Parmi les groupes de rock français qui ont subi de nombreuses railleries en tout genre, Satan Jokers est sur le podium.
Rappelons dans les grandes lignes l’histoire de ce groupe. 1979 naissance du groupe, il faudra attendre 1983, pour qu’un premier album sorte Fils du Métal. Suivront deux autres Trop Fou Pour Toi (1984), puis III en 1985. Ce sera le dernier et signera la fin du groupe.

En 1982, j’étais dans l’entourage d’un groupe lyonnais, lors d’un concert à la bourse du travail de Lyon où mes amis assuraient la première partie de Satan Jokers, je traînais alors dans les backstages. À cette occasion, j’ai croisé les quatre musiciens, croyez-moi, c’était quelque chose de croiser ces ovnis de la scène hard rock, cependant, je garde un souvenir ému, du bassiste Laurent Bernat disparu en 2004. Ce garçon respirait la gentillesse et la bienveillance.
Après l’aventure Satan Jokers, chaque membre se dirigea vers divers horizons, mais seul Renaud Hantson, continuera dans le milieu musical.
Malgré ses grands talents de chanteur et batteur, il ne parvenait pas à se relancer. Contre toute attente, c’est Michel Berger, qui lui offrira une réelle occasion de revenir sur le devant de la scène.
En effet, Renaud rejoint en 1988, la troupe de la seconde version de l’opéra rock Starmania. Il y tiendra le rôle de Ziggy et également de Johnny Roquefort.

Autant dire, que la surprise est de taille, il subit à ce moment une volée de bois vert, de la part de la communauté rock.
2008, sort une compilation de Satan Jokers, cela donne l’idée, et surtout l’envie à notre batteur et chanteur, de reformer le groupe. Il contacte Pierre Guiraud et Stéphane Bonneau, respectivement, chanteur et guitariste de la formation.
Ceux-ci déclinent poliment l’offre de Renaud, malgré l’insistance de ce dernier, qui a vraiment à cœur de relancer l’aventure.
Il fait donc fait appel à de nouveaux musiciens, et recrute le guitariste Michaël Zurita, le bassiste Pascal Mulot, Renaud souhaitant se consacrer davantage au chant, il fait appel à plusieurs batteurs, par la suite, c’est Aurélien Ouzoulias, qui occupera définitivement ce poste.
Si ces noms, ne frappent pas immédiatement les esprits, nul doute, qu’ils sont d’un niveau, qui n’a rien à envier à d’autres musiciens anglo-saxons de renommée.
C’est bien des années plus tard, que ma curiosité m’a poussé à y jeter une oreille, moins condescendante que mon sourire d’alors. À l’écoute du premier album de la reformation SJ 2009 (2009), je compris l’erreur et surtout la bêtise dont j’avais fait preuve.
L’excellent Fetish X (2009), Addictions (2011), Psychiatric (2013), Sex Opera (2014), et même l’improbable Symphönïk Kömmandöh (2018), tous ces albums sont de qualité, et démontrent le talent de chaque musicien, comme déjà évoqué, du haut, très haut niveau. À la sortie de Sex Opera Renaud Hantson, a déclaré à plusieurs reprises mettre un terme à cette nouvelle aventure de Satan Jokers. Pourtant en 2018 sort Symphönïk Kömmandöh, le chanteur/batteur déclarant la sortie de ce nouvel enregistrement, motivé par le concept de proposer une relecture en mode symphonique, de certains titres du répertoire de Satan Jokers, toutes époques confondues.

Passons maintenant à l’objet de cette chronique, Pas Fréquentables sort cinq ans après l’aventure symphonique. Et non, ce n’est pas une véritable nouveauté, mais un double album, constitué pour le premier disque, d’un enregistrement live de douze titres. Hélas aucune précision sur la période concernée, il me semble que ces enregistrements datent de 2017/2018, sans pouvoir le confirmer.
Le second disque lui, est une compilation en version anglaise, issue de titres depuis la reformation de 2009. Dans l’absolu, pas de quoi sauter au plafond et être incité à sortir la CB, la curiosité m’a poussé à le faire malgré tout, et bien m’en a pris.
Commençons par le live, le son sans atteindre des sommets est de bonne facture, on entend bien qu’il a fait l’objet d’un mastering, par conséquent, la qualité est tout à fait convenable.
Dès le premier titre Sorcier le ton est donné, nous allons passer un bon moment de rock, impression confirmée avec le second Fetish X d’une efficacité redoutable. U.S.A. en version live, prend toute sa dimension épique.
Le solo de guitare, digne de la grande époque des guitares héros, démontre le talent de Michaël Zurita, il introduit Get In On une reprise de T. Rex, que le groupe reprend régulièrement, brillamment exécuté.
Nous avons même droit, plus rare, à un solo de basse. S’il faut bien le dire, ce genre d’exercice me laisse de marbre, Pascal Mulot, avec son talent arrive à m’épater, en plaçant même des accords funky, qui passent admirablement bien. Ce solo introduit l’incontournable Fils Du Metal qui clôture l’album de bien belle manière.
Le second disque lui, n’est rien d’autre qu’une version anglaise de 17 titres, et contre toute attente, là encore, bien que d’un intérêt très limité, ces versions arrivent à être intéressantes. Sons Of Metal, Fetish X, Silicone Baby, chanté dans la langue de Shakespeare, arrivent à vous surprendre.

Au final, nous avons là un album de Satan Jokers, qui sans être une nouveauté, est digne d’intérêt. Qui nous fera regretter pour longtemps, si ce devait être le dernier, ce groupe de hard-rock français. Satan Jokers, tient l’étendard du hard-rock français bien plus haut, qu’un autre groupe hexagonal, qui entre deux procès intentés entre eux pour des raisons mercantiles, sortent des albums d’un ennui profond…suivez mon regard.
Renaud, lui, plutôt que d’utiliser sa gouaille pour donner des leçons de morale et politique, l’utilise pour mettre en garde contre diverses addictions, gouaille d’un niveau, bien au-dessus de qui vous savez. Chacun son combat.
Merci Renaud et tes potes, et chapeau messieurs d’avoir persévéré…

Chant, batterie - Renaud Hantson

Guitares - Michaël Zurita, Olivier Spitzer, Nicolas Espinasse

Basse - Pascal Mulot

Batterie - Aurélien Ouzoulias

Tracklist de Pas Fréquentables :

CD 1 (Live)

CD 2 (Versions Anglaises)