Artiste/Groupe:

Deftones

CD:

Gore

Date de sortie:

Avril 2016

Label:

Reprise Records

Style:

Rock New Wave

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

15.5/20

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Deftones, en voilà un groupe qui mine de rien approche les trente ans d’existence et un peu plus de vingt ans de discographie. Leur premier album, tout de même signé par Madonna, date de 1995 et a été un des fers de lance de la vague néo-metal. Le groupe a eu un avant et un après White Pony dans leur manière de composer. Et depuis, ils n’ont eu de cesse de tester, d’expérimenter, de mélanger, de digérer leurs influences pour avoir aujourd’hui leur propre son.

Ce nouvel album des Deftones commence là où Koi No Yokan s’était arrêté. On sent la volonté du groupe de garder une certaine ligne directrice, ou du moins un lien entre ces deux albums. On retrouve cet équilibre fragile entre les aspirations aériennes de Chino Moreno (principalement chant) et la volonté de Stephen Carpenter (guitare) d’entretenir une flamme metallique.  Mais entrons un peu plus dans le détail de cette nouvelle galette…

Tout d’abord la pochette. Bon, pour être honnête je la trouve ridicule : après la poire à lavement d’Adrenaline, la chouette sur Diamond Eyes, nous voici devant un envol de flamand rose avec inscrit Gore en blanc dessus. Est-ce un clin d’œil aux Pink Floyd, un souvenir de sortie au parc ornithologique ou un moyen de dire "nous, les artworks on s’en fout, on est là pour faire de la musique"… Je ne saisis pas bien le message…

La musique, car c’est bien là l’essentiel, est donc ce que Deftones fait de mieux… On sent une certaine mélancolie dans cet album, la musique est globalement plus douce et plus proche du rock atmosphérique que du metal pur et dur. Est-ce parce que c’est la première fois que le groupe compose un album depuis la disparition de Chi Cheng ?..

En tout cas, dès le premier morceau ça fonctionne. Prayers/Triangle est un modèle de tube qui peut aisément trouver sa place sur les ondes. D’autres morceaux comme Phantom Bride, (avec la présence de Jerry Cantrell d’Alice in Chains, s’il vous plaît) entretiennent cette sensation de volupté et le groupe réussit à nous mettre dans de bonnes conditions pour le suivre tout au long de ces onze titres.

Mais un album de Deftones ne serait pas un vrai album de Deftones sans quelques morceaux un peu plus énergiques, Doomed User en tête. L’ensemble est très cohérent et on a même la sensation que les compositions ont été pensées comme les tomes d’une seule œuvre. Le fait que des morceaux comme Prayers/Triangles et le très intime Hearts And Wires soient séparés par des slash (non, cette fois-ci les Guns N' Roses n’ont rien fait, promis) renforce cette idée. Le titre Rubicon synthétise parfaitement les deux facettes rock et aérien de l'album.

Chino n'a jamais caché son affection pour des groupes comme The Cure ou Depeche Mode, certains passages de l'album peuvent faire écho à ses influences. Il est clair que le groupe s‘éloigne de plus en plus du monde du metal et nous présentent un Gore sous forme de rock-new-wave qui peut potentiellement élargir son auditoire. Si vous appréciez le côté "dans ton cœur plutôt que dans ton c**" du crew de Sacramento, vous devriez apprécier ce nouvel album.

Mais j’ai quand même la sensation que tout le groupe ne va pas dans la même direction… Stephen Carpenter a clairement annoncé qu’il n’avait pas pris un plaisir monstre à participer à la composition de cet album et que des tensions au sein du groupe sont apparues pendant l’enregistrement. Le bonhomme ne jurant que par Meshuggah, j’ai envie de te dire mon brave Stephen que c’est la moindre des choses de pas vraiment t’y retrouver… En espérant que ce Gore ne mette pas les Deftones à feu et à sang…

Playlist de Gore:

01. Prayers/Triangles
02. Acid Hologram
03. Doomed User
04. Geometric Headdress
05. Hearts And Wires
06. Pittura Infamante
07. Xenon
08. (L)MIRL
09. Gore
10. Phantom Bride
11. Rubicon