Artiste/Groupe:

Metal Church

CD:

XI

Date de sortie:

Mars 2016

Label:

Nuclear Blast

Style:

Heavy Thrash Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14/20

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Metal Church : plus de trente ans d'existence, un premier album culte sorti en 1984, des hauts (surtout au début), des bas, des "bof"... mais Metal Church est toujours là. Inamovible, indestructible, le navire mené par Kurdt Vanderhoof (guitariste et seul rescapé de la formation originelle) n'a pas encore coulé. Mieux que ça, il revient et tente le coup de la renaissance avec un nouveau changement de line-up... mais pas n'importe lequel. En effet, le "nouveau" vocaliste qui remplace Ronny Munroe n'est autre que Mike Howe... et ça, ça change la donne ! Parce que Howe est quand même, de l'avis général (ou du mien, c'est déjà ça) le meilleur chanteur qu'ait eu Metal Church. Et il a officié sur des albums qui comptent parmi les véritables réussites du groupe (Blessing In Disguise et The Human Factor surtout... mais aussi Hanging In The Balance, moins fort que ses prédécesseurs mais tout de même honorable). Faisons cependant preuve de prudence. Le retour d'un ancien membre, aussi respectable soit-il, n'implique pas nécessairement que l'album va être une réussite... Mais il est clair que cela peut rendre curieux. Alors, que vaut XI ? Oui, si vous vous posiez la question, il s'agit bien du onzième album du groupe...

Dès Reset, le ton est donné : les Américains ont décidé de faire dans l'efficacité. Riff heavy/thrash bien old school (ça sent les années 80), tempo rapide, concision (le titre dure à peine quatre minutes), ambiance vindicative et mélodie accrocheuse... ça démarre très bien. Cela faisait vingt-trois ans qu'on n'avait pas entendu Howe chanter, on pouvait avoir quelques craintes... eh bien non, le monsieur n'a pas perdu sa voix et ça fait plaisir ! Tout cela (la bonne forme du groupe et de Mike Howe) se confirme sur Killing Your Time. Riffing efficace, section rythmique solide, lignes de chant accrocheuses et puissantes... ça sent bon. On n'ira pas jusqu'à dire que c'est dément et qu'on n'a jamais entendu ça auparavant. La musique proposée est classique et sobre. Disons juste que le niveau est tout à fait honorable et que l'ensemble, direct et efficace, fonctionne bien. Rien d'incroyable mais une bonne nouvelle pour les fans de Metal Church, c'est sûr.  

On pense que les choses vont se calmer avec l'intro acoustique de No Tomorrow mais c'est un leurre car, à peine trente secondes plus tard, la batterie de Jeff Plate (en forme) se fait martiale et le tempo s'accélère. L'envie d'en découdre ne fait aucun doute. Le riff est chouette et la ligne de chant du couplet est bien trouvée... Howe excelle. En revanche, le refrain, très (trop) simple avec ses "No Tomorrow" répétés sans variation, manque d'envergure. Bonne compo tout de même. On sent que le retour de Howe a motivé les troupes. Parce qu'un bon chanteur ne fait pas tout, il fallait des compos capables de réellement capter l'intérêt de l'auditeur. Ce n'est pas forcément toujours le cas tout au long de ce onzième opus mais, dans l'ensemble, Vanderhoof s'est décarcassé pour trouver quelques riffs bien efficaces et insuffler une certaine énergie à ses nouvelles chansons. Bien sûr, je mentirais si j'affirmais que l'ère Ronny Munroe était dépourvue de bons morceaux ou de niaque... Mais franchement, j'ai essayé d'écouter ces albums (This Present Wasteland et A Light In The Dark surtout) à quelques reprises et, bien que j'y ai trouvé des moments plaisants, je n'ai pas été captivé et n'ai jamais eu spécialement envie de les approfondir plus que cela. Du Metal Church qui applique toujours la même recette, avec un peu moins d'inspiration et un chanteur moins impressionnant que ses prédécesseurs... ce n'était pas mauvais mais pas très excitant non plus. 

Un mot sur le son ? La production est tout à fait correcte. Sobre et efficace. Tous les instruments sont audibles (merci pour la basse qui n'est pas noyée derrière une énorme batterie et des guitares écrasantes comme c'est souvent le cas ces temps-ci)... Le mix privilégie tout de même un chouilla trop la voix de Howe, ce qui retire un peu de puissance à un ensemble qui demeure donc satisfaisant mais pas éblouissant. Même chose pour ce qui est de l'artwork. On n'ira pas jusqu'à le qualifier de fantastique mais on reconnaîtra qu'il est assez sobre et rompt avec la très étrange tradition des illustrations mochissimes adoptée par le groupe depuis (presque) toujours. C'est suffisamment rare (et donc remarquable) pour être signalé.

Passons rapidement en revue le reste de l'album. Après un démarrage sans génie mais vraiment bien fichu et qui a permis de retrouver le Metal Church que certains d'entre nous ont aimé il y a bien longtemps, le tempo et l'intensité ralentissent un peu avec Signal Path et Sky Falls In. La variation est appréciable mais les compos sont tout de même moins accrocheuses, je trouve. Surtout Signal Path qui traîne en longueur (sept minutes). Needle & Suture ramène un peu de dynamisme avec son riff carré et son allure plus enlevée. Le combo crée une ambiance inquiétante sur la mid-tempo Shadow. Les parties de guitare et le chant sont assez envoûtants, j'aime beaucoup la recherche mélodique sur ce dernier titre... Dommage que le refrain ne soit pas tout à fait à la hauteur et fasse légèrement retomber le soufflé. Imparfait mais séduisant tout de même. Puisqu'on parle d'atmosphère pesante et menaçante, notons que la lourde Blow Your Mind et It Waits (qui commence lentement mais connaît une seconde partie plus fougueuse... et un solo très réussi) exploitent également ce registre. En guise de conclusion, Suffer Fools ramène le heavy remuant et efficace au premier plan, histoire que ce XI se termine comme il a commencé.

Verdict : le retour de Mike Howe était une bonne idée et cela se confirme à l'écoute de cet album. Avec XI, Metal Church retrouve une identité plus séduisante, regagne un peu de son prestige perdu et signe un bon retour. Il ne s'agit pas non plus du come-back fracassant que certains espéraient - ce nouvel album ne possède en effet pas l'intensité des meilleurs travaux du groupe - mais grâce à quelques compos plus inspirées que la moyenne des chansons pondues par Vanderhoof et ses compères depuis une vingtaine d'années et la réapparition providentielle de Howe, on passe un bon moment et tient là ce qui est sûrement l'effort le plus convaincant de Metal Church depuis Hanging In The Balance. C'est toujours ça de pris. 

Tracklist de XI :

01. Reset
02. Killing Your Time
03. No Tomorrow
04. Signal Path
05. Sky Falls In
06. Needle & Suture
07. Shadow
08. Blow Your Mind
09. Soul Eating Machine
10. It Waits
11. Suffer Fools