Evacuons d’emblée ce premier point. Oui, Green Day n’a pas intuitivement sa place sur notre estimé site. C’est vrai, Green Day officie dans un registre punk-rock archi-accessible. Pour tenter de défendre ce choix quelque peu décalé, je dirai qu’un Offspringa sa place sur l’affiche du Hellfest, que Green Day a joué au Download à Paris (sur des affiches résolument plus rock j’en conviens). La vérité serait de dire que c’est là la mauvaise foi de l’ado des 90’s désireux de s’atteler à ce Dookie, groupe culte de la scène rock de cette décennie sur laquelle on commence à avoir un vrai recul. A l’époque, la scène skate-punk avait ses entrées avec la scène hard rock et l’éloignement entre ces deux scènes s’est effectué alors que le metal des années 90’s durcissait quelque peu le ton (et le son !!). Formé à la fin des années 80 dans une Californie alors en pleine effervescence musicale, d’abord sous le nom de Sweet Children avant de verrouiller son line-up mythique avec Billie Joe Armstrong, Mike Dirnt et Tre Cool. Deux premiers disques honnêtes, une participation active à la scène punk locale histoire de faire ses armes, puis ce fut la signature dans la maison de disques Relapse Records, ce qui dans un public encore underground en exaspéra quelques-uns. Pour autant, personne ne pouvait pressentir le raz-de-marée Dookie qui allait connaître un succès colossal et dans le sillage des Offspring, Rancid et autre Pennywise allaient remettre la scène punk (certes assez édulcorée par rapport à l’originale mais ô combien plus mélodique et accessible). Comme souvent, pour qu’une telle déferlante commerciale se produise, un terreau fertile doit avoir été semé par des groupes précurseurs. A ce jeu-là, un Bad Religion fit un job remarquable et entrouvert les portes au grand public. En six mois, alors qu’un autre mythe, celui de Kurt Cobain, touchait à sa fin tragique, Green Day avec ce Dookie et The Offspring avec l’aussi génial Smash (sorti en avril 1994) allaient pondre deux disques majeurs, deux joyaux de skate-punk voués à rayonner sur leur époque avant d’influencer toute la scène skate-punk des années 2000 (des gentillets Blink 182 aux excellentsSum 41, le tout sur fond de quelques films qui eux aussi auront marqué leur époque).
Incroyable de se dire que ces disques furent enregistrés en quelques semaines (trois en l’occurrence pour ce Dookie). Tout aussi incroyable cette liste de classiques sortis de ce disque. Basket Case et son clip assez dérangeant / dérangé reste le plus marquant mais des Welcome To Paradise, She, When I Come Around (ma préférée, qui dégage un feeling incroyable) sont d’une qualité rare. En un peu moins de quarante minutes, le trio californien déroule un authentique classique, certes daté par définition car symbolisant son époque. Le son est fantastique. Juste le son de la guitare sur When I Come Around, cette petite ligne de basse merveilleusement mise en avant, c’est juste magique. Quand on pense que Billie Joe Armstrong et sa voix reconnaissable entre mille a enregistré ses parties de chant en deux jours, le plus souvent en une seule prise. Ça laisse rêveur ! Etonnamment c’est le morceau Longview qui sortira en premier single mais bien sûr, c’est le passage en boucle de Basket Case qui emportera tout. Critiques élogieuses, succès commercial délirant (d’abord édité à 9 000 exemplaires, la maison de disques dut rapidement réapprovisionner tout ce petit monde). Ce disque fut dans les top 10 de pas mal de pays (devinez quel pays est le mauvais élève dans ce classement ?). A ce jour, les dix millions de ventes ont été dépassées et ce disque continue de tourner parmi les jeunes générations. L’apprentissage ! La base !
Green Day connut ensuite une trajectoire étonnamment similaire à celle de The Offspring avec un album suivant rencontrant moins de succès et des critiques moins agréables. Moins de singles mais des disques toujours de qualité. Léger hors sujet, Ixnay On The Hombre de The Offspring est à ce titre recommandable alors que critiqué à l’époque. C’est vraiment avec le génial American Idiot que Green Day décrochera le jackpot avec un nouveau disque référentiel auréolé d’un incroyable succès. Par la suite, Green Day, devenu un groupe majeur, ne retrouvera jamais de tels niveaux de qualité. Mais, devenu incontournable, le groupe assure des têtes d’affiche dans d’immenses festivals, preuve de son statut.
Symbole pour certains d’une époque, véritable madeleine de Proust adolescente, album majeur référence, instigateur (avec d’autres déjà évoqués) de tout un courant musical, Dookie est un des plus grands disques de rock du XXème siècle,. Alors ok, pas metal mais disque / groupe rafraîchissant. Eternel !
Tracklist de Dookie :
01. Burnout 02. Having A Blast 03. Chump 04. Longview 05. Welcome To Paradise 06. Pulling Teeth 07. Basket Case 08. She 09. Sassafras Roots 10. When I Come Around 11. Coming Clean 12. Emenius Sleepus 13. In The End 14. F.O.D.