Petite escapade à la capitale pour moi avec cet automne qui tarde à arriver ce dont on ne se plaindra pas. Avec un programme royal ce soir par la grâce d'une affiche hautement qualitative. Comme à chaque fois, Arch Enemy nous vient avec des plateaux impressionnants et il y a vraiment de quoi se faire plaisir ce soir. Le groupe est vraiment à saluer pour cela offrant à ses fans des plateaux très solides. J'aurais adoré vous parler plus en détail du show deGatecreepermais ces derniers ont investi les planches à 18h tapantes pour un concert d'une demi-heure. Je n'ai pas d'excuses à faire valoir, le running-order fut correctement communiqué en amont mais voilà, j'ai perdu le sens de l'Espace et du Temps (bien que ces deux notions ne fassent en réalité qu'Une) dans le bleu azuréen des yeux d'une amie très chère. Le peu entendu (soit deux titres) du gang de l'Arizona m'a bien plu avec ce death "catchy" efficace et accrocheur. Le public est en tout cas à fond, la fosse est déjà bien remplie et ce que j'ai pu voir m'a semblé de très bonne facture. Dommage pour moi même si entre nous, vacances scolaires ou pas, 18h pour attaquer un tel plateau c'est rude !
Avant de rentrer dans le vif du sujet, un petit mot sur l'auditoire. C'est un zénith en configuration réduite ce soir, ce qui pour ma part me surprend. Même en fond de fosse, on peut naviguer, ce qui est certes confortable pour nous mais au vu de la qualité inouïe du plateau, cela laisse dubitatif. Comme son "double" suédoisAmon Amarth, Arch Enemy semble à cheval entre des formats type Bataclan / Bikini et Zénith. C'est un peu regrettable car les groupes en question jouent le jeu avec des scénographies un peu travaillées et ont besoin de salles type Zénith pour pouvoir les déployer et les valoriser. Ces formations sont en évolution croissante et en popularité dynamique et forcément cela prend du temps. Mais ne boudons pas notre plaisir, la salle est bien remplie et le public à fond.
Les finlandais d'Amorphis investissent la scène et c'est parti pour quarante-cinq minutes de dark melodic metal. Je précise pour mon estimé lecteur que je partage avec le Diable Bleu une passion récente pour leur nouvel albumBorderland. Un disque absolument remarquable dont même la version deluxe offre un plus. Cet album est juste génial et sera assurément dans nos top 5 de 2025 même si j'anticipe bien trop, profitons encore de cette belle arrière-saison.
Cette remarque n'est pas inutile car déjà seuls deux titres de cet album ont été joués ce soir : la costaud Bones en ouverture et la presque disco Dancing Shadow à la dynamique remarquable. Forcément trop peu à mon goût même si les deux pistes de Queen Of Time m'ont fait très plaisir aussi (The Bee énorme, Wrong Direction génialement mélodique). Pour le reste Amorphis a pioché dans son immense répertoire. C'est solide, brillant, hyper efficace, du Amorphis, groupe classieux s'il en est.
Le hic, car il y en a un concernant Amorphis et il convient de le dire, c'est qu'en live Amorphis c'est "mollasson". L'estimé Diable Bleu a beau dire qu'Amorphis "c'est beau" et que "la musique se suffit à elle-même", reste qu'il y a zéro show et qu'il ne se passe rien sur scène. Avec un deuxième guitariste sous-mixé qui frise le chômage partiel, des musiciens immobiles, un chanteur surdoué et à la voix d'or mais peu charismatique et peu dynamique, il faut VRAIMENT aimer la musique pour adhérer. Pour ma part, je me suis régalé. Le pote avec moi était dubitatif et, moins accroché par le groupe, s'est rapidement ennuyé n'ayons pas peur de le dire. Lors de leur venue avec Eluveitie, une amie m'avait même confié s'être endormie (bon à sa décharge, la semaine de boulot avait été rude). Mais tout de même !
Drôle de cas Amorphis. Une musique géniale, un bonheur pour les fans mais presque repoussant pour les non-initiés. Pas un phénomène nouveau, Amorphis est connu pour ça mais dommageable parce qu'avec de telles compos, une qualité d'interprétation impeccable, Amorphis a vraiment de sacrés atouts dans sa besace. Difficile de se positionner car la restitution live est très bonne mais l'absence de show un vrai handicap pour un groupe dont on comprend peut-être un peu mieux le statut référentiel mains finalement pas si populaire que sa géniale musique devrait lui permettre d'être.
Autre groupe devenu un peu clivant : les bardes suisses d'Eluveitie. Le collectif helvète vient aussi de sortir un album, plutôt bon au demeurant et nous délivre ici son rituel. Les musiciens ont beaucoup changé autour du leader Chrigel Glanzmann mais la précision suisse reste de la haute horlogerie. C'est bien simple, comme à chaque fois, on se demande comment un tel joyeux chaos fonctionne mais ça fonctionne. Festif à souhait, entraînant, très puissant, Eluveitie maîtrise son sujet, c'est un régal. La dimension death mélo est impeccable et l'alternance vocale Chrigel - Fabienne fait toujours des ravages.
Pour ce report, j'ai décidé de gentiment pester, je le confesse. Les groupes présents on les connaît si bien, on les respecte tant qu'on peut se permettre une réelle exigence, alors je me l'octroie. Mon estimé lecteur ne doit y voir que des critiques "sympathiques" d'un fan car la soirée fut hautement réussie. Mais pas complètement parfaite.
