Groupe:

Summer Breeze - Jour 1 & 2

Date:

17 Aout 2022

Lieu:

Dinkelsbühl

Chroniqueur:

ced12

Comme tant d’autres fans en ce chaud été 2022, je retrouve « mon » festival estival, celui où j’ai de très bonnes habitudes. Inutile de repréciser donc le plaisir - réel - que les festivaliers des Hellfest, Wacken et autres ont déjà maintes fois – et à raison – exprimé. Le Summer Breeze se déroule à Dinkelsbühl sur la base de l’aérodrome, en Franconie sur les terres de Nuclear Blast (et désormais aussi d’Atomic Fire) et accueille en moyenne 10 000 personnes par jour ce qui en fait un festival à taille respectable mais plus humaine que les mastodontes cités plus haut. Rapide point touristique, Dinkelsbühl est situé sur la Romantische Strasse, route touristique ralliant Wurzburg jusqu’aux Alpes avec quelques villages sublimes (et très touristiques !) tels que Rothenburg et bien sûr ce lieu qui nous accueille avec tant de bonheur. Nuremberg et Munich, deux villes d’Histoire pas si éloignées que ça, sont franchement recommandables et, pour la première citée, nous y avons croisé des fans venant du Brutal Assault et probablement en transit vers le Summer Breeze pour une grosse semaine de décibels cohérente tant les deux fest se complètent bien et pas que géographiquement. 

Que le lecteur pardonne les évidences mais là encore, on retrouve des traces post-crise sanitaire. On notera quelques légers défauts logistiques, dans la gestion des commodités notamment mais aussi des consignes sanitaires encore présentes avec par exemple l’obligation d’un test négatif pour accéder aux tentes de la Croix Rouge. Les organisateurs ont d’ailleurs fait amende honorable et ces quelques défauts ne doivent pas occulter une organisation encore excellente, aucun retard à signaler malgré, et j’y reviendrai, des conditions difficiles et une bonne ambiance globalement admirable bien qu’il soit regrettable que les organisateurs aient eu à hausser le ton sur certains comportements isolées inadmissibles en fosses, dérives malheureuses et à bannir. 

Tag eins

Historiquement, le Summer Breeze propose une première journée en format réduit afin d’accueillir tranquillement et dans la bonne humeur les festivaliers. Pour ce cru 2022, le festival offre une vraie journée complète avec un site intégralement ouvert. Oui, mais le metalleux a ses habitudes, ses rituels oserai-je même dire, et c’est presque exclusivement sur la T-Stage que nous allons passer notre fin de journée / soirée. Il est vrai que c’est avec un enchaînement aussi peu original qu’efficace que nous abordons nos retrouvailles avec cette si belle scène qu’est la T-Stage avec sa forêt envoûtante : Exodus & Testament. Ce fut déjà le line-up d’une tournée pré-crise sanitaire. Pour le troisième larron Death Angel, il faudra attendre le lendemain. Les deux formations du jour peuvent presque être traitées ensemble tant elles semblent liées, jusqu’à un duo très sympa avec Chuck Billy accompagné de Steve Souza sur Alone In The Dark non sans rappeler que c’est grâce à ce dernier qu’il a eu son job chez Testament. Hyper véloces, les guitares d’Exodus écrasent toujours l’auditeur qui en prend plein les oreilles avec de superbes rythmiques thrash. Archi-connu mais efficace. Idem pour Testament avec des morceaux plus classiques. L’événement du jour est la présence de Dave Lombardo derrière les fûts. Il n’en fallait pas moins pour remplacer Glenn Hogan ! Que de légendes sur scène et quelle prestation du sieur Lombardo entre breaks franchement balèzes, rythmiques impériales ! Je mentionnerais bien les chouettes solos et lignes mélodiques de guitares mais je n’apprendrai rien à personne sur le talent des garçons. Certes convenue mais très belle entrée en matière.

Place à Paradise Lost et petit étonnement d’entrée, outre la belle allure svelte d’un Nick Holmes toujours aussi caustique (« we have a lot of past, possibly not much of a future ») avec cet humour bien à lui, c’est la qualité du son. Si je l’ai trouvé excellent, l’estimé collègue Olivier n’a pas adhéré ! Etrange. Côté setlist, le groupe brasse bien sa première partie de carrière avec du Draconian Times, du One Second dont un génial Say Just Words à l’excellente dynamique. Si Mackintosh reste placide, Aaron Aedy impressionne avec ses rythmiques bien épaisses. Profond, le son Paradise Lost enthousiasme, comme à chaque fois. Très bon show.

