Allez, allons-y franchement ! Oui, je vais vous parler du fameux album de la maturité. Vieille marotte journalistique pour définir – le plus souvent – le troisième album d’un groupe faisant suite à deux premiers disques débordant d’énergie juvénile, de créativité exacerbée mais encore d’un certain manque de maîtrise. Oui, on retrouve aujourd’hui moins cette expression autrefois bien trop utilisée. Mais parfois, au-delà de ce bon vieux cliché, on ne peut s’empêcher de se dire qu’un groupe a tout simplement progressé. Dans son song-writing, dans sa maîtrise technique, une certaine capacité à digérer ses influences, à se sortir d’un style trop écrasant ou tout simplement adjoindre de nouvelles envies, assumer certains goûts jugés trop « commerciaux ». La présence d’un nouveau producteur peut aussi apporter une autre vision au groupe, l’emmener sur d’autres terrains d’expression.
Avec ce troisième disque de Deftones, on peine à ne pas en passer par ces remarques tant le style du groupe semble ici totalement maîtrisé. Déjà, le groupe a recruté Franck Delgado comme responsable des samples. Le garçon intervenait déjà par le passé de manière épisodique, le voilà membre à part entière, preuve s’il en est que le groupe assume une dimension new wave. Mais plus généralement d’une volonté d’évoluer ce qui a permis à Deftones de « survivre » au déclin de la scène néo, à mon sens. Le groupe se paie aussi des guests sacrément prestigieux. Maynard James Keenan deTool ne se contente pas de participer à Passenger mais a participé à la composition de ce titre avec un Chino Moreno s’essayant à la guitare, encore une volonté de progression. RX Queen voit la venue de Scott Weiland de Stone Temple Pilots. On retrouve aussi un Chino Moreno en immense forme vocale avec ce chant caractéristique aérien (Digital Bath). Ce disque se vendit à merveille (troisième place du Billboard, fut multi-primé [pour ce que ça vaut !]) et est encore considéré par beaucoup comme le meilleur disque de Deftones. A égalité avecAround The Fur qui a ses adeptes, probablement par le biais d’un My Own Summer, certainement le meilleur titre de Deftones à ce jour.
La suite sera à mon sens moins réjouissante pour Deftones. Loin de moi l’idée de critiquer les disques suivants mais un peu quand même. On ne peut que constater une légère baisse de qualité et finalement une éclipse pour le groupe qui eut en plus le malheur de perdre tragiquement Chi Cheng. Conservant une place à part dans le cœur de nombreux fans, Deftones continue son chemin mais a pour moi ses heures de gloire loin derrière. Je réitère mes quelques réserves sur un groupe sans doute un peu surcoté et surtout ne m’ayant jamais convaincu en live. Il n’en demeure pas moins qu’Around The Fur et ce White Pony constituent le summum artistique et l’âge d’or d’un groupe qui, mine de rien, aura sacrément marqué la scène Metal.
Tracklist de White Pony :
01. Feiticeira 02. Digital Bath 03. Elite 04. RX Queen 05. Street Carp 06. Teenager 07. Knife Party 08. Korea 09. Passenger 10. Change (In The House Of Flies) 11. Pink Maggit