L’actualité étant ce qu’elle est, cette chronique est, forcément, dédiée à madame Tina Turner, qui nous a quitté il y a quelques jours...

On commence à connaître la chanson, à force : entre deux albums, Ghost nous propose systématiquement un petit EP de reprises bien senties pour nous faire patienter -et raquer, soyons réalistes. Après Infestissumam, le "groupe" avait lancé cette habitude, qui avait trouvé tout son intérêt sur Popestar, qui contenait le méga tube Square Hammer. Le dernier en date, c’était un single deux titres qui nous avait été proposé, avec les excellentissimes Kiss The Go-Goat et Mary On A Cross, deux compositions originales.

Donc, un an après la sortie du merveilleux Impera, l’ami Tobias Forge annonce la sortie de Phantomime, un nouvel EP composé uniquement de reprises, cette fois. Petite larmichette de mon côté, pas de compo du groupe, pas de chanson originale. Ils ont pourtant sorti, il y a quelques mois, une nouvelle version de Spillways, chanté en duo avec Joe Elliott, ce nouvel EP aurait été l’occasion de la caser quelque part. Mais nan, même pas.

Bon, voyons tout ça. Des reprises d’artistes pop/rock, teinté 80’s, pour ne rien changer. En effet, Ghost s’était déjà attaqué à des artistes comme Eurythmics, ABBA, Depeche Mode ou les Pet Shop Boys, donc les voir se faire Genesis ou Tina Turner n’a rien de fondamentalement étonnant. Ce qui étonne, finalement, c’est de voir une reprise d’Iron Maiden dans le tas, ce sera la première fois que le groupe reprend un artiste fondamentalement metal, ça promet d’être intéressant. À noter qu’à la base, Tobias comptait enregistrer un album entier, avec une dizaine de reprises, notamment une de Motörhead. Mais voilà donc ce Phantomime, planqué sous une pochette du plus bel effet. Voyons donc ce que ça donne. Pour une fois, vous me permettrez de faire ça chanson par chanson.

L’EP commence avec See No Evil, une grosse sucrerie pop qui colle aux dents. Rien de si étonnant que ça, Ghost nous a maintenant habitués à la pop très accrocheuse, aux gros refrains bourrés de chœurs et à chopper des diabètes à chaque nouvelle sortie. À défaut d’être vraiment révolutionnaire ou exceptionnelle, cette première reprise passe bien, file la banane et ouvre cette sélection avec suffisamment d’entrain. On est loin des ouvertures des premiers EP cela dit, on n’atteint pas le niveau d’If You Have Ghost. Et je ne parlerai même pas de Square Hammer ou de Kiss the Goat, sinon ce See No Evil va prendre cher...

Il eût été en revanche un peu plus pertinent de l’ouvrir avec Jesus He Knows Me, reprise de l’énorme tube de Genesis, que vous connaissez probablement tous déjà. Cette nouvelle version ne réinvente pas la roue, mais la chanson colle super bien au style de Ghost et la voix de Tobias y a tout à fait sa place. À noter qu’ils ont viré l’insupportable passage reggae de la version de base. Ce fut le premier single pour annoncer cet EP et, je ne vais pas vous mentir, il a tourné pas mal de fois dans la voiture. Sans aucun doute le titre le plus enthousiasmant de la sélection.

Le point faiblard du disque, c’est peut être ce troisième titre, Hanging Around. Même si le titre va bien au teint de Ghost, avec un petit côté hard 70’s à claviers que Deep Purple n’aurait pas renié, on descend quand même d’un cran. Alors ouais, le refrain avec les chœurs est vraiment chouette et le solo est merveilleux -à noter un petit hommage bien senti au Fade to Black de qui-vous-savez. Mais il me manque quelque chose pour être vraiment convaincu, y’a un truc qui me chiffonne. Peut-être les couplets ? J’en sais rien. Quoi qu’il arrive, c’est un peu bof, sans être désagréable.

Le titre que tout le monde attendait un peu au tournant, cela dit, c’est le quatrième. Ghost s’attaque à Maiden, au metal, à une des meilleures chanson d’un des meilleurs albums du groupe. Le défi s’annonce difficile à relever, faut l’admettre... Et je suis un poil déçu, parce que cette reprise ressemble quand même pas mal à l’originale, tant et si bien qu’on se demande si ça valait vraiment le coup de l’enregistrer. Alors ouais, Tobias a rajouté quelques chœurs, le son est plus moderne (mais ils ont quand même gardé la basse qui claque à la Steve Harris) et il a changé des p’tits bouts dans les paroles. Super. Mais dans les faits, on est quasi sur une copie conforme. En moins bien, forcément. Pas raté, mais assez inutile : le son vieillot donne son charme à la compo et il me manque Paul Di’Anno. Parce que ouais, même quand c’est Dickinson qui chante la chanson sur les lives de Maiden, j’aime déjà moins. Dans ma tête, Paulo est indispensable pour cette chanson.

Et l’EP se conclut sur une formidable reprise de We Don’t Need Another Hero, la fameuse chanson de Mad Max 3. Et moi, je suis fan de Mad Max, alors ça me rend tout heureux rien que d’en parler. D’autant plus que la version de Ghost est tout bonnement excellente ! Si Tobias n’a évidemment pas le timbre de la grande Tina, sa reprise est une réussite totale, qui correspond parfaitement au style du groupe. On pense notamment aux morceaux de clôtures des albums (coucou Monstrance Clock ou Life Eternal), pour mon plus grand plaisir. Si Jesus He Knows Me est le titre le plus enthousiasmant de l’EP, ce "Thunderdome" est probablement le plus réussi et mon préféré. Épique, solennel, fidèle à l’original et fidèle à Ghost, n’en jetez plus, la coupe est pleine !

On a donc un EP que je qualifierai de "sympa sans plus", ponctué cela dit de grands moments -Jesus et Hero, donc. L’on était cela dit en droit d’en attendre un peu plus : une compo originale ou quelques titres de plus n’auraient pas fait de mal, surtout quand on sait qu’ils en avaient une petite dizaine en stock. Vendre ça à quinze euros (!) en CD et vingt-cinq (!!!) en vinyle, c’est un poil abusé, quand même, aussi cool soit la pochette. Mais, malgré ça, on tient un EP très agréable à écouter, qui nous aidera à patienter avant la sortie du prochain album ou d’un vrai live blu-ray digne de ce nom (s’il te plaît, Tobias).

Tracklist de Phantomime :