Cinq ans après la sortie d’un United Alive ultra généreux, frôlant la perfection et célébrant le retour en grandes pompes de Kai Hansen et Michael Kiske en son sein, Helloween a pensé à vous pour Noël et vous propose déjà un nouvel album live, son cinquième, immortalisant ainsi sa dernière tournée (à laquelle votre serviteur avait d’ailleurs pris part en août 2022 lors du passage des citrouilles germaniques à l’Olympia). Comme son titre l’indique, ce concert a été enregistré au Japon, dans le mythique Budokan de Tokyo. Les fans japonais l’auront attendu longtemps, ce fameux live capté à domicile... mais ça y est, l’heure est enfin arrivée. Bien sûr, attendez-vous à une variété conséquente de formats pour apprécier ce show, double CD, triple vinyle, DVD, blu-ray... Aujourd’hui, on va s’intéresser au format audio (mais j’ai bien l’intention de trouver le blu-ray au pied de mon sapin d’ici dix jours). 

Certains ronchons ne manqueront pas d’interroger la pertinence d’un nouveau live si tôt après le précédent, sachant qu’un seul album - le fameux Helloween paru en 2021 - a fait son apparition depuis. C’est vrai, il n’y a pas beaucoup de nouveauté à se mettre sous la dent ici. On retrouve les classiques habituels (Eagle Fly Free, Future World, Dr. Stein, How Many Tears, Keeper Of The Seven Keys, Power, I Want Out...), trois nouveaux titres (Skyfall, Mass Pollution, Best Time, je ne compte pas l’intro Orbit comme un morceau à part entière), on notera que le Kai’s Medley a été un peu modifié et rallongé avec Metal Invaders, Victim Of Fate et Gorgar (à la place de Starlight et Judas) et que les Hambourgeois ont déterré l’excellentissime Save Us, morceau qu’ils n’avaient plus joué depuis la fin des 80s. Voilà, sur les quinze pistes qui peuplent ce Live At Budokan, cinq (six si l’on compte l’intro) peuvent être considérées comme inédites (ce qui fait environ trois quarts d’heure de musique, un total pas insignifiant non plus). Alors oui, il y a des redites... mais en même temps, une fois qu’on commence à écouter le concert, peut-on prétendre passer un mauvais moment ? Bah non, parce que le show est rythmé, que les compos (pour la plupart) tuent, que l’ambiance est chouette et que - mine de rien - ces gars-là maîtrisent totalement leur sujet et prouvent qu’ils restent les patrons du power mélodique. Mention spéciale à Kiske et Deris dont les voix se complémentent à merveille et qui livrent encore une très belle prestation malgré des lignes de chant haut perchées vraiment pas simples à restituer (surtout avec le temps qui passe et l’âge qui avance). 

Difficile donc de faire la fine bouche pendant ces deux bonnes heures de live énergique, entraînant et enjoué. Live At Budokan est un témoignage fidèle et réussi de la tournée. Si vous avez assisté à l’un des concerts donnés entre 2022 et 2023, vous retrouverez ce qui a fait votre joie à l’époque... Et quand on jette un œil aux vidéos parues pour faire la promo de cette sortie, on perçoit que le visuel est à la hauteur. C’est bien filmé, ça a de la gueule (pardonnez-moi cette familiarité). MAIS je vais quand même mentionner un ou deux bémols... parce que c’est mon job ! Oui, on ne voit pas le temps passer tant tous les morceaux de bravoure s’enchaînent parfaitement... sauf pendant la conclusion de Keeper Of The Seven Keys. Ce titre étendu sur vingt minutes et des brouettes, avec six bonnes de minutes de son fameux thème à la guitare claire pendant que le public fait "wo ho ho hooooo", c’est déjà longuet "sur place", alors sur disque... Un détail, me direz-vous (et vous n’aurez pas tort). Plus important en revanche : le son. Pas mauvais au point de gâcher l’écoute, n’exagérons pas, mais perfectible. Si le mix est à peu près équilibré et permet de profiter tout de ce qui se passe, je trouve que le rendu manque légèrement de puissance, de rondeur ou de chaleur. Je décèle notamment trop d’aigus, surtout au niveau de la batterie dont certaines cymbales ont tendance à "baver"... Bref, ça s’écoute bien mais on a entendu production plus remarquable. Avec plus de basse et de robustesse, bref, avec son un peu moins faiblard, le disque ne s’en serait que mieux porté.

Alors, on est content de retrouver Helloween avec un chouette concert pour finir l’année ? Oui, bien sûr. Au début, j’avais de gros doutes concernant son acquisition mais je vais craquer, c’est une certitude. Malgré une production imparfaite et une bonne partie du set très/trop familière, le moment passé à son écoute est plus qu’agréable. Je reste assez fan du groupe, cette pièce va donc venir compléter ma collection. Mais il me semble évident, qu’au petit jeu des comparaisons (pas forcément indispensable, j’en conviens), le précédent United Alive était plus fort, plus varié dans sa setlist (avec les années Deris davantage mises en avant), un peu mieux produit et plus généreux. Très bon live tout de même... dont les fans ne sauront se passer. 
 

Tracklist de Live At Budokan :

01. Orbit
02. Skyfall
03. Eagle Fly Free
04. Mass Pollution
05. Future World
06. Power
07. Save Us
08. Kai’s Medley (Walls Of Jericho / Metal Invaders / Victim Of Fate / Gorgar / Ride The Sky / Heavy Metal Is The Law)
09. Forever And One (Neverland)
10. Best Time
11. Dr. Stein
12. How Many Tears
13. Perfect Gentleman
14. Keeper Of The Seven Keys
15. I Want Out