Le moment tant attendu ou tant redouté selon les points de vue est arrivé ! Nous avons pas mal évoqué ce Linkin Park version 2.0 dernièrement dans notre webzine et il est temps de se pencher sur cette nouvelle mouture. Avec envie ? Crainte ? Circonspection ? Pour donner une couleur à cette missive, je tiens à préciser qu’il s’agit là d’un groupe que je vénérais du temps de Chester Bennington, artiste que j’adulais bien au-delà de ce qu’on pouvait imaginer. Comme ça je suis d’ores et déjà classé dans une catégorie par nos lecteurs. La mort de ce dernier sonnait pour moi la fin du groupe…
C’est donc sept ans plus tard que le groupe refait surface (imaginez juste un instant ma tête le jour où je l’ai appris) avec une version 2.0 puisque ces derniers accueillent Emily Armstrong (quoi ? Une chanteuse ?)pour remplacer l’irremplaçable Chester, et en plus Rob Bourdon n’est même plus de la partie ! OK Linkin Park is dead, rideau, terminé pour moi messieurs dames ! Bon courage Mr Shinoda et consort pour la suite. Et puis après tout, merde quoi ! Linkin Park c’est avant tout un pu….de super bon groupe de nu metal, il doit forcément en rester quelque chose, d’autant que les membres survivants ont choisi Emily sachant que Chester aurait fait de même (ouais ok ça n’engage qu’eux, mais quand même), même si son propre fils n’est pas de cet avis. L’héritage risque d’être longtemps tourmenté. Mon cœur oscille entre balancer ce disque aux orties ou écouter le nouveau Linkin Park, et après avoir regardé cette galette un long moment, bah aller go, in the platine !
Et ça démarre en fanfare avec The Emptiness Machine, premier single de cet opus qui nous remet dans un fauteuil bien cocooning puisqu’on retrouve tous les éléments propres au groupe avec une guitare et ce son unique, et l’apparition après une bonne minute de la nouvelle venue Emily Armstrong qui, il faut le reconnaitre trouve de suite sa place dans le groupe, propose une partie vocale parfaite entre chant clair et hurlé, digne successeur de feu Chester selon celui qui écrit ces quelques lignes.
Si Cut The Bridge continue dans la même lignée puisqu’on retrouve ici ce chant rappé typique et les éléments electros qui ont fait le sel du groupe des dernières années, la mélodie très saccadée ne m’a absolument pas emballée, comme si ce titre était fait sur mesure pour la nouvelle chanteuse. Au moins ce sentiment ne perdure pas puisque Heavy Is The Cross arrive en trombe, une tuerie de chanson Parkienne au possible avec zéro défaut et tous les ingrédients de la réussite, et une Emily qui trouve ici toute sa place et apporte même un plus à la musique du groupe. Un tube en puissance qui finira dans toutes les setlists du groupe sur scène, à coup sur. Le tempo ralentit sur Over Each Other, dommage, même si Linkin Park nous avait habitué dernièrement à ce type de chansons.
On repart sur un brulot presque punk sur Casualty, tout en violence avec de la hargne partout, tant dans la frappe que dans le chant. Ça déménage sévère ici pour mon grand plaisir, je dois l’avouer. Le soufflet retombe une fois de plus sur Overflow avec un titre tout en suspens, presque atmosphérique mais efficace là-aussi, une autre palette du groupe en somme. On retrouve l’esprit de Casualty sur Two Faces, dans la plus pure mouvance Linkin Parkienne, concis, efficace, puissant et maintenant presque punk, effet Emily oblige.
Je passerais très rapidement sur Stained, trop popisant pour mes oreilles du moment, pour me concentrer sur IGYEIH qui nous montre des sonorités electros mieux maitrisées par le groupe, puisque ici elles sont juste en accompagnement pour donner du corps à l’ensemble. Le nouveau son de Linkin Park se retrouve emprisonné dans ce titre, et le lecteur assidu pourra se concentrer sur ce morceau pour se faire une bonne idée du virage pris par le groupe. L’album se conclut sur Good Things Go que je ne trouve pas exceptionnel, une fois encore trop pop, mais qui me fait dire surtout : putain les gars à peine plus de trente minutes de musique c’est raide quand on connait le talent des compositeurs du groupe, mais il faudra s’en contenter, le groupe étant assez friand de ce type d’album assez condensé avec des morceaux très concis ne dépassant guère les quatre minutes.
Au final on est très très très loin d’un Meteora, forcément quelle tuerie cet album, mais plus dans la mouvance d’un son Parkien des dernières années du Park I version Living Things ou The Hunting Party, et donc From Zero respecte bien l’évolution du groupe que je nommerai Park II. Alors oui on pourra discuter longtemps en cette fin d’année autour des tables de réveillons entre la dinde et la buche sur le pour ou contre Emily, et ne comptez pas sur moi pour vous aiguiller, mais dire que le groupe a su se relever de cette terrible épreuve est un fait, et que la route est encore longue pour eux est une certitude. En tout cas le virage est amorcé et le rouleau compresseur avance, il suffit de constater les affluences des derniers shows du groupe.
Tracklist de From Zero :
01. From Zero (Intro) 02. The Emptiness Machine 03. Cut The Bridge 04. Heavy Is The Cross 05. Over Each Other 06. Casualty 07. Overflow 08. Two Faced 09. Stained 10. IGYEIH 11. Good Things Go