KK Downing est de retour, toujours décidé à livrer sa version de Judas Priest avec son ex-compagnon de jeu : Tim "Ripper" Owens. A.J. Mills officie en tant que second guitariste, Tony Newton tient toujours la basse et Sean Elg rempile pour maltraiter sa batterie. C’est exactement le même lineup qu’il y a deux ans et, musicalement, ne vous attendez pas à davantage de bouleversements... Certains titres de chansons en disent bien plus qu’un long discours : Sons Of The Sentinel, One More Shot At Glory, The Sinner Rides Again... KK, vraiment ? Que va-t-on nous servir sur le prochain opus ? The Return Of The Painkiller, Jawbreaking The Law After Midnight et Still Screaming For Vengeance ? Passons... Pour rappel, je n’ai pas trouvé le premier album brillant, loin de là. Bonne nouvelle : The Sinner Rides Again est meilleur. Moins bonne nouvelle : ça n’est - d’après moi  (je n’affirme pas détenir la vérité) - toujours pas génial. 

Vous vous en doutez, The Sinner Rides Again propose du heavy metal extrêmement classique (mais bien énergique/puissant) et ne prétend pas réinventer la roue. Il reprend les choses là où Sermons Of The Sinner les avait laissées. Les comparaisons avec Judas Priest sont inévitables. On aimerait bien s’en passer mais, comme remarqué dans le paragraphe précédent, KK lui-même cultive fortement les références à son ancien groupe. C’est ainsi. Certains reprochent à Downing de trop vouloir faire sonner son groupe actuel comme son ancienne formation. Il ne faut pas faire preuve de malhonnêteté intellectuelle : le gars est un membre fondateur de Judas Priest et il en a fait partie pendant un peu plus de quarante ans. A quoi s’attendre d’autre ? Laissons tout cela de côté et penchons-nous plutôt sur cette galette !

Pourquoi The Sinner Rides Again est-il meilleur que Sermons Of The Sinner ? Déjà, l’album est mieux produit. Le son est plus percutant. Un certain Jacob Hansen est passé par là... et ça s’entend. Ensuite, l’ensemble est plus concis : neuf pistes, quarante minutes. Certaines compos sont même franchement courtes (Strike Of The Viper dure moins de deux minutes trente, Reap The Whirlwind dépasse de peu les trois minutes trente) et voient ainsi leur impact amélioré. Autre bon point ? Les guitares brillent davantage cette fois-ci, la paire Downing/Mills propose des riffs et solos plus remarquables. La cohésion/complicité du duo semble plus forte. Et il y a aussi la performance de Ripper. Cependant, je vais être obligé d’être plus nuancé sur ce point. Il y a du positif mais pas uniquement. Owens est toujours impressionnant de puissance et d’aisance. En plus, il ne fait pas que crier et adopte une approche plus variée... mais cela reste perfectible (à mon goût), on en reparle dans un instant. 

Tous les points ci-dessus font que ce deuxième album me semble supérieur au premier. Et, bien sûr, il reste un autre critère à prendre en compte et pas des moindres : l’écriture. Là aussi, je trouve que certaines compos font davantage mouche sur ce cru 2023. La première moitié d’album renferme notamment quelques morceaux vraiment convaincants. Les deux cités ci-dessus par exemple : Strike Of The Viper avec son riff bien rentre-dedans et son refrain qui claque me plait beaucoup. Reap The Whirlwind et ses guitares qui évoquent le classique Freewheel Burning s’avère très entraînante aussi. Je suis moins impressionné par One More Shot At Glory mais, dans le genre gros hymne metal mid-tempo qui va faire lever le poing en concert, je reconnais qu’elle fonctionne globalement un peu mieux que certaines tentatives de 2021. Le reste du disque contient à boire et à manger. J’aime bien le fait que KK’s Priest ne fasse pas que du Painkiller. La seconde moitié du disque (moins immédiate ou enlevée, plus sombre) comporte, à ce titre, des éléments intéressants. Hymn 66 arbore un feeling nettement plus 70s et des riffs ou mélodies proches de compos comme The Ripper ou Dissident Aggressor. Une fois l’intro (claviers et narration) passée, son départ menaçant m’a même fait penser à du Mercyful Fate. Keeper Of The Graves donne aussi dans un style plus lugubre (sympa, les chœurs au début) et Pledge Your Souls cultive une facette bien lourde. Sur le papier, c’est pas mal. Dans la réalité, cette partie d’album manque parfois d’accroche et quelques compos peinent à me plaire (ou me marquer) autant que celles présentes au début du disque.

Cela dit, tout n’était pas rose dès le démarrage non plus. Vous remarquerez que je n’ai rien dit sur Sons Of The Sentinel, le morceau d’ouverture. Je vais le faire maintenant, cela me permettra d’en dire plus sur l’un des bémols de cette œuvre. La ligne de chant de Ripper sur le couplet m’énerve un peu. C’est trop aigu, forcé. Un peu caricatural à mon sens. Cela vient me gâcher une compo qui, par ailleurs, ne manque pas de mordant. Owens en fait donc parfois trop. Les superpositions de pistes vocales, ça peut finir par fatiguer. Surtout quand les mélodies ne sont pas toutes mémorables que ça crie beaucoup. Même si des efforts ont été faits pour mettre en avant plusieurs facettes du chanteur, j’ai le sentiment qu’il en faudrait davantage pour que je sois véritablement enchanté la prochaine fois. 

Bien que The Sinner Rides Again présente quelques progrès et pistes vraiment cool, il reste encore un peu inégal, déséquilibré... pas toujours aussi efficace qu’il pourrait l’être. Sa deuxième partie est parfois un peu lourdingue à mon goût (Pledge Your Souls), Ripper pourrait se montrer plus nuancé, quelques mélodies gagneraient à être plus marquantes... Le potentiel du groupe est mieux exploité cette fois-ci, c’est vrai, mais KK a encore du boulot s’il souhaite rivaliser avec les meilleures productions de Judas Priest. Par contre, il paraitrait que, sur scène, le combo se défend très bien. S’il avait la bonne idée de se lancer dans une tournée européenne prochainement, j’aimerais constater cela par moi-même. 

Tracklist de The Sinner Rides Again :

01. Sons Of The Sentinel
02. Strike Of The Viper
03. Reap The Whirlwind
04. One More Shot At Glory
05. Hymn 66
06. The Sinner Rides Again
07. Keeper Of The Graves
08. Pledge Your Souls
09. Wash Away Your Sins