Groupe:

Ghost + Spiritbox

Date:

21 Mai 2023

Lieu:

Rouen

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Le 21 mai dernier, ce fut le lancement de la tournée française de Ghost ce 21 mai à Rouen... et, accessoirement, ma première fois. Oui, j'ai beau suivre ces Suédois depuis Infestissumam, je ne les avais encore jamais vus sur scène avant dimanche dernier. On se demande comment j'ai fait pour ne pas réussir à les voir avant aujourd'hui. En parlant de première fois, je découvre également le Zenith de Rouen. Vous vous en foutez ? Très bien, je ne vous jette pas la pierre... et j'enchaîne donc sur ce qui vous intéresse peut-être davantage, à savoir un petit compte-rendu de cette soirée.
 
Rentrons donc dans le vif du sujet. Les hostilités démarrent vers 19 heures. La première partie, c'est Spiritbox. Ca va être une découverte, je n'ai jamais écouté un seul de leurs morceaux. Une amie reconnait des musiciens (la chanteuse, au minimum) du groupe IWRESTLEDABEARONCE. Très bien, ça ne m'avance pas plus. On ne peut pas tout connaître. Le premier morceau démarre : c'est du metal moderne (du metalcore même, soyons précis), avec des rythmiques syncopées, du growl à mi-parcours (puis sur la fin du morceau), une bonne grosse basse... Le possesseur de ce dernier instrument donne de la voix sur Hurt, le second morceau qui balance de gros breakdowns mêlés de sonorités électro/futuristes (il le refera à d'autres occasions). Pas ma came mais la force de frappe est là... malgré un son pas folichon. La quatrième compo, Rotoscope, a l'air d'être plus connue de l'assistance (qui avait déjà réagi plutôt positivement aux titres précédents... sans que ça ne soit la folie furieuse dans le Zénith non plus) qui ne se fait pas prier pour taper des mains en rythme.
 
La prestation est maîtrisée. La musique proposée est très rythmique / carrée mais également assez froide. Ça ne me transmet pas d'émotions particulières. Les lumières sont minimalistes... à tel point que je me demande parfois si c'est voulu (il arrive que le groupe s'active dans le noir total pendant quelques dizaines de secondes...). Petit bug technique ? On dirait bien. Si c'est le cas, le professionnalisme des musiciens qui ne se laissent pas décontenancés une seule seconde est à souligner. 

Après des remerciements classiques et du "on est très heureux d'être là", La cinquième compo - The Void - est beaucoup plus bondissante et entraînante. Pas mal du tout. Je pourrais presque me mettre à accrocher. Mais sur le titre suivant, quelque chose (que j'avais déjà remarqué) me chiffonne, trop de samples / bandes... Il y a même un moment où la chanteuse pose le micro... Mais on continue de l'entendre. Rien de choquant dans notre paysage musical actuel. C'est même plutôt monnaie courante. Mais, voyez-vous, je suis un peu de la vieille école (comprenez : je n'ai pas vingt ans... autre traduction possible : je suis un vieux con), je tolère quelques bandes ou samples mais je préfère largement quand la musique est davantage live. Il ne s'agit pas de discréditer Spiritbox. Les quatre musiciens qui sont sur scène jouent et se démènent. Mais trop de sons sont pré-enregistrés, ça casse un peu - pour moi - la "magie" du live. En tout cas, ça applaudit bien entre les morceaux. Tant mieux pour eux...

La chanteuse nous remercie à nouveau : "Thank you for your patience...", elle sait que nous sommes impatients de voir Ghost mais, c'est ainsi, il faut passer par la première partie, elle le dit d'ailleurs très bien, avec un petit sourire : "... but to get to Ghost, you gotta get though Spiritbox baby !". C'est le jeu. Personnellement, j'accueille la fin du set avec un certain soulagement. Le son n'était vraiment pas très bon et a desservi la prestation du combo. Aucune rancœur mal placée de mon côté, les Canadiens ont certainement et justement conquis une partie de l'assistance, je ne suis juste pas très réceptif au style proposé. Ne me jetez pas des cailloux au visage, s'il vous plait. 

Setlist de Spiritbox :

01. Rules 
02. Hurt
03. Yellow Jacket
04. Rotoscope
05. The Void
06. Secret Garden
07. Constance
08. Circle With Me
09. Holy Roller
10. Hysteria

 

On nous cache la scène pendant que le décor s'installe. J'aime bien. Ça préserve un peu le mystère... Mais l'attente est longue. Très longue. On ne parle pas de la petite pause de vingt ou trente minutes habituelle là... Mais plutôt de trois quarts d'heure. Franchement, la scène a intérêt à péter la classe, un rideau blanc et cette attente pour une pauvre petite rampe en plastoc, ce serait un poil décevant.

Quand les lumières s'éteignent et les premières note de l'intro Imperium résonnent dans un Zénith presque plein, la clameur de la foule prend une belle ampleur. Le rideau tombe et là, quelle scène ! Quel son ! Quelles lumières ! En quelques secondes, on en prend plein les yeux et les oreilles. Le show démarre sur les chapeaux de roue (je vous avais prévenu que j'étais vieux, dans le pack, y a les expressions de vieux aussi) avec un Kaisarion énergique et idéal pour lancer le set. J'en ai vu des concerts depuis une petite trentaine d'années et je peux vous dire que le light-show proposé par Ghost se classe parmi les plus beaux et impressionnants qu'il m'ait été donné de voir. La scène avec ses vitraux en arrière plan, sa batterie surélevée, de chaque côté de laquelle se tiennent des nameless ghouls préposés aux chœurs, claviers ou guitare additionnelle quand le besoin s'en fait ressentir, sa petite avancée sur laquelle Papa pourra venir taquiner le public de plus près... tout cela est très joliment mis en valeur par de superbes et nombreuses lumières (il faut voir l'énorme rampe en forme de croix surplombant la scène) mais aussi de la fumée, des flammes (plus tard) et même des confettis (encore plus tard). 

