Il arrive que nous ayons des envies de nuit. En vélo, à pied et surtout à ski. C’est rare, reconnaissons-le, cependant on les retrouve plus communes dans l’univers de la musique. Brancher l’ordi, libérer l’ampli à la juste puissance et se plonger dans l’obscurité. On attend que le soleil aille voir ailleurs, car d’autres de la Terre l’attendent avec une intense impatience et hop. Au début, on agit comme en plein jour, c’est notre repère. D’ailleurs on nourrit parfois les 10 000 lumens de sa frontale ou les 2 lumens de sa bougie senteur Sauge, pour que la nuit ressemble au jour et ne pas avoir trop peur. Cette bougie, cette frontale formalisent un peu la veilleuse de notre enfance. Puis on se persuade que c’est idiot, on est devenu grand et qu’il n’est plus l’âge d’avoir peur du noir. Parce qu’il est stupide de faire semblable quand on recherchait cette variation. Parce que l’on nous voit dans le village à travers nos vitres avec une frontale au-dessus du nez au milieu du salon. Stupide et incompréhensible. Alors on éteint ces succédanés aux lumières modernes, jusqu’à plus rien sauf parfois la lune. Enfin, on baigne dans le noir, cette corbeille de rêves et de fantasmes. Notre univers visuel se réduit aux deux mètres devant nous alors que nos autres sens passent à la surmultipliée. Surtout celui de l’audition, nos cellules ciliées frémissent et excitent en toute puissance les zones préfrontales de notre cerveau. On y est, tout proche de ce bonheur. Explosant bien rapidement aux premières notes de ce premier album d’Eihwar. On l’aurait parié, car pas encore sorti, les pistes qui le composent captaient de manière étonnante la foule de fans. Voici donc Viking War Trance qui tourne dans le noir en suivant les rythmes endiablés de Louve au tambour de Chamane ... et au chant (Asrunn, la même), accompagnée de Mark, son fidèle Chevalier. Amies lectrices et amis lecteurs, il va vous falloir une bonne dose d’adaptation pour célébrer avec nous cette nouvelle formation si singulière et qui déboule d’un autre univers que celui du Metal. Mais nous savons que vous n’en manquez pas le moindre, bien au contraire, vous aimez que l’on vous surprenne, alors vous devriez adorer ce que nous proposent les deux artistes. Les déjà initiés seront également rassurés, car nos deux protagonistes ont reformulé (modernisé et remixé) trois de leurs premières compositions que l’on trouve depuis un an et demi sur Internet. Ils nous soignent avec six nouvelles compositions époustouflantes finissant de nous projeter dans leur univers.
Mark est un pur transfuge du monde de l’Électro et avec Louve (ou Asrunn), qui provient de l’univers des "Voix", ils ont apporté à Eihwar, une forme Pagan empreinte éléments spirituels. La "Transe" est également le procédé de composition et d’improvisation à l’origine de la création du groupe. Elle renvoie à toute une culture connectée aux pratiques magiques propres aux anciennes religions nordiques dont Louve a souhaité l’initiation. Ce cheminement mystique irradie dans l’ensemble des compositions du duo. Alors dans la pénombre de votre salon toujours maintenu au strict nécessaire, comme certains de nos sens se mettent en sourdine, d’autres se révèlent, on perçoit des sonorités cachées, le moindre changement de rythme, et l’on saisit des variations presque intimes jusqu’alors ignorées. C’est une révélation, la nuit ne tue pas la vie, pour un peu elle la sublimerait. C’est une révélation. La rythmique chamanique modernisée vous secoue jusqu’à irradier vos fondations jusqu’alors cartésiennes ... On se vit en homme et femme des cavernes. De s’être ainsi "reconnecté" (qu’est-ce qui m’agace encore ce mot) à la nature, on se dit que la nuit, au fond, on redevient un peu animal. L’homme ou la femme des cavernes, ainsi redevenus, en ressortent avec une amorce de vision spirituelle. Avec confiance, suivons les pas rythmés, suivons les voix incantatoires de nos deux artistes surdoués. Vraiment chouette, merci Eihwar de nous éclairer ainsi chemin. Je vous recommande lors de ce voyage les étapes suivantes : Ragnarök, Mjölnir, Berserkr et surtout Sir Mannelig, votre destination finale.
Rappelons les dires du grand sage Ced12 dans sa superbe chronique évoquant le dernier live d’Heilung : "Il faut croire que la grande journée folk mystique sur le Hellfest m’a perturbé, mais je suis à fond sur ce registre depuis. Il est vrai aussi que l’écoute du premier Eihwar à venir ne cesse de m’enthousiasmer. Et le destin faisant (parfois) bien les choses, ce live de Heilung tombe à point nommé." En cours de conversion dans le monde chamanique ? l’avenir nous le dira ... dans tous les cas accueillez avec bonheur et gratitude Louve et Mark dans nos antres métalliques, venez les voir encore plus nombreux dans nos Fest ou en concert. Et en attendant rêvons, car c’est vrai, il y a ce truc que seule la nuit peut nous offrir. Rêver. Alors on s’endort, en s’abandonnant à Eihwar, et en se disant que ça vaut finalement le coup d’y consacrer la moitié de notre vie ... prolongeons cette trance avec l’ITW du duo
Tracklist de Viking War Trance :
01. Viking War Trance 02. Ragnarök (Viking War Trance Reforged) 03. Völva’s Chant 04. Geri And Freki 05. Baldr 06. Fenrir (Viking War Trance Reforged) 07. Berserkr (Viking War Trance Reforged) 08. Mjölnir 09. Sir Mannelig