Artiste/Groupe:

KK's Priest

CD:

Sermons Of The Sinner

Date de sortie:

Octobre 2021

Label:

EX1 Records

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

12/20

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Pardonnez-moi, mon père, parce que... je vais dire du mal. Enfin pas que... mais un peu quand même.

Quelques infos en vrac pour commencer : le line-up promis a changé. Downing voulait réunir deux anciens musiciens de Judas Priest : le chanteur Tim Owens (bien présent) et le batteur Les Binks (bien absent à cause d’une blessure au poignet). Ce dernier est donc remplacé par Sean Elg (Cage). On notera aussi la présence du bassiste Tony Newton (Voodoo Six) et du guitariste A.J. Mills (Hostile). Autre point : que ceux qui avaient peur que KK’s Priest sonne comme du Priest période Owens se rassurent, on ne retrouve pas le metal brutal et moderne de Jugulator, ni le gloubi-boulga lourd et peu digeste de Demolition. Ici ce sont plutôt les 80s qui sont à l’honneur (et Painkiller aussi). Dernière remarque : la production n’est pas "énorme" mais tout à fait correcte. Comme le contenu de l’album, elle ne se veut pas hyper moderne (et pourrait être plus percutante) mais elle a le mérite d’avoir un rendu "réaliste" où chaque instrument est bien audible. Le son est globalement agréable, personne n’est lésé. 

Bon, je ne vais pas prendre de détours : je suis déçu. Certains trouveront le retour de KK Downing réussi (heavy, punchy, old school, fun, etc.)... Tant mieux pour eux. D’autres ne seront pas déçus non plus mais parce qu’ils ne croyaient pas à ce disque dès le départ (l’association Downing / Owens leur rappelant des Jugulator ou Demolition de sinistre mémoire). Ils me diront alors : "Mais franchement, tu t’attendais à quoi ?".  Sauf que moi, j’ai aimé Jugulator. Pas Demolition par contre, il ne faut pas pousser... Et sans m’attendre à l’album du siècle, je me suis tout de même dit : "Et si KK était inspiré ? Que Ripper nous sortait le grand jeu ? Avec un peu de chance, ça va bien claquer !". Niveau inspiration, on passera (très) vite sur le nom choisi pour le groupe (vraiment ? il n’y avait pas mieux ?). Les titres des chansons ? Du cliché en barre. Raise Your Fists, Metal Through And Through, Wild And Free, Return Of The Sentinel... Mfff... Bon, Downing fait de toute évidence parler la fibre Heavy traditionnelle, celle qui renvoie aux glorieuses années 80. Rien de bien surprenant. Le monsieur va avoir soixante-dix ans, il a fait partie de Judas Priest pendant quarante ans, devait-on s’attendre à autre chose ?

Passons aux compos ! Incarnation est une intro sans intérêt. Orage, narration avec grosse voix grave à la Manowar (groupe dont on reparlera plus bas), son mérite est d’être très courte (une minute à peine). Hellfire Thunderbolt balance un riff classique portant la griffe de son auteur. Certes, c’est déjà entendu mais plutôt efficace. La rythmique rouleau compresseur (avec double grosse caisse en continu) fait le job, la compo est directe et tranchante, ne se perd pas en chemin (moins de quatre minutes) et, sans me bouleverser plus que ça, s’avère plaisante. Owens est puissant, le titre bien rentre-dedans et entraînant. Elle montre un Downing en forme, prêt à en découdre. Le petit duo de guitares à mi-chemin, sans égaler les grandes heures de la paire Tipton / Downing, est sympa. Il faudra faire mieux pour que l’album vaille le détour mais rien d’indigne à signaler. Sermons Of The Sinner enfonce le clou avec un tempo plus rapide et un Ripper décidé à montrer qu’il peut encore chanter très aigu... quitte à en faire un peu trop et devenir fatigant.  

- Dis papa, il y a un nouveau film Alvin et les Chipmunks qui est sorti et tu le regardes sans moi ? 
- Mais non ma chérie, j’écoute un album que je dois chroniquer...
- Ah... et c’est bien ? Il chante quand même comme un chipmunk en colère le monsieur.
- Euh... Bon, allez, file dans ta chambre, j’ai du boulot moi. 

