Attention OVNI !
Après trois démos, The Raging Wrath of the Easter Bunny en 1986, Goddammit I Love America! en 1988, et OU818 en 1989, le clown de Mr Bungle (qui est à l'origine une figure éducative de l’hygiène à l’américaine) apparait en 1991 sous la forme d’un album éponyme. Album qui frise l’heure et quart, aimé, autant que détesté (Qui a parlé de Anthony Kiedis ?), mais qui ne laissera clairement pas indifférent.
Pour celles et ceux qui ne connaitraient pas cet hybride musical qui flirte aussi bien avec le ska, le metal, le free-jazz que la musique de cirque, il est temps de faire connaissance. On y trouve le "musicophage" Mike Patton au chant et aux claviers, Trey Spruance à la guitare, Trevor Dunn à la basse, Danny Heifetz à la batterie, et Clinton McKinnon et Theo Lengyel aux saxophones. Un monstre à six têtes venait de voir le jour, sous la houlette de John Zorn (Naked City,…), estampillé label rouge d’une forme de folie créatrice.
Définir la musique de Mr Bungle n’est pas une chose aisée. Elle est à la fois complexe, touffue, épaisse et d’une richesse hallucinante. Alors il y a bien des lieux communs comme les changements brutaux de rythmes, l’utilisation de samples, de chant et de growls… Mais c’est l’agencement de tout cela qui en fait un OVNI, qui peut donner parfois la sensation d’avoir ni queue ni tête, mais qui en fait est savamment travaillé.
Des titres comme Quote Unquote (Travolta) alterne rythmique pachydermique et passage planant. Le très sautillant et accrocheur Squeeze Me Macaroni donne des envies de sauter partout. Carousel est porté par une ligne de cuivre qui reste dans la tête toute la journée. Le drôlissime My Ass Is On Fire ou bien encore Love Is A Fist, sont autant de titres qui sont tout aussi bien hyper efficaces tout en étant bourrés de créativité.
L’album a tout de même des limites. Les samples entre les morceaux sont parfois un peu lourds et peuvent démotiver un auditeur peu enclin à digérer des parties totalement fouillis. Et puis il y a des titres qu’il faut tout de même accepter de se coltiner, ce n’est clairement pas donné à tout le monde de se "taper" les dix minutes de Dead Goon pour en apprécier les moindres recoins, il faut savoir être prêt à affronter cet album, c’est une évidence.
Le groupe avait également sa manière à lui d’appréhender la scène. Ils étaient férus de reprises diverses et variées : Drug Me des Dead Kennedys, le musique du jeu vidéo du plombier moustachu ou encore Ennio Morricone, chaque concert était l’occasion de se faire un petit plaisir coupable… Tout comme leurs déguisements, souvent grotesques et totalement décalés, afin que le public le vive comme une expérience. Le groupe avait même mis en place des séquences d’improvisations musicales bruitistes qu’ils appelaient "le Théâtre de la Cruauté" en écho à Antonin Artaud… Bref le public ne pouvait pas oublier un show de Mr Bungle…
Ce premier véritable LP pose les bases d’un style à part, qui inspirera d’autres protagonistes à continuer ces expérimentations. Les albums suivants seront plus accessibles, et California en particulier, ce qui fait de ce Mr Bungle, une expérience et un album définitivement particuliers.
Tracklist de Mr Bungle :
01. Quote Unquote (Travolta) 02. Slowly Growing Deafµ 03. Squeeze Me Macaroni 04. Carousel 05. Egg 06. Stubb (A Dub) 07. My Ass Is On Fire 08. The Girls Of Porn 09. Love Is A Fist 10. Dead Goon
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