Souvenez-vous de 1999, nous approchions de la fin du siècle, du millénaire, voire du monde… Nous étions proches d’un basculement déterminant pour toute l’humanité. 1999, c’est le chiffre de la bête à l’envers, le bug du passage à l’an 2000, la tempête du siècle, Miley Cyrus venait de perdre sa virginité… Tant d’horreurs auxquelles nous n’étions pas préparés… Pour ceux qui n’étaient pas nés : ta mère sait que tu écoutes du metal, petit scarabée rebelle ?
Mais 1999, c’est aussi et avant tout (pour cette chronique) la sortie du troisième album de Lofofora, Dur Comme Fer. Et ces coquins nous refont le coup du contrepied… Pour rappel, un premier album chef-d’œuvre de fusion, un second qui lorgne fortement du côté du thrash, et ce troisième album est un modèle de noirceur, à l’image de sa pochette.
« Regarde tomber les étoiles », ah ben en voilà une mise en bouche. Reuno ? Un souci, un problème ? Tu te transformes en Paco Rabanne ? Dès ce morceau d’ouverture, on sait que Lofofora a changé. La production est plus rugueuse, plus lourde, la manière de chanter plus sombre et les textes qui donneraient même à Oui-Oui l’envie de mettre sa belle voiture rouge et jaune dans le premier platane disponible. Au Secours traite de ce système qui nous broie, jour après jour, et du triste chemin que prend l’humanité. Un bien triste bilan…
Contrairement aux autres albums, certaines chansons se veulent plus inquiétantes, moins directes pour laisser la place à un tempo plus lent, à une douceur finalement peu rassurante. Charisman, qui se veut une critique de toutes les sortes de fanatismes, Les Liquides De Mon Corps sur le suicide, ou Dur Comme Fer qui pose la question des valeurs et des croyances de chacun, sont trois morceaux qui sonnent différemment de ce que les Lofos avaient proposé jusque-là.
Incarné, Série B et 1 Million sont certainement les titres les plus classiques dans cet album, et pas forcément les plus intéressants dans la discographie du groupe. Mais combien de groupes font du 100% sur un album ?
En revanche, il y a quelques perles à savourer dans cet album. Les Gens fait la part belle à Philgood, bassiste émérite du groupe qui fait étalage de son talent avec ce rythme syncopé qui donne de suite l’envie de sauter partout. Weedo, avec une rythmique extrêmement basique mais d’une efficacité à toute épreuve, rend hommage à la belle Marie Jeanne.
On y trouve aussi son lot de morceaux bien rentre-dedans, avec l’enchaînement de Rêve Et Crève En Démocratie et de 5 Milliards (de malades mentaux) qui nous donnent notre pain thrash/punk quotidien. Et c’est quand même après cet enchaînement que l’on peut (encore une fois) apprécier la diversité des compositions de cette galette. Beaucoup de styles sont représentés et tout le monde est à l’aise, Edgar fait preuve d’une énergie exceptionnelle et Farid a toujours ce groove naturel qui le caractérise.
Et pour finir en beauté, le titre PMGBO (Partouze Musicale Gang Bang Oral) célèbre les dix ans du groupe. Et comme pour tout anniversaire qui se respecte, on invite les potes : La Calcine, Kabal, LTNO, Oneyed Jack ou bien encore Mass Hysteria. Chacun y va de son flow, de son couplet pour un morceau qui prend sens par la bonne humeur qui en transpire.
Troisième album, troisième chef-d’œuvre, plus sombre certes, avec des imperfections comme tout chef-d’œuvre. Il sera l’épitaphe de la formation originelle. Un testament de haute volée, qui aura eu l’insigne honneur de nous en mettre une belle… volée.
Tracklist de Dur Comme Fer:
01. Au Secours 02. Charisman 03. Incarné 04. Les Gens 05. Serie B 06. Dur Comme Fer 07. 1 Million 08. Rêve Et Crève En Démocratie 09. 5 Milliards 10. Les Liquides De Mon Corps 11. Weedo 12. P.M.G.B.O
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