Artiste/Groupe:

Ghost

CD:

Impera

Date de sortie:

Mars 2022

Label:

Loma Vista

Style:

Pope Rock

Chroniqueur:

Bane

Note:

19/20

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J’avais envie, vraiment. J’avais envie d’avoir l’impression d’être objectif en écrivant une chronique qui n’aurait pas été totalement élogieuse et dithyrambique sur le nouvel album de Ghost. M’enfin, autant être clair : j’ai précommandé l’album dès son annonce, j’ai compté les jours jusqu’à la sortie de l’album et j’ai prié chaque soir Papa Emeritus et le Cardinal Copia. Attends, on en est où, d’ailleurs, dans la diégèse du groupe ? Aucune idée, j’ai arrêté de suivre. Tout le monde connaît Tobias Forge maintenant, il a fait toute la promo de l’album à visage découvert... donc bon, les déguisements, hein...

Et on en est où, dans la discographie du groupe ? Entre Meliora et l’excellentissime Prequelle, Tobias nous avait proposé un chouette EP (avec le tube Square Hammer) et un live bien fourni. Soit une sortie intéressante par an ! Et depuis Prequelle ? Un petit EP deux titres en 2019 et... et rien ! Même pas un petit EP de reprises pendant le confinement, rien ! Bon sang, que ce fut long ! Et puis, cet automne, pour accompagner la sortie du dernier film Halloween, un titre, très réussi : Hunter’s Moon, qui a été publié sur vinyle 45 tours (et oui, j’ai totalement failli l’acheter, mais je me suis ravisé quand j’ai appris que la chanson en question serait présent sur Impera). Et puis, finalement, telle une libération, tel un miracle : Call Me Little Sunshine, superbe single, avec un clip grandiose, et l’annonce de l’album !!! A ce moment-là, j’admets ne pas trouver la pochette à mon goût. Mais regarde-la en grand format, notamment sur l’édition vinyle : elle est vraiment belle. Chapeau, une fois de plus, à Zbigniew Bielak, qui s’en est occupé, ainsi que des magnifiques illustrations du livret. Ce petit gars commence à faire pas mal de pochettes dans notre milieu et ça fait plaisir ! 

Évacuons tout de suite le sujet qui fâche : non, Ghost n’est pas un groupe de metal, à peine de rock. Ghost, c’est de la pop, avec un vernis rock et des influences hard et metal (Tobias Forge a joué et chanté dans un groupe de death nommé Repugnant avant Ghost, si si, je vous jure). Ghost, c’est Blue Öyster Cult mélangé avec Mercyful Fate, c’est ABBA mélangé avec Queen. Donc, si tu lis ce papier uniquement pour dire "sale poseur, c’est pas du metal", je te donne raison tout de suite. J’en profite pour m’interroger sur le fait que The Night Flight Orchestra semble être accepté par la communauté metal, alors que Ghost, beaucoup moins. Faites l’expérience, allez voir les commentaires de chaque post qui parle du groupe sur les réseaux sociaux, vous allez en voir, de la rage ! Bref, voilà, sujet traité, Ghost, c’est pas vraiment metal, mais ça gravite dans notre sphère quand même et c’est tellement génial qu’il serait criminel de s’en passer.

Génial, oui, c’est le mot. La note parle pour elle-même : cet album est tout bonnement merveilleux, voilà. J’ose, allez : je rapproche ce disque du mythique Hysteria, de Def Leppard. Impera a la même recherche d’efficacité et de perfection partout : refrains de stade, compos plus addictives que toutes les drogues du monde, production de dingue, son aux petits oignons. Mention spéciale à la batterie : je souhaite qu’une statue soit érigée à la gloire de celui qui l’a mixée. Prequelle était déjà bien ambitieux, avec ses envies presque opératiques, presque Queeniennes. Ghost adoucissait son propos, osait même le hard US. Impera va bien, BIEN plus loin et renverse un paquet de sucre sur son gâteau. Amis diabétiques, passez votre chemin, retournez écouter du brutal slam death core.

Voilà, ami lecteur : si tu n’as pas réussi à supporter le titre sus-cité, ne t’aventure pas plus loin : Impera n’est pas pour toi. Si au contraire tu as chialé de bonheur en entendant cet enchaînement pré-refrain-refrain, déleste-toi vite de quinze balles et commandes ce disque, tu ne seras pas déçu, bien au contraire. Bien entendu -heureusement, dirons certains-, tout l’album n’est pas de cette teneur. Mais quand même : Hunter’s Moon, Griftwood et ce titre sont autant de tubes dont les refrains sont d’une perfection pas si souvent atteinte. Et que dire de Kaiserion, le titre d’ouverture, presque punk-rock ? Que dire de Twenties, morceau heavy et... zouk ??? Si, si, je t’assure. Et en plus, ça fonctionne du feu de dieu (du feu du diable plutôt, ça va mieux avec le groupe). Que dire de Respite, encore une belle conclusion qui fermera avec maestria la future tournée ?

Eh bien, de tout cela, on ne peut dire que du bien. Je l’admets, ami lecteur, lors de mes premières écoutes, j’étais moins convaincu par Watcher In The Sky et par l’espèce de ballade arena-rock Darkness At The Heart Of My Love. Et puis, assez vite finalement, je me suis surpris à les fredonner et à les aimer, autant que le reste (pas autant que Spillways, cela dit). Je l’admets, ami lecteur, je pensais coller un doux 16 à cet album, je me revoie en parler à un pote, qui m’a d’ailleurs dit : "nan, c’est Ghost, tu vas l’écouter un milliard de fois et d’ici deux semaines tu lui mets 18 et tu le vénères". Eh ben, il avait tort, ce con : j’ai mis 19 et je l’ai déjà écouté DEUX milliards de fois.

Impera est parfait, du sol au plafond, à l’image de la cathédrale qui orne sa pochette -parce que oui, c’est une cathédrale, déplie donc ton vinyle, tu verras. Encore une fois, la cinquième fois consécutive, Tobias Forge a pondu un album qui finira dans mon top de l’année et que je vais pouvoir écouter une multitude de fois avant de m’en lasser. Impera prend, vous l’aurez aisément deviné, la tête de mon classement des albums du groupe. Déjà quatre ans que je fredonnais Danse Macabre et Pro Memoria à toutes les sauces, me voilà parti pour brailler Spillways et Kaiserion à longueur de journées. Pourtant, vraiment, j’avais envie d’avoir l’impression d’être objectif...

Addendum : j’avais gueulé à la sortie de Prequelle sur sa scandaleuse édition CD. Cette fois, comme dans toute cette chronique, je n’aurai que du bien à dire puisqu’on a un vrai beau produit, avec une belle pochette et un superbe livret, bourré d’illustrations de bon goût, comme sur Infestissumam et Meliora. Tiens, j’ai même pris l’édition vinyle -blanc- en plus de mon CD. C’est dire si je suis fan...

Tracklist de Impera :

01. Imperium
02. Kaiserion
03. Spillways
04. Call Me Little Sunshine
05. Hunter’s Moon
06. Watcher In The Sky
07. Dominion
08. Twenties
09. Darkness At The Heart Of My Love
10. Griftwood
11. Rite Of Passage
12. Respite On The Spitafields

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