Je n'avais pas prévu de faire un report de ce concert. C'était juste un plaisir personnel avec une artiste que je trouve phénoménale mais soyons honnêtes un peu hors sujet en ces nobles pages. Bien sûr Eivør avait assuré la tête d'affiche de la journée folk sous la Temple lors du Hellfest 2024 mais j'ai bien cherché, la presse metal ne s'est fait écho que de la prestation de Saxon délivrée sur le même créneau. Le Diable Bleu et moi-même avions fait un autre choix pour enchainer avec le show "compliqué" de Metallicaet nous ne l'avions pas regretté.
Depuis ce fameux concert, j'ai pu approfondir l'écoute de cette fascinante artiste venue des Iles Féroé, pu enfin voir la série The Last Kingdom (excellente au demeurant) dont Eivør a assuré une partie de la composition et de l'interprétation. Il y avait eu cette très bonne prestation délivrée auEchos & Merveilles, ce chouette festival organisé au Nord de Toulouse mais les horaires tardives retenues pour les têtes d'affiche alors avaient malheureusement douché mon enthousiasme. Il y a aussi eu ce très bon show délivré lors du récent Motocultordélivré à une heure très décente et j'étais bien heureux de la voir enfin en salles, en tête d'affiche (même si elle avait pu bénéficier de jolis créneaux d'une heure en Fest ce qui n'est pas offert à tout le monde).
Pour cette tournée, elle a emmené sa petite sœur Elinborg et Asgeir, artiste islandais qui bénéficie d'une très bonne réputation avec une pop électro classieuse. Je n'ai pu assister à ces premières parties, trop occupé que j'étais à déguster un excellent magret, on vit dans le Sud-Ouest ou on n'y vit pas. Cette soirée, c'est aussi pour moi l'occasion de découvrir cette nouvelle salle, l'Interférence, située à Balma (au Nord-Est de Toulouse), positionnée à 700 mètres du terminus du métro (et à 300 mètres de mon bureau, ça ne s'invente pas !). Résolument moderne, ce lieu a mis du temps à sortir de terre notamment parce que lancer le projet début 2020 n'était pas le meilleur timing possible mais ça ce n'est la faute de personne. Ce lieu d'une capacité maximale de 2 000 personnes reprend le modèle d'un autre joyau toulousain, à savoir le Bikini avec une belle salle se transformant en boîte de Nuit. Le lieu est fantastique, un petit parvis extérieur, un hall classieux et la salle... superbe. Très élégante, avec un plafond très haut, le cadre est fantastique, harmonieux. Lors de sa création, l'idée était d'être à la pointe en matière d'équipement (son, lights, structure). C'est réussi, le rendu est somptueux.
Et alors que le groupe débarque, le premier constat est implacable. Le son est FANTASTIQUE. Je ne crois pas en avoir déjà entendu un d'aussi impressionnant. L'exigeant Diable Bleu le validerait sans problème. Puissant, chaleureux, intelligible mais absolument pas incommodant. Idem pour les lights, superbes. Et encore je pressens qu'Eivør n'utilise clairement pas à fond les possibilités offertes par ce lieu. Clairement, le show est à la sobriété jusque dans les attitudes des musiciens accompagnant la vocaliste, tous aussi brillants que discrets. Ah ces habitants du Grand Nord à la discrétion légendaire. Mais au talent indéniable.
D'entrée, les capacités vocales d'Eivør sidèrent. C'est toujours aussi merveilleux, envoûtant et l'artiste nous impressionne dans sa longue robe noire très élégante avec sa longue natte blonde. Quelle femme ! Une vraie viking qui dégage beaucoup de force, de puissance tout en étant très fraîche dans sa communication où elle décrit les morceaux à venir non sans omettre de remercier son auditoire de sa présence. Mais c'est la musique qui compte et là Eivør nous régale. On plonge dans son univers et le Temps s'arrête. On ne verra rien passer de l'heure vingt de show proposé.
Dès le second titre, elle casse son tambourin sur la fin du titre ce qu'elle dira être un bon signe pour un très bon concert. Que ce soit le triptyque Last Kingdom avec ces notes de piano que les fans de la série connaissent par cœur ou les titres plus récents, tout fonctionne. L'immersion est totale, c'est absolument magique, ça vous emporte. Il y a quelques titres plus récents, plus pop voire plus nerveux qui feront un sacré effet avec une dimension plus rock, presque post. Sur Upp Úr Øskuni, elle est rejointe par sa sœur pour un duo impeccable où la complicité entre les deux sœurs fut magnifique à voir. C'est bien simple, lorsque sa sœurette chantait, Eivør n’avait d’yeux que pour elle et on avait la sensation qu'elles étaient seules au monde à s'offrir un merveilleux kiff. Protectrice et si fière de sa sœur Eivør. Un vrai plaisir de les voir ainsi, avec ce moment de fraîcheur et aussi cette incroyable ligne de guitare qui emporte tout. Hyper mélodieux.
Pour moi, le moment de grâce absolu de ce concert c'est la reprise du Us & Them de Pink Floyd. Incroyable surprise d'autant que je ne m'y attendais pas et ce, malgré mon irrépressible envie d'aller checker les setlists en amont. Le rendu est d'une beauté indicible. Déjà le matériel original est dingue mais alors sublimé ainsi, pff, ce passage m'a secoué et je peux bien l'avouer, caché derrière mon clavier, mes yeux étaient bien embués (et même un peu encore en écrivant ces lignes). Un moment juste MAGIQUE où la sensibilité de la voix, d’une douceur infinie, fit merveille.
Le définitif Falling Free, d'une sensibilité inouïe, vient achever une prestation démentielle. Là encore, les lignes vocales sont d'une puissance phénoménale, d'une beauté qu'on peine à décrire avec des mots et les envolées finales sont juste incroyables. On se demande comment une personne peut sortir de tels sons, c'est juste dingue. Dinguement beau pour reprendre la formule du Diable Bleu. Un show démentiellement beau, envoûtant, planant. Profondément émotionnel.
Outre que désormais Toulouse est dotée d'une salle géniale (ce qui est une bonne nouvelle après les fermetures connues post Crise Sanitaire), tout fut parfait ce soir : le son, l'artiste, la compagnie. Une soirée magique qui fait juste du bien. Une artiste qui au passage vient de signer chez Nuclear Blast et à qui on prédit un sacré avenir tant la dynamique (artistique, live) est incroyable. On va en entendre parler de notre viking.