est qu’une note, on s’en fout un peu. Ma plus grande erreur, cela dit, aura été de dire qu’il était meilleur que Prequelle ce qui, à la réécoute à froid des années plus tard, n’est pas vrai.

Mais revenons à 2025 ! Ghost est énorme, géant, pachydermique. Le groupe de Tobias Forge est incroyablement populaire. Ceux qui cherchaient la fameuse "relève" qui allait remplir à craquer les immenses salles comme les grands de l’époque peuvent dire qu’ils ont trouvé. N’en déplaise, d’ailleurs, aux trois/quatre paltoquets qui pullulent dans les commentaires de chaque news concernant le groupe. Le succès ne date pas d’hier, le groupe ayant trouvé des fans dès son premier album, bien entendu, mais ces dernières années furent particulièrement fastueuses : un style de plus en plus AOR putassier, des compos superbement réussies, un abandon du satanisme de bas étage, un énorme buzz de Mary On A Cross sur TikTok... N’en jetez plus, la coupe est pleine ! Il se pourrait même qu’elle déborde à en croire Forge, qui s’interroge plus que jamais sur la suite de sa carrière et qui a décrété que les téléphones portables seraient interdits pendant la tournée 2025 du groupe.

Un phénomène, on vous dit. Et il était donc largement temps que le phénomène rempile avec de nouvelles chansons, ça fait tout de même trois ans qu’on attend. Trois ans pendant lesquels Tobias ne s’est pas tourné les pouces : tournée triomphale, enregistrement d’un live, tournage d’un film et petit EP contractuel pas forcément indispensable. Tout ça, c’est bien, mais vite, un album ! Et nous y voilà enfin, Skeletà est annoncé avec la sortie de Satanized et Lachryma en apéritif, histoire de nous montrer que le retour au rock occulte du premier album n’est pas une option envisageable : Skeletà sera tubesque au possible ou ne sera pas.

Autant le dire tout de suite, histoire d’évacuer une autre frustration : j’ai tiqué. Quand j’ai écouté Satanized pour la première fois, j’ai été un poil déçu de la prod. Attention, elle est absolument impeccable. Mais un poil moins que sur l’album précédent. Réécoutez donc Call Me Little Sunshine et sa batterie, vous verrez de quoi je parle. À part ça, rien à redire : Forge a un don de dieu -ou de l’autre ?- pour écrire des mélodies, des refrains qui tuent, des lignes de chant imparables. Il est trop fort. D’aucun pourrait lui reprocher une voix un peu quelconque (ce qui s’entend, hein, dans le genre AOR, on a des Steve Perry qui le dégomment sans forcer) mais à mon sens elle fait largement l’affaire. D’autant plus que celui-ci ne fait que s’améliorer avec les albums. Autre point qui m’a fait tiquer, et pour lequel je n’ai pas encore apaisé mon esprit : la pochette. Je ne suis pas convaincu à 100%, il va me falloir manipuler le vinyle pour me faire un avis. Bon, cela dit, ça fait toujours plaisir de voir les traits de Zbigniew Bielak, clairement l’un des grands dessinateurs de pochettes de son époque.

Pour le reste, vous avez vu la note. Et vous me connaissez, vous savez que mon objectivité se barre en Thaïlande quand il s’agit de Ghost. Mais promis, j’ai essayé ! Si vous avez aimé Impera, vous aimerez Skeletà. Si vous avez aimé Prequelle, vous aimerez Skeletà. Si vous ne jurez que par Cattle Decapitation, ça me paraît un poil tendu, mais sait-on jamais. Ce nouvel album est, en quelque sorte, à la croisée des deux précédents. Moins ouvertement putassier qu’Impera (pas de zouk metal, pas de Spillways) mais également moins "opératique" que Prequelle. Moins sucré qu’un Bon Jovi, moins ambitieux qu’un Queen. Bon, cela dit, il demeure vachement sucré et c’est malgré tout assez ambitieux que de vouloir écrire des tubes ultra accrocheurs, je vous l’accorde. Surtout avec autant de richesse dans les compos. Écouter Ghost est jouissif aussi pour ça : il se passe toujours quelque chose.

Et du tube, on en a. Ça oui. Enfin, une fois passé l’intro Peacefield, qui ne m’a pas franchement convaincu. Pas un mauvais titre, loin de là, mais passer après des ouvertures comme Rats ou Kaiserion, faut le faire. Je le dis, voilà : c’est le moins bon morceau d’ouverture du groupe. Mais si tous les "moins bons" morceaux pouvaient avoir cette gueule, on serait sacrément heureux. À part cette petite bévue, rien à redire : c’est nickel. Forge enchaîne les pépites comme j’ai enchaîné les hosties le jour où j’en ai acheté pour goûter (ça n’a aucun goût mais ça donne étrangement envie de s’enfiler tout le paquet, comme des petites pièces dans une tirelire).

L’album se fait un peu plus "classique" que ses deux prédécesseurs. Point de saxophone, point de Twenties, que du tube. Peut être un peu plus 80’s, aussi, avec quelques synthés. Tiens, prenez le jouissif Marks of the Evil One -et son refrain déconseillé aux diabétiques- ou l’excellent Cenotaph -avec son petit chorus de gratte qui rappelle le Crazy Little Thing de Queen. Et si on parle des 80’s, difficile de ne pas citer Missilia Amori, qui évoque sans honte le grand Def Leppard période Hysteria. Ou Umbra, peut être ma préférée, qui me rappelle le tube Modern Love de... David Bowie, si, si ! Enfin, au début, puisqu’ensuite on part dans un duel guitare-clavier et Deep Purple n’est plus si loin.

Les tubes s’enchaînent, donc. Les mélodies aussi, les refrains aussi, les vilains commentaires sans doute un peu aussi. Mais qu’importe : Forge est sur le toit du monde et fait hurler les stades avec lui. Mais attention à l’excès de sucre, devant tant de barbe-à-papa. Heureusement, Skeletà sait ralentir la cadence en fin de face. Face A : Guiding Lights. Face B : Excelsis, conclusion typique pour le groupe avec un morceau plus long, plus "épique". Encore une fois, une belle réussite -même si Monstrance Clock reste invaincue dans cette catégorie selon votre serviteur.

Mais bref, à quoi bon continuer de palabrer pendant des heures : sorte de synthèse entre Prequelle et Impera, Skeletà est un excellent foutu bon disque. Rien à jeter, du tube à la pelle, des refrains aux petits oignons. Forge maîtrise son style à la perfection et il serait dommage de s’en priver. Alors oui, on pourra toujours râler, dire que "Infestissumam, quand même, c’était trop bien" (c’est moi, ça). Mais à quoi bon ? Une fois de plus, album de Ghost est synonyme de tuerie. Protégeons cet homme à tout prix et espérons qu’il fasse des petits. Plus qu’à voir ce que ça va donner sur scène, maintenant. Ah oui, vous remarquerez que je n’ai parlé ni du nouveau "pape" qui chante, ni des tenues (fort jolies, cela dit), ni de l’histoire méta du groupe. C’est pour une raison simple : je m’en tape royalement. J’aime le groupe pour sa musique. Et Dieu et Satan savent si je l’aime, bon sang.

Tracklist de Skeletà :
 
01. Peacefield
02. Lachryma
03. Satanized
04. Guiding Lights
05. De Profondis Borealis
06. Cenotaph
07. Missilia Armori
08. Marks Of The Evil One
09. Umbra
10. Excelsis

 

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