Le Summer Breeze présente moins de groupes et de scènes que d’autres fest avec jamais plus de deux groupes jouant en même temps. Malin car donnant de l’espace et de la visibilité aux groupes. Pour finir ce premier show, quand le pote part sur Fleshgod Apocalypse dont il dira autant de bien que Philippe dans son report du Hellfest (« un Opéra Death Metal classe et épique avec un son très clair rendant le tout hyper compréhensible malgré la densité des sons proposés ainsi qu’une bonne présence scénique du groupe avec les costumes/décors qui vont bien ainsi qu’un piano qui casse un peu les codes habituels du « Groupe de Death de base ») , nous allons chez Korpiklaani. Bonne surprise, le chanteur n’est pas si mal même si son attitude scénique continue de me poser problème. Désinvolte, manifestement pas en état « normal », il semble parfois à la peine lisant ses paroles au sol à suivre son regard. Reste des compos hyper festives, fédératrices avec ces sonorités folk si fun, si plaisantes portées par un batteur haut de gamme à la belle frappe. On passe un super moment à hurler ces hymnes à l’alcool et toujours ce sentiment d’être dans une fête de village au fin fond des bois. Ça tombe bien, c’est le concept. Voilà qui conclut une belle première journée lançant à merveille les débats.

Tag zwei

La grosse journée du fest. C’est à regret que nous manquons les excellents Mass Hysteria mais l’horaire était trop matinale pour nous. Au loin, alors que nous arrivons, les superbes cornemuses d'Haggefugg rappellent les excellents Saltatio Mortis (qu'on espère revoir en fest rapidement !). Nous attaquons ensuite Omnium Gatherum et, en dépit de réelles attentes, c’est une petite déception. Est-ce la faute à un mix maladroit, notamment les deux guitares étant pour l‘une sous-mixée et l’autre sur-mixée ? Un chanteur manquant cruellement de charisme ? Reste que ça ne prend pas génialement bien et que je me rends sur la Main Stage pour un concert dont j’attends beaucoup.

J’ai en effet adoré le dernier Finntroll et voilà nos Finlandais fin prêts évoluant sous un beau soleil. Si la formule du combo n’a pas ravi mes acolytes, j’ai pour ma part adoré ce show entre puissance, mélodies typiques du combo et ces titres du dernier album passant brillamment le test scénique (Mask impérial). Les attitudes scéniques sont bonnes avec un chanteur bien présent et deux guitaristes en pleine forme. Les looks sont dans le concept, le show excellent passant bien vite avec les classiques pour finir dans une fosse déchaînée. Mathias Vreth Lillmans, au-delà de prouver que les trolls peuvent porter des shorts, annonce le concert suivant s’étonnant du concept proposé. La transition sera en effet un peu abrupte entre nos trolls préférés et Electric Callboy, proposant un autre concept (#euphémisme). Il est vrai qu’il ne doit pas avoir l’habitude de voir des types habillés en couleur fluo à ses shows. Mais comme il l’a dit de manière laconique « why not! ».

C’est une marée humaine qui se déverse sur la Main Stage pour le groupe d’électro / metalcore. Electric Callboy (ex-Eskimo Callboy) est très attendu, les singles cartonnent sur internet (à coup de dizaine de millions de vues), les arènes sont blindées, c’est le groupe « in » du moment outre-Rhin où le succès est impressionnnant. Les deux singles Pump It et We Got The Moves font un tabac et il demeure incompréhensible qu’en dépit de leur offre de service, l’Eurovision allemande n’ait pas retenu le groupe. Mélangeant électro / techno, metalcore et refrains bien catchy radiophoniques dans un ensemble assez foutraque, Electric Callboy a tout pour exaspérer les garants de la tradition mais pour ma part, je trouve ça super fun, parfait pour un concert de 19h en fest sous un beau soleil. Le public se régale, ça s’amuse, ça danse, ça rigole. Les Allemands font un carton avec des chanteurs très présents. Trop, même ! Les groupes allemands ont tendance à être très bavards à domicile et cela casse un peu le rythme. Bon, si je les comprenais mieux, je serais peut-être plus réceptif mais non, on veut de la musique, pas des speeches ! Le génial – tube de l’été – We Got The Moves avec son gimmick en intro achève une audience emballée par un groupe fédérateur. Certes, les puristes y rediront mais poussant les curseurs à fond, Electric Callboy, outre une immense tranche de bonne humeur, secoue un peu une scène metalcore un peu engourdie. Festif !

