Qui aurait cru en 1999 que ce serait là - à ce jour - le dernier album de Rage Against The Machine ? Le quatuor californien enchaînait alors un troisième disque et était alors un groupe très important dans la scène rock. Oui je dis rock car le groupe transcendant différents styles (funk, hip-hop, hard rock) pour délivrer une recette totalement personnelle, immédiatement identifiable. L’échiquier des musiques metal avait bien évolué entre leur premier disque (1992) et ce Battle Of Los Angeles. Avènement de la scène néo, quasi-disparition de la scène hard rock (à la marge de ces principaux représentants), le monde de la musique avait changé. Au sein de RATM, des problèmes internes avaient déjà été révélés lors de la production d’Evil Empire. Le groupe avait réussi à les surmonter mais l’enregistrement de The Battle Of Los Angeles va enterrer le groupe. La sortie de ce disque sera d’ailleurs suivie quelques mois plus tard de l’annonce du départ de Zach de la Rocha s’orientant vers une carrière solo. Les trois autres membres, encore soudés aujourd’hui, partiront monter Audioslave avec le regretté Chris Cornell.
Les raisons du départ du chanteur ? Ce dernier estimait que le groupe manquait d’idées neuves, de capacité à se renouveler. Si on peut aussi y voir des envies de solo très fortes, la remarque sur le manque de renouvellement de RATM me semble pertinente. Le groupe avait une formule très marquée, très personnelle mais présentait peu de marges de manœuvres finalement. On retrouve sur ce troisième disque peu d’évolutions pour ne pas dire aucune. Les riffs de Tom Morello restent en première ligne mais aussi doué soit le guitariste, on avait la sensation que son registre le condamnait à se répéter. Il est à ce titre intéressant de noter que Chris Cornell aux vocaux totalement différents de Zach de la Rocha (euphémisme !!) permirent à Tom Morello de proposer autre chose de plus rock dans le cadre d’Audioslave. Sur The Battle Of Angeles, on retrouve quelques belles perles (Testify, Guerilla Radio, Sleep Now In The Fire), des paroles encore incendiaires, le chanteur traitant des sujets plus de l’ordre des problèmes urbains américains. La référence du titre est bien sûr en lien avec les émeutes de 1992 qui avaient alors beaucoup marqué l’Amérique.
J’avais quelque peu contesté la production d’Evil Empire. Sur cet album, le son me plaît beaucoup, très agréable, presque chaleureux sur le son de la guitare. Le job de Brendan O’Brien est à saluer selon moi. Ce disque de bonne qualité sonna le glas de RATM et mit un terme à l’aventure d’un des plus grands groupes des 90’s, un des plus influents c’est certain. Le disque de reprises Renegades ainsi que quelques best of et autres sorties ne compensèrent pas le regret de voir un sacré groupe dont il y a tant à dire, que ce soit les engagements politiques (très marqués politiquement) ou l’impact durable laissé par une musique abrasive préfigurant les croisements de style (qu’ils n’ont cependant pas inventé). Allez, tout juste râlerai-je sur l’aspect (paradoxal vu les messages déclamés) mercantile avec le retour live épisodique avec notamment un inoubliable Bercy. On notera l’annonce d’un concert au prochain Rock En Seine (il y aura donc au moins un groupe de rock sur l’affiche !! Mais pas des moindres !!) si le festival a lieu bien sûr. RATM reste un groupe majeur, fondamental, incroyablement original. Reste qu’avec un style si marqué, si peu enclin à évoluer, le groupe était peut-être "condamné" à être un épiphénomène aussi explosif et abrasif qu’éphémère.
Tracklist de The Battle Of Los Angeles :
01. Testify 02. Guerilla Radio 03. Calm Like A Bomb 04. Mic Check 05. Sleep Now In The Fire 06. Born Of A Broken Man 07. Born As Ghosts 08. Maria 09. Voice Of The Voiceless 10. New Millennium Homes 11. Ashes In The Fall 12. War Within A Breath