Artiste/Groupe:

Parkway Drive

CD:

Darker Still

Date de sortie:

Septembre 2022

Label:

Epitaph

Style:

Metal

Chroniqueur:

ced12

Note:

18/20

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Concernant Parkway Drive, je ne peux m’empêcher de penser au Metallica des années 90. Sans doute trop, les Australiens suivant leur propre voie, mais il y a clairement des similitudes. Parkway Drive a ouvertement dépassé le deathcore / metalcore « retournage de fosse » de ses débuts pour élargir sa palette, intégrer des éléments heavy à sa musique pour proposer un metal certes plus mainstream mais fédérateur, accrocheur avec un paquet de tubes (Crushed, Vice Grip, Wishing Wells, Prey et j’en passe...) pour un succès mérité à la clé. Et déjà quelques griefs de certains puristes qui vont avoir plaisir de râler à nouveau avec ce Darker Still ; spoiler alert pour eux : Parkway Drive ne reviendra pas en arrière. De fait, c’est peu dire que ce nouvel album était attendu vu la qualité des deux précédents. Sauf que le groupe a remis une pièce dans le jukebox (malgré lui) concernant ma comparaison avec les Four Hoursemen en se payant une belle crise interne qui, soyons francs, a fait un peu peur à ses fans (dont je suis, jouons cartes sur table). Annulation de la tournée nord-américaine, message expliquant que le groupe est en proie à des problèmes internes sur les réseaux sociaux … il y avait de quoi s’inquiéter un peu même si le groupe s’est toujours montré rassurant sur le moyen terme. Parkway Drive, bien que très pudique sur le fond, a un peu levé le voile sur les soucis rencontrés et a mentionné une thérapie de groupe. Comment le lecteur veut-il que j’abandonne ma métaphore Metallica évoquée en introduction ? Bon, en nuançant, il s’agirait plutôt ici d’une crise de croissance chez Parkway Drive (quand cela ressemblait plus à de la lassitude chez les Mets) et la production du dernier album semble avoir été chaotique dans un contexte sanitaire particulièrement dur en Australie (on repense à Djokovic qui en a fait les frais). Grosse pression aussi sans doute avec ce nouvel album pour un groupe qui ne s’était jamais posé depuis ses débuts. Ajoutons une crise de la quarantaine (et oui les années passent …) et on a là tout un lot de difficultés à gérer pour des gars qui sont désormais à la tête d’une formation devenue géante. 

L’arrivée de ce Darker Still confirme bien les ambitions du combo australien. Le monolithe noir ouvrant le clip du premier single doté d’un explosif riff tronçonneuse, The Greatest Fear, envoie un signal énorme : le groupe n’en a pas fini d’évoluer et se veut plus moderne, plus adulte aussi. Epargnons-nous la rhétorique sur l’album de la maturité mais il y a de ça. Les Aussies veulent proposer plus et mieux, évolution que des titres comme Writing On The Walls et Cemetery Bloom permettaient d’anticiper. Le morceau titre s’ouvre sur des sifflements typiquement Ennio Morricone (on pense encore aux Mets !) et déploie une atmosphère sombre très réussie avec un chant inquiétant et des lignes de guitares sublimes. Excellente paire de guitaristes qui mérite tous les éloges, très équilibrée entre un Jeff Ling lumineux et mélodique (les solos sur le morceau titre sont superbes) et un Luke Kilpatrick très solide et parfait soutien. Winston McCall est toujours aussi impressionnant avec ce chant surpuissant toujours aussi intelligible ce qui est appréciable. Ce point met en valeur des paroles avec des formules accrocheuses où les thématiques très sombres côtoient de très belles mélodies dans un contraste ébouriffant ("darker still ... until I die)". On trouve d’excellents refrains qui restent bien dans la tête (Ground Zero, Like Napalm). La section rythmique demeure très solide même si, naturellement, le registre moins explosif exploite de moins en moins l’immense talent du batteur Ben Gordon. Avec If A God Can Bleed (dont les paroles font écho au Wishing Wells de l’opus précédent), Winston nous la rejoue Spoken Word. Le groupe distille quelques surprises tout du long de ce disque qui propose une meilleure densité que les précédents où le niveau était un chouilla plus inconstant à mon goût. Mais, au-delà de ses velléités de proposer une musique plus élaborée, le groupe garde un côté fun et une certaine simplicité. On ne se refait jamais complètement quand bien même on essaie. Le retour à un hardcore plus old-school et plus explosif sur un Soul Bleach semble avoir été un chouette défouloir pour les musiciens. Un titre qui devrait faire son petit effet en live et qui a déjà la faveur des fans dans les premiers échos lus ici et là.  

Pour moi, Parkway Drive avait déjà changé de dimension avec l’enchainement Ire Reverence et franchit encore un cap dans son évolution cohérente avec ce Darker Still qui devrait à mon sens lui permettre de confirmer et valider ce nouveau statut. Cela ne s’est pour autant pas fait sans souffrance et sans le besoin de faire un point salutaire pour remettre le groupe sur de bons rails. Le groupe, assez sobre sur ces dissensions internes, ce qui est honorable, a su affronter et (espérons) surmonter ses quelques tourments intérieurs qu’on retrouve par ailleurs dans des textes abordant notamment les sujets de la santé mentale, thématique apparemment sensible pour le chanteur (lui qui clame un éloquent "I cannot sleep, I cannot hide, I cannot take one more night in the dark side of my mind"). Rassurons-nous avec les échos liés à la sortie de ce nouvel album qui semblent très positifs et des musiciens semblant très soudés. Je ne peux que vivement recommander la date imminente à venir au Zénith de Paris (le 27 septembre). Non seulement parce qu’ils y seront très bien accompagnés (par les excellents While She Sleeps ainsi que les brutaux et intéressants Lorna Shore) mais aussi parce qu’après trois années sans scène, on devine chez nos surfeurs une grosse dose d’énergie à revendre. Cela risque d’être particulièrement explosif. Désormais, au-delà des comparaisons, Parkway Drive est devenu un géant du genre, particulièrement attachant en prime. Les Aussies se tracent une voie remarquable. Un groupe majeur, un des plus impressionnants de notre époque (en live notamment) et, à mon avis, appelé à régner sur la scène Metal dans les années à venir.



Tracklist de Darker Still :

01. Ground Zero
02. Like Napalm
03. Glitch
04. The Greatest Fear
05. Darker Still
06. Imperial Heretic
07. If A God Can Bleed
08. Soul Bleach
09. Stranger
10. Land Of The Lost
11. From The Heart Of The Darkness

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