C H R O N I Q U E
Si on associe Death Metal et Floride, vous pensez à qui ? Morbid Angel ? Death ? Obituary ? Atheist ? Deicide ? Oui, tous ces groupes cultes du Death Metal sont nés au même endroit, en Floride. Quel nuage radioactif a donc traversé cet état des Etats-Unis pour qu'autant de groupes incontournables y aient vu le jour ?
Deicide, le groupe qui nous intéresse aujourd'hui, est né un peu après les autres que je viens de citer plus haut. C'est d'abord sous le nom de Amon (nom d'un dieu égyptien) que Glen Benton (basse et chant), Steve Asheim (batterie) et les frères Hoffman (Eric et Brian, guitares) commencent à faire parler la poudre. En 1990, époque où le Death Metal bat son plein sur la côte Est des States, le groupe obtient un contrat discographique et enregistre ce premier album sous le nom de Deicide. "Celui qui tue Dieu". Le ton est donné. Le groupe joue la carte du satanisme à plein tube, ne recule devant aucune provocation et fait presque passer les groupes qui sont passés avant lui dans ce créneau (citons Possessed, Slayer et Venom) pour des rigolos. Car si la pochette ne fait pas si evil que ça, attention au contenu. Les paroles de Benton ne font pas semblant. Un Glen Benton qui est quand même allé jusqu'à se faire graver une croix renversée sur le front. Il fallait oser... Et encore, sur cet album, le Glen n’est pas encore à son maximum, les albums suivants seront bien plus sulfureux. Là, le malin n’est pas derrière chaque titre puisque Dead By Dawn est une évocation du film Evil Dead. Lunatic Of God’s Creation évoque ce cinglé de Charles Manson et Carnage In The Temple Of The Damned parle du suicide collectif de la secte de Jim Jones. Des thèmes bien sordides, certes, mais pas encore totalement orientés dans le satanisme. Musicalement aussi, Deicide va plus loin. Deicide propose un Death hyper violent et dévastateur. Les titres sont courts (entre deux minutes quarante et quatre minutes), ça joue hyper vite et le chant (peut-on appeler ça un chant ?) de Benton vous cloue sur place par sa férocité. La production de Scott Burns sonne brut elle aussi, comme un uppercut en pleine face. On retrouve sur ce premier album les six titres de leur démo Sacrificial, cette même démo qui leur a permis de décrocher leur contrat discographique, deux titres de leur première démo, Oblivious To Nothing (rebaptisé Oblivious To Evil ici) et Day Of Darkness et deux nouveaux morceaux, Deicide et Mephistopheles. Vous pouvez d'ailleurs retrouver les versions originales de tous ces titres sur CD puisqu'ils ont été publiés en 1993 sur l'album Amon : Feasting The Beast. Dès les premières mesures de Lunatic Of God’s Creation et jusqu’à la dernière note de Crucifixation, c’est une vraie tornade qui s’abat sur nos têtes pourtant déjà habituées à écouter du Morbid Angel, du Death ou du Obituary. La voix de Benton, crue et agressive, se transforme parfois en grognements de démon tout droit sorti des Enfers. Les frangins Hoffman rivalisent de riffs carnassiers et de solos hyper speed. Quant au matraquage à grands coups de blasts de Steve Asheim, il fait déjà, à ce moment-là, figure de référence. Et pourtant, comme au niveau des paroles, Deicide n’est pas à son maximum car les albums suivants seront encore plus brutaux que ce premier jet pourtant déjà bien méchant. Alors, c’est sûr, l’album ne dure que trente-trois minutes. Mais une demi-heure d’une telle intensité, ça suffit largement à traumatiser durablement tout être normalement constitué. C’est même presque long pour un album de Deicide puisqu’il faudra attendre 2006 pour voir un album du groupe (The Stench Of Redemption) dépasser cette durée !
Deicide s'impose dès ce premier album comme un groupe incontournable du style et aussi comme le plus méchant rejeton de la bande des groupes floridiens. Et le carnage n’était pas terminé puisque, avec les albums suivants, le groupe ne va pas aller en s’assagissant. Le côté ouvertement blasphématoire a également eu des répercussions qui vont valoir au groupe de nombreux ennemis mais aussi une adhésion massive des fans puisque le second album du groupe, Legion, va tout simplement devenir l’album de Death Metal le plus vendu. Comme quoi, provocation et business font souvent très bon ménage.
Tracklist de Deicide :
01. Lunatic of God's Creation 02. Sacrificial Suicide 03. Oblivious to Evil 04. Dead by Dawn 05. Blaspherereion 06. Deicide 07. Carnage in the Temple of the Damned 08. Mephistopheles 09. Day of Darkness 10. Crucifixation
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