Artiste/Groupe:

Arch Enemy

CD:

Deceivers

Date de sortie:

Aout 2022

Label:

Century Media

Style:

Death Mélodique

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

16/20

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Dites, ce ne serait pas le mois du death mélodique par hasard ? Un nouvel Amon Amarth, le premier essai de The Halo Effect (vous savez, la réunion des ex-In Flames) le nouveau Soilwork et ce très attendu Deceivers d’Arch Enemy qui, vu le succès grandissant du groupe ces dernières années, n’est sans doute pas celui qui va faire le moins parler de lui. Tout cela en l’espace de deux semaines ! Le fan du genre a intérêt à avoir mis des sous de côté ! Alors, évidemment, popularité croissante signifie que la sortie de cet opus sera accompagnée de son lot de commentaires négatifs. N’en déplaise aux mécontents, si Arch Enemy est de plus en plus fédérateur, c’est parce que sa formule - bien étudiée et rodée - a des attraits ou qualités indiscutables. Attention, je ne suis pas en train de prétendre que tout ce qui marche est de qualité, évidemment que non... mais ce n’est certainement pas parce qu’un groupe a du succès qu’il est devenu "mauvais". Est-ce à dire que toutes les critiques concernant le groupe sont infondées ? Pas forcément, disons qu’elles s’entendent. Penchons-nous sur cet épineux dossier en décortiquant ce nouvel album. 

Alors, parmi les différentes râleries que l’on peut entendre à propos d’Arch Enemy il y en a une qui concerne sa tendance à incorporer de plus en plus de mélodie et d’influences heavy dans sa musique, s’éloignant ainsi de sa base (mélo)death. Ce n’est pas le premier titre, Handshake With Hell, qui va rassurer ceux qui déplorent cette orientation. Alerte : Amott et ses potes sont passés en mode full Judas Priest ! Intro en tapping et riff priestien en diable, leads néo classiques sur le refrain, chant clair contrastant avec les growls monstrueux... ce titre hyper bien fichu dans une veine clairement heavy metal s’affirme comme l’un des démarrages les plus réussis que j’ai entendu de la part du combo depuis un moment. Deceiver, Deceiver rapide, concis et belliqueux, moins mélodique avec un esprit plus death/thrash/punk déboule comme pour rassurer ceux qui craindraient qu’Arch Enemy ait abandonné la hargne propre au style dans lequel il est censé évoluer. Y a même un ptit coup de blast à la fin. Ca remet les idées en place !

In The Eye Of The Storm invoque à nouveau l’esprit sacré du heavy avec un tempo plus martial et un riff qui n’est pas sans rappeler Black Sabbath (ère Tony Martin, Headless Cross pour être précis, Call Of The Wild pour être encore plus précis). Cependant, les guitares se lancent dans des mélodies et harmonies typiques du mélodeath des 90s sur le refrain. Retour de l’agressivité et de la vélocité sur The Watcher qui s’offre un thème (toujours à la guitare) aux accents plus folk sur le refrain (entraînant). 

Epique, c’est un adjectif que l’on ressortira souvent pour parler de Deceivers. Ecoutez le refrain de Sunset Over The Empire avec son ambiance et ses chœurs que l’on croirait empruntés à Accept. On a aussi les "Hey! Hey! Hey!" accompagnant les gros coups de batterie sur le break... on sent le titre parfaitement calibré pour le live. Ces "Hey!" reviendront d’ailleurs sur le lugubre et pesant Spreading Black Wings, à l’atmosphère travaillée, qui porte bien son nom. Mais avant, le programme aura livré des moments plus fédérateurs avec Poisoned Arrow dont l’intro clavier/cordes et sa guitare en son clair nous font croire à une ballade (une sorte de "Reason 2 Believe") alors qu’on est en réalité face à une plage heavy très mélodique au refrain qui se pare d’une touche dramatique avec ses "Is it worth dying for".... Fédérateur toujours : House Of Mirrors est une compo qui possède peut-être le riff le plus entêtant de tout l’album. Répété à l’envi, en début de morceau et sur chaque refrain, il vous sera difficile de l’oublier une fois l’écoute achevée (encore une très bonne compo, soit dit en passant).

La fin du disque, bien que toujours de qualité, n’est pas - à mon sens - aussi forte que ce qui a précédé. Mourning Star est un joli et court instrumental, One Last Time est un titre carré au gros refrain sur un lead de guitare héroïque, marque de fabrique du groupe. Exiled From Earth est un morceau épique (encore !), sorte de heavy/death guerrier reposant sur une rythmique proche de certains mid-tempos d’Amon Amarth, qui, s’il manque peut-être du panache digne d’un final en feu d’artifice, n’en reste pas moins efficace et plaisant. Alors oui, Arch Enemy peine un peu à sortir de sa zone de confort et pourrait surprendre davantage. Voilà, c’est dit (et ce n’est pas la première fois). Autre chose, les guitares sont classes, normal, mais là aussi, vous me voyez venir, je vais ressortir une petite critique que vous avez déjà entendue : les virtuoses Amott et Loomis ont les capacités de nous offrir quelque chose de plus fort (surtout le second, dont on dit parfois que son talent est un peu gâché dans ce groupe). Mais Arch Enemy n’est pas Nevermore ni le groupe de Loomis. Son objectif n’est pas de faire quelque chose de trop technique ou alambiqué, c’est son choix artistique... qu’il nous convienne ou pas.

Grosse machine ? Prévisible ? Arch Enemy continue de montrer un visage fédérateur certes, mais l’ensemble ne manque justement pas d’efficacité (et on est quand même loin de la musique d’ascenseur !). Le savoir-faire de compositeur d’Amott et Erlandsson n’est plus à démontrer, le son est de toute beauté (production confiée à Jacob Hansen oblige), Alissa demeure une vocaliste monstrueuse... On est face à du metal carré, varié, épique et attractif. Arch Enemy maîtrise son sujet, sans déborder du cadre, sans folie ou plans instrumentaux délirants, mais les hymnes sont bien là. Alors bien sûr, si la proposition ne correspond pas à vos attentes, personne ne vous force la main, passez votre chemin ! Par contre, si vous êtes d’attaque pour une bonne dose de mélodeath hymnesque/tubesque et proche de ses racines heavy metal, la copie rendue par Arch Enemy vous apportera pleine satisfaction. Ses qualités, son accessibilité et le nombre de pistes mémorables qu’il contient en font - il me semble - le meilleur album que le groupe ait sorti depuis l’arrivée de White-Gluz dans ses rangs. 

Tracklist de Deceivers : 

01. Handshake With Hell
02. Deceiver, Deceiver
03. In The Eye Of The Storm
04. The Watcher
05. Sunset Over The Empire
06. House Of Mirrors
07. Poisoned Arrow
08. Spreading Black Wings
09. Mourning Star
10. One Last Time
11. Exiled From Earth

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