Artiste/Groupe:

Parkway Drive

CD:

Reverence

Date de sortie:

Janvier 2019

Label:

Epitaph

Style:

Metalcore

Chroniqueur:

ced12

Note:

17.5/20

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Alors que les groupes « historiques » partent pour certains à la retraite (méritée) ou réduisent la voilure (ce qui est légitime), le monde du Metal se cherche de nouveaux porte étendards. Et pour ma part, je crois beaucoup en Parkway Drive. Le lecteur me demandera peut-être d’argumenter sur ce choix. Pas de problème. Actif depuis 2002, le line up est stabilisé depuis 2006 et le groupe australien, déjà sept albums au compteur, a commencé par fourbir ses armes sur des petites scènes pour déjà assurer – et ce, de manière fracassante – la tête d’affiche de festivals comme le Wacken Open Air ou le Summer Breeze, excusez du peu. Sans évoluer dans le même style, on ne peut que faire le lien avec un groupe cher aux fans de Hard des seventies avec les origines celtiques des membres du groupe. Aussi, on note une réelle progression chez cette formation tant sur album qu’en live. Mieux même, les Aussies ont opéré une véritable mue artistique avec le précédent disque Ire, paru en 2016, où le groupe avait incorporé une véritable dimension heavy à un metalcore (après avoir été plutôt deathcore à leur début en passant) permettant un dépassement d’un style un poil caricatural et surtout une amélioration qualitative remarquable. Des morceaux comme Crushed, la fracassante intro Destroyer ou les très accrocheuses Vice Grip et Fractures sont de parfaites réussites et sont irrésistibles en live. Avec un peu de recul, le très typé Dedicated opérait presque une transition parfaite entre deux époques pour un groupe conscient du besoin (et de l’envie) de proposer autre chose. Toutes proportions gardées, l’évolution artistique peut faire penser – à une toute autre échelle bien sûr – au choc qu’avait pu représenter le Black Album pour les fans de Metallica. Comme pour les Four Horsemen au début des années 90, les fans historiques grincèrent des dents devant le changement proposé et il m’arrive de penser que l’étiquette "metalcore" accolée à Parkway Drive en a empêché certains de s’y intéresser. Que le lecteur pardonne la mauvaise foi du fan que je suis. 

 

Mais comme MetallicaParkway Drive n’est pas revenu en arrière sur l’album suivant, celui du « changement ». Le groupe assume et à mon sens, à raison. Ce Reverence (y aurait-il un lien entre les titres Ire et Reverence ? En tout cas une continuité artistique évidente, c’est certain) est donc sorti deux ans après un Ire dont la tournée avait déjà vu le groupe franchir un cap avec concert en tête d’affiche sold-out et surtout gros show avec pyrotechnie. Les Australiens ont bien compris l'impact du live et jouent le jeu à fond. Sur ce Reverence, en terme de production, on s’y retrouve même si l’ambiance paraît plus sombre qu’un Ire. Mais le groupe va un peu plus loin et Winston McCall, impérial sur ce Reverence, démarre par un spoken word inquiétant avant d’envoyer un « Until I’m Done » rageur. Le morceau en mode rouleau compresseur est une réussite totale. Bien sûr, les rythmiques saccadées typiques du metalcore sont bien là mais l’absence de chant clair ainsi qu’un réel dynamisme de l’ensemble permettent à Parkway Drive de proposer quelque chose en plus. Le metalcore du groupe n’est pas renié mais dépassé. Le riff sautillant de Prey semble avoir été écrit pour la scène et ça cartonne. Grosse énergie, refrains fédérateurs, les deux premières pistes sont juste démentes. Absolute Power permet au groupe de rappeler sa passion pour Rage Against The Machine avec ce riff tout en puissance qu’un Tom Morello n’aurait pas renié. Sur Ire, le groupe s’était essayé avec Writings On The Wall à un spoken word ambiancé, ce qui s’était révélé une réussite. C’est partie remise avec un très inquiétant Cemetery Blood qui lance sur de très bons rails le très classique mais hyper efficace The Void. Comme sur le disque précédent, le niveau redescend un peu d’un cran sur d’autres pistes mais cela reste de bonne facture. Fort de son succès grandissant, le groupe tente des choses et inclut même du violon dans une piste comme Chronos et là encore, c’est un coup gagnant, le morceau se faisant remarquer.

Le lecteur l’aura compris, je suis totalement conquis par la nouvelle direction prise par le groupe, ravi de ce dépassement d’un metalcore où le groupe tirait son épingle du jeu mais risquait de se répéter, surtout au sein d’une scène qui n’en finit plus de se caricaturer (même si certains groupes comme While She Sleeps mérite le détour). Surtout, porté par des titres d’une efficacité inouïe, catchy à souhait et ultra fédérateur, le groupe, qui par ailleurs dégage un capital sympathie énorme, a tout d’une nouvelle star. J’espère en tout cas que le lecteur aura envie de donner une chance à ce groupe, ne serait-ce que parce que du haut de mes 38 ans, je me sens un peu vieux au concert du groupe.
Un Zénith de Paris est prévu en 2020. Immanquable !  

 

Tracklist de Reverence :

01. Wishing Wells
02. Prey
03. Absolute Power
04. Cemetery Bloom
05. The Void
06. I Hope You Rot
07. Shadow Boxing
08. In Blood
09. Chronos
10. The Colour Of Leaving

 

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