En voilà un disque bien décrié mais moi je l’aime bien ce Volume 8 : The Threat Is Real. Déjà, c’est avec ce disque que j’ai découvert Anthrax et ce Crush découvert grâce à un CD promotionnel m’avait sincèrement impressionné avec ce riff bien rentre-dedans et une sensation de rouleau-compresseur jouissive. Aussi, j’avais kiffé la voix de John Bush, marquante, singulière avec ce grain bien nerveux. Je n’avais alors pas le contexte du groupe ignorant par exemple que John Bush n’était pas le chanteur originel du groupe ne l’ayant rejoint qu’en 1992. A l’époque, c’était un peu la mode, ces grands groupes des 80’s obligés de changer de frontman. Membre de ce fameux Big 4 dont je n’ai pour la part jamais trop compris depuis ce qu’Anthrax y faisait (quitte à choisir,Testamentme semble supérieur et je n’ai pas mentionnéExodus!), Anthrax avait alors pris le contre-pied d’Iron Maiden et Judas Priest en recrutant une pointure réputée avec ce John Bush membre d’Armored Saint. John Bush, en plus d’être un vocaliste remarquable dégageant une réelle sympathie, c’est une trajectoire étonnante lui qui a refusé à deux reprises de devenir le chanteur deMetallica. Je ne rentrerai pas dans une uchronie mais il y a de quoi se dire qu’on est passé à côté de quelque chose... Une discussion entre Dave Mustaine et John Bush sur ce sujet pourrait laisser perplexe quand le premier ne semble jamais s’être vraiment remis de son éviction s’en servant comme moteur.
Malgré ce recrutement de choix, Anthrax était bien enlisé. Lâché par Elektra sur son précédent effort, le groupe avait rejoint le label indépendant Ignition Records qui fera faillite quelques mois après la sortie de ce Volume 8... Quand ça ne veut pas... Autre point compliqué : le poste de guitariste solo. C’est le batteur Charlie Benante qui a pris le relais avec un certain Dimebag Darrell qu’on ne fera pas l’affront de présenter, lui alors au sommet avec Pantera. Le tant regretté guitariste a dépanné ses potes d’Anthrax, de même que Phil Anselmo venu passer une tête au chant. Sacrés guests ! La formule proposée avec John Bush est assez différente de celle avec Belladonna avec un heavy rock plus classique un peu éloigné du thrash crossover période 80’s. Formule qui a ma préférence personnelle mais qui clairement ne semblait pas rencontrer un public plus large. Pourtant, il y a de bons titres sur ce Volume 8... plutôt percutant bien que, soyons francs, pas transcendant. Le formidable Crush qui m’avait enthousiasmé d’emblée lance bien la galette mais je n’y avais pas retrouvé une telle intensité par la suite. Pour autant, on y trouve de bons titres, bien troussés. Le groupe fera encore mieux avec le disque suivant We’ve Come For You All qui en dépit de grandes qualités et d’une excellente réception ne relancera pas le groupe vers les sommets connus à la fin des 80’s.
Avec une approche bien cynique, le binôme refera appel à Belladona pour une tournée de reformation peu sincère mais perdra de fait l’excellent - et intègre - John Bush exaspéré à raison de l’attitude de ses comparses. Anthrax avait pourtant réussi à construire une belle équipe autour de John Bush en réglant notamment le problème du guitariste solo (avec Rob Caggiano) qui finalement les lâchera un peu plus tard pour rejoindre Volbeat. Groupe étonnant qu’Anthrax qui laisse un peu perplexe dans certaines décisions prises tout en bénéficiant d’un réseau d’amis qui ne les a jamais lâchés (Slayer, Pantera, etc.). Pour ma part, les deux disques Volume 8 : The Threat Is Real et We’ve Come For You All sont ce que je préfère chez eux avec de vrais bons titres punchy (à dire vrai le seul Anthrax que j’apprécie). A redécouvrir.