Les festivals ont aussi leur transition parfois abrupte. Nous voilà enchaînant avec Cannibal Corpse, une toute autre ambiance c’est peu de le dire. Outre que je me dis que le bien moins bavard Corpsegrinder ferait un remarquable pilier de rugby (ah là on l’aurait notre titre de champion du monde tant espéré), je reste fasciné par la clarté du son des Floridiens. C’est impeccable, on suit bien. Le son des guitares est gras, lourd, c’est impressionnant. A la batterie, Paul Mazurkiewicz impressionne de par sa facilité à tenir de telles cadences. Ça tape dur, ça fait mal. Cannibal Corpse frappe fort, offre un show bien puissant. On apprécie (ou pas) la demande aux filles de crier avant de lancer un F… With A Knife poétique ! Du très lourd, classique là encore mais valeur sûre de festival. A noter que les Floridiens bénéficient de superbes créneaux sur ce Fest. Rappelons qu’ils furent découverts par le regretté fondateur du festival ceci expliquant je pense leur excellent traitement (outre le talent du groupe).

Allez, place aux patrons du jour et là encore un show hyper attendu. Venant de sortir l’excellent Deceivers, Arch Enemy génère de l’intérêt. Pas spécialement d’inquiétude, Arch Enemy sait faire et très bien. Le gros show, à coups de pyrotechnie, frappe très fort. Le groupe est hyper en place, le son monstrueux. Si je les trouve moins dans les duels de guitares se rapprochant moins la première demi-heure, la géniale paire Amott Loomis me fait mentir ne se lâchant plus beaucoup par la suite. Toujours aussi visuel, toujours aussi génial (As The Page Burns et son final majestueux). Avec cinq nouveaux titres, et plus généralement une setlist très axée période Alissa, le groupe joue le présent, respect ! Bon, le risque est faible vu la qualité du dernier disque. On parle d’Alissa ? Présence incroyable, jeu de scène dynamique, regard perçant, la bougresse maîtrise sa scène, saute partout, court d’un bout à l’autre et chante à merveille. Le passage heavy sur Handshake With Hell passe à l’aise même si on voit bien qu’elle est concentrée. Pro, en plus. Vraiment surdouée. Le pote n'a peut-être pas tort de me chambrer sur un léger crush mais comment ne pas être bluffé ? Un grand show à peine perturbé par l’arrivée d’une pluie qui va bien s’incruster. Si certains s'inquiètent des retraites futures de certains mastodontes, point d'inquiétude à avoir avec des groupes comme Arch Enemy en pleine possession de ses moyens.

Navré pour Ensiferum que nous suivons de loin (et qui ont apparemment beaucoup déçu le compère Olivier) mais nous attendons Dagoba de pied ferme (et au sec !). Ave un bon créneau de quarante-cinq minutes, les Marseillais sont bien traités. Et vont justifier les attentes. Shawter supervise la mise en place, on le rassure vite, ça le fait ! Son très propre, le groove metal passe super bien. On sent que dans le public, Dagoba est connu. Le concert passe super vite, les musiciens sont impeccables, Shawter chante bien, les refrains étant bien assurés. Les sonorités indus apportent un plus, les circle pits et autres walls of death font un carton, tout le monde se régale. Dagoba a franchement assuré et lorsque Shawter descend dans la fosse brandir un drapeau français, un petit sentiment cocorico se fait sentir. Bien traités, nos groupes français sur cette édition, même si nous ne leur avons pas trop fait honneur. C’est avec Jump que notre journée se finit. Pas certain que les Allemands aient saisi la référence à l’OM des années Tapie (nous sommes sur les terres du Bayern qui plus est !) mais qu’importe, ce titre fait plaisir à tout le monde, ça danse. Une vraie belle journée.

 

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