On reste sur du heavy rapide et entraînant avec Sacerdote Y Diablo. Quelques claviers discrets et cloches pour l’ambiance, du riff efficace, l’ombre de Painkiller plane... C’est pas mal. On peut critiquer le manque d’originalité mais bon, c’est KK Downing, le gars a fait ça toute sa vie, il a co-créé ce style alors même si je ne trouve pas ça extraordinaire, mon respect pour le monsieur m’empêche d’être trop sévère. Sauf que, par la suite, il va devenir de plus en plus difficile de tenir cette position. Vous trouviez que le début d’album était cliché ? Vous n’avez encore rien entendu. Raise Your Fists, avec ses harmonies de guitare et ses "ho ho ho" à la Maiden, sans parler de ses paroles d’un autre temps, me fait sourire. Ca tient encore à peu près la route mais on se rapproche quand même dangereusement du bas-côté. Puisqu’on parle de route, avec Brothers Of The Road, difficile de garder son sérieux. "We’re brothers of the road and we rock, rock !", ca parle aussi de "heavy metal horse", place un petit "we never stop" en passant... La musique n’est pas désagréable (plus hard rock mid-tempo que metal rageur) mais pas renversante non plus. Les faiblesses de Sermons Of The Sinner sont de plus en plus apparentes. Et ça ne s’arrange malheureusement pas avec le poussif Metal Through And Through qui se vautre tellement dans les clichés (pendant plus de huit minutes) qu’on croirait écouter un hommage à Manowar. Wild And Free redresse la barre avec un tempo bien entraînant et du riff acéré (et un petit côté Freewheel Burning sur le pré-refrain) mais pas complètement, ses cassures de rythme brident l’énergie du morceau qui s’en tirait plutôt bien avant qu’elles ne débarquent. Hail For The Priest s’avère plus convaincant, enlevé (après une intro d’une minute assez calme), vigoureux et efficace, ce morceau montre que Downing et ses potes en ont encore sous la semelle. L’aventure s’achève avec un morceau épique et mid-tempo de neuf minutes intitulé Return Of The Sentinel qui ne fera pas oublier la référence de 1984 (album Defenders Of The Faith) mais demeure honnête (malgré une outro un peu longue). 

Energique, metaaal des orteils jusqu’aux pointes des cheveux, interprété par des musiciens compétents (avec de chouettes riffs - des solos pas toujours à la hauteur de la légende par contre - et un chanteur souvent impressionnant), Sermons Of The Sinner reste très classique et ultra cliché (presque caricatural par moment). Il passerait mieux si les compos tuaient... Les mauvaises langues feraient de leur mieux pour le descendre (en abusant des termes "convenu" ou "daté") mais finiraient par se rendre parce que même quand un morceau n’est pas original, son efficacité est parfois tellement imparable qu’il n’y a rien à faire : on tape du pied, on secoue la tête, on est pris au piège. Malheureusement, même si certains sont bien sympas (et que l’ensemble, malgré quelques faiblesses, s’écoute), les titres présentés ici ont du mal à rivaliser avec les classiques co-signés par Downing lorsqu’il officiait chez Judas. Le Priest, dans ses glorieuses années, c’était l’alchimie du trio Tipton / Halford / Downing. KK n’est pas aussi performant lorsqu’il est privé de ses compagnons de jeu. Cependant, ce disque, bien qu’imparfait, reste un album de heavy costaud et conquérant, pas foncièrement désagréable, qui compte quelques bons moments et devrait bien passer sur scène (avec un mélange de vieux classiques et quelques raretés, je ne suis pas inquiet). Si on le met face à Firepower, force est de constater que Judas remporte le duel... mais je le trouve plus sympa que d’autres albums du groupe (Redeemer Of Souls ou Demolition, par exemple).

Tracklist de Sermons Of The Sinner :

01. Incarnation
02. Hellfire Thunderbolt
03. Sermons Of The Sinner
04. Sacerdote Y Diablo
05. Raise Your Fists
06. Brothers Of The Road
07. Metal Through And Through
08. Wild And Free
09. Hail For The Priest
10. Return Of The Sentinel

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