On reste sur de la compo entraînante avec Rats en seconde position dans la setlist. Le tempo sera fera plus lent et pesant sur Faith... avant que le concert ne prenne des allures grandiloquentes de stadium rock avec l'imparable hit Spillways ! L'enchaînement des titres vous fait penser que Ghost privilégie ses deux derniers opus plutôt que le début de sa discographie... et c'est le cas. C'est une réalité qui ne peut être niée : sur vingt compos jouées ce soir, six seront extraites d'Impera et quatre seront issues de Prequelle (couvrant donc la moitié du concert, je le précise au cas où vous auriez des difficultés en mathématiques). Ce début de concert est magique. Pour plusieurs raisons. Il y a la démesure du show proposé, visuellement très travaillé, l'ambiance festive dans la salle... et la succession de hits repris en chœur à laquelle il est ardu de ne pas succomber. Et ça ne va pas s'arrêter là puisque juste après déboule Cirice, petit joyau plus sombre et heavy, sur lequel Papa porte une sorte de manteau/cape en ailes de chauve-souris. Et là, je me dis "mais on va faire comment s'ils jouent tous mes titres préférés dès le début ?!". Fausse inquiétude, des compos phares, il en reste un paquet... et Ghost n'a pas l'intention de les oublier.

Comme je ne vais pas tout raconter en temps réel, voilà une synthèse de ce qu'il s'est passé et de ce qui m'a particulièrement plu. Déjà, un mot sur le line-up : neuf personnes sur scène ! Oui, forcément, avec des vrais choristes et claviéristes, je vais être nettement plus satisfait qu'avec d'autres groupes (dont Spiritbox, si vous avez bien suivi) qui ont recours à des bandes. Les ghouls sont excellents et habitent bien l'espace. Régulièrement dans la lumière, leurs déplacements sont millimétrés, rien n'est laissé au hasard... et le rendu est impeccable. Niveau son, on arrive à tout entendre. Globalement. Pas grand-chose à déplorer de ce côté-là si ce n'est un petit souci qui s'incrustera à trois ou quatre reprises pendant le concert : une sorte de vibration ultra forte, genre grosse sirène bien grave de paquebot, pendant quelques secondes (parfois une petite minute). Parlons des chansons choisies : oui, beaucoup des deux derniers albums comme dit plus haut mais pas que... Ghost n'oublie pas totalement ses premières heures et saura tout de même faire plaisir aux fans des débuts avec Ritual, Con Clavi Con Dio ou Year Zero. C'est peu ? Peut-être mais tout de même mieux que rien. Personnellement, je n'ai aucun souci avec l'orientation plus pop et moins heavy des derniers disques donc tout me va. 

On le sait, deux jours avant ce concert, Phantomime - nouvel EP de reprises - est sorti dans les bacs. Je me demandais quelles compos seraient choisies pour le représenter. Il n'y en a eu qu'une seule : Jesus He Knows Me de Genesis. Bien pêchue et plus connue du public car c'est la première qui a eu le droit à sa vidéo il y a déjà un petit moment. Tobias Forge a d'ailleurs conclu cette prestation par un joli "Amen, motherfuckers" lancé au public. Les titres s'enchaînent vite (il faut en caser vingt en à peu près une heure et cinquante minutes), Tobias ne communique donc pas tant que ça avec le public. Mais il fera quand même plus vers la fin du set. Une petite intro pour Mary On A Cross, par exemple (il dira qu'il s'agit d'une chanson qu'écoutait son père), il remerciera chaleureusement les fans, le groupe, Spiritbox, toutes les personnes qui ont travaillé sur le show... On approche de la fin, l'instrumental Miasma nous est offert (avec un solo de saxophone de vieux pape zombie), Mummy Dust est sacrément heavy et fait un bien fou et là, surprise, Ghost nous offre une de mes compos préférées de son dernier opus à laquelle je ne m'attendais pas : Respite On The Spitalfields. Excellent. Sur le final, bien rallongé, chaque membre du groupe est mis dans la lumière et salue la foule...

 

C'est l'heure du rappel. Il sera enlevé avec Kiss The Go-Goat, le tube Dance Macabre et l'excellente Square Hammer qui s'achève sur une pluie de confettis. On a chanté, on a dansé, on a souri, on a frémi (les lumières rouges et les flammes infernales sur Year Zero), ces cent-dix minutes de spectacle furent rondement menées, il se passe toujours quelque chose sur scène et on repart avec des images et des mélodies enjôleuses plein la tête. Une soirée triomphale ? On peut dire ça. 

Merci à Olivier Garnier de Replica Promotion pour l'invitation et à Ryan Chang pour les belles photos des Suédois !

Setlist de Ghost :

01. Imperium (bande) / Kaisarion
02. Rats
03. Faith
04. Spillways
05. Cirice
06. Hunter's Moon
07. Jesus He Knows Me
08. Ritual
09. Call Me Little Sunshine
10. Con Clavi Con Dio
11. Watcher In The Sky
12. Year Zero
13. Spöksonat / He Is
14. Miasma
15. Mary On A Cross
16. Mummy Dust
17. Respite On The Spitalfields
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18. Kiss The Go-Goat
19. Dance Macabre
20. Square Hammer

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