En effet Eluveitie a cette double facette avec des morceaux plus accessibles / catchy et il faut admettre que cela casse sacrément la dynamique du show. A Rose For Epona presque pop voit une Fabienne impeccable mais le morceau manque clairement d'impact. Et The Call Of The Mountains toujours chanté dans la langue de Molière est même carrément mollassonne. Le pote ira jusqu'à qualifier ce titre de "cucu" et c'est vrai que ces oh - oh sonnent un peu hors de propos surtout vu la force de frappe des autres compos du groupe. D'ailleurs, la voix de Fabienne ne plaît pas à tout le monde, peut-être un sentiment de "trop" je l'ignore. Pourtant elle est douée la vocaliste. Petit détail que voilà car le show est vraiment fun, Eluveitie est toujours aussi impérial avec des lights aux tonalités de vert très sympa (avec un superbe backdrop). Le final reprenant le traditionnel air de la Vallée de Dana est hyper fédérateur. Un très bon show des suisses, encore un. Chouette groupe tout de même on ne le dira jamais assez même si un groupe qui ne plaît pas à tout le monde, la faute peut-être à une formule sans doute un peu excessive dans sa restitution.
Setlist
Ategnatos
Deathwalker
The Prodigal Ones
Exile Of The Gods
A Rose For Epona
Premonition
Ambiramus
L'Appel des Montagnes
King
Inis Mona
Arch Enemy
Petite bière réparatrice ensuite et l'occasion pour mes amis de me rappeler à quel point le récent show des Parkway Drive (manqué à regret par mes soins) fut génial. L'excellente Lydie nous l'avait raconté dans ces pages, les amis l'ont confirmé, Parkway Drive a marqué les esprits sur la capitale. Au delà du plaisir de partager ce très bon show, c'est aussi le décalage dans les qualités de mise en son qui nous a amené à ce comparatif. De l'avis général, le son de Parkway Drive fut excellent. Sincèrement, on ne peut pas en dire de celui de ce soir. C'est plutôt bon mais sincèrement pas incroyable. Le Zénith est certes connu pour ça mais le contre-exemple Parkway Drive vient nous rappeler que certains y arrivent. C'est donc que c'est possible ce qui renvoie à la responsabilité des Ingé-son, donc des groupes.
Pour Arch Enemy, une basse trop présente a (un peu) gêné une amie sans que ce soit trop problématique. Arch Enemy est aussi un groupe qui connaît quelques voix discordantes. La rançon du succès ? Peut-être car nous avons encore eu droit à un excellent show des suédois (et un peu canadien 🙂). Le désormais rituel backdrop (toujours aussi caricatural) masquant la scène tombe nous dévoilant une belle scène qui sera bien valorisée par les différents lights. C'est carré, c'est propre, ça déroule. Le groupe a un peu revu sa setlist en intégrant des pistes du dernier (et très bon) album Blood Dynasty. Le groupe a aussi ressorti quelques titres de War Eternal, disque que j'adore dont Avalanche véritable boucherie en live, impressionnante vocalement. My Apocalypse a permis de faire chanter le public à coup de oh - oh. Efficace, en maîtrise totale, Arch Enemy a déroulé. Joey Concepcion est impeccable, parfait complément d'un Mickael Amott toujours aussi tueur avec ses flying V et son pantalon un peu disco avec paillettes.
Le reproche qu'on entend parfois (et qui s'entend) c'est le manque de spontanéité de l'ensemble. C'est super bien huilé mais presque trop "formaté", trop "pro" (bizarre de reprocher cela à un groupe). Ça se remarque chez Alissa, toujours aussi impériale. Hyper charismatique, vocalement épatante, on voit tout de même qu'elle a fait le choix d'une certaine attitude sur scène. Ça peut déplaire, paraître un peu froid parfois mais quel job elle abat. Personnellement j'adhère, mais ce côté un peu "diva" amène quelques commentaires surtout qu'on sent bien que c'est un "choix artistique" volontaire car la personne renvoie une image positive. Enfin j'y reviens, vocalement, c'est sacrément costaud. Sur Vivre Libre, issu du dernier album, elle s'en sort franchement bien sur un morceau pas simple, certes aidée par la réverb mais il fallait oser et Alissa ne s'est pas dérobée. Un joli cadeau pour les fans français.
Petit aparté sur un passage qui nous a un peu étonnés. A deux reprises, le public a acclamé la frontwoman et s'est fendu de "Alissa Alissa". Mérité en soi vu la prestation mais c'est pour moi une première de voir le chanteur d'un groupe acclamé et non le groupe. Anecdotique en soi mais surprenant et surtout je n'avais pas souvenir que cela s'était produit par le passé. Même Alissa en fut un peu surprise. Que dire de plus si ce n'est qu'Arch Enemy a encore assuré, régalé. Un vrai rouleau compresseur pour un show qu'on a (encore une fois) pas vu passer avec eux.
Setlist
Deceiver, Deceiver
Ravenous
Dream Stealer
Blood Dynasty
War Eternal
My Apocalypse
Illuminate The Path
Liars & Thieves
The Eagle Flies Alone
Vivre Libre
First Day In Hell
Sunset Over The Empire
No Gods, No Masters
Avalanche
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Snow Bound
Nemesis
Les quelques réserves exprimées dans cette missive ne doivent pas occulter la très belle soirée passée avec des groupes qu'on connaît très bien, qu'on adore et qu'on se permet donc de titiller un peu. Un très beau plateau, des groupes remarquables qui ont tous de très bons disques à défendre (avec mention spéciale pour Amorphis, je me répète) et donc une belle dynamique. En espérant les retrouver pour les Fest 2026. Super soirée.