Est-ce la période qui veut ça ? De l’afflux quotidien de "bonnes nouvelles" venant de tout autour du globe ? De la tension générale qui semble devenir une mauvaise habitude de nos sociétés ? Toujours est-il qu’avec la sortie concomitante du dernier méfait de My Dying Bride (grand moment de joie de vivre / gaieté / bonheur en perspective) et du dernier Pallbearer qui va occuper cette missive, deux sorties certifiées 100% endorphine sont au programme de ce (pas très jusqu’ici) joli mois de mai 2024. Originaire de l’Arkansas, le quatuor articulé autour de Brett Campbell (chant et guitare) et composé de Devin Holt (guitare), Joseph D. Rowland (basse, claviers, un peu de vocaux aussi) et de Mark Lierly (batterie), nous offre déjà son cinquième album en une grosse décennie ce qui est pourrait laisser penser que le groupe est très productif. C’est certes le cas mais ce dernier effort fut semble t-il compliqué à produire, avec deux séances avortées avant de finir par proposer cette version définitive. En fait, le groupe fut particulièrement inspiré après un break salvateur (après le cycle Heartless en 2017-2018) mais si la production de Forgotten Days (paru au cours de la glorieuse année 2020)fut satisfaisante, la suite fut rendue très compliquée par un contexte sanitaire qui n’a échappé à personne.
Quelques galères au programme, une certaine difficulté à bien se trouver, Pallbearer a donc eu à gérer une production délicate mais a fini par retomber sur ses pieds, expérience oblige. Et d’entrée, le groupe surprend avec une ballade inattendue en ouverture de disque. Couillu oserai-je dire tant on sait que démarrer pied au plancher fait partie des fondamentaux de notre style de prédilection. Sauf que pas d’inquiétude, les américains savent faire et les quelques guitares bien doomy nous rappellent qu’on est pas ici chez U2. Enfin j’aurais dû retenir Rush comme comparaison tant la référence semble être revenue chez les premiers commentaires. Ce ressenti vient surtout de la voix caractéristique de Brett Campbell qui au passage assume cette glorieuse référence. Après ce lancement qui prend à contre-pied l’auditeur, les longues pistes arrivent avec deux pointes à plus de dix minutes (Endless Place & With Disease) où Pallbearer prend son temps, pose ses ambiances, emporte l’auditeur dans son univers doom mais néanmoins offrant un peu de lumière. Le rythme se fait lent, languissant, les voix harmonisées rappellent parfois le spectre du grand Alice In Chains, les guitares pachydermiques posant bien une ambiance générale sombre comme il se doit.
Production compliquée pour ce nouvel album donc mais la qualité est au rendez-vous. Et c’est ce qu’on retiendra de ce nouvel album de Pallbearer impeccable de bout en bout en plus d’offrir de belles surprises. On déconseillera tout de même l’écoute de ce disque en regardant une chaîne info le combo des deux pouvant être un peu dur à encaisser (bon en fait on déconseillera tout court les chaînes d’information qui portent si mal leur nom mais là est un tout autre sujet). Un sacré disque, inspiré, cohérent d’un groupe qui mérite des éloges.