En cet étonnant week-end de la Toussaint où les températures sont épatantes de douceur et le soleil particulièrement chaleureux, la nouvelle sensation du stoner Slomosa est de passage dans la Ville Rose et c'est un Rex convenablement rempli qui les accueille. Au programme, une belle date automnale et un groupe qu'on est ravi de voir à l'œuvre en live tant leur dernier disque est une des très belles surprises de cette rentrée 2024.

Fuzzy Grass

Les premières parties évoluent en fonction des dates (et des organisateurs) et c'est souvent la piste locale qui est retenue. Une amie très chère était présente au show parisien et a bien accroché à Homecoming qu'elle m'a bien recommandé avec un metal plutôt typé instrumental avec de longues compos. Un groupe à investiguer sur lequel on reviendra. 

Sur Toulouse, l'excellente association Noiser nous propose Fuzzy Grass, groupe de... Fuzz. Ambiance psychédélique assurée. Ce groupe chroniqué par notre estimé chef avec leur petit dernier The Revenge Of The Blue Nut nous vient du sud-ouest et a commencé sur Toulouse ce qu'Audric Faucheux, talentueux chanteur de la formation, rappellera non sans une certaine émotion palpable. La musique du groupe est un pur revival 70's où on retrouve du Led Zeppelin (assumé via le t-shirt du vocaliste), une basse très kyussienne (groupe dont l'ombre aura plané sur cette belle soirée) tenu de main de maître par Thomas Hobeck, des claviers bien psychédéliques à la Pink Floyd (des débuts), une guitare Hendricksienne (impériale Laura Luiz) et tout cela porté par un très bon batteur, Clément Gaudry-Santiago en l'occurrence. Le résultat est délicieusement vintage et très bien exécuté.

Les looks sont adaptés, ça groove très bien (cette basse très présente) et on se croirait bien dans un fest américain des 70's (ou la BO d'un Forrest Gump qui est ma référence pour cette musique). Le groupe bénéficie d'un créneau royal avec un peu plus d'une heure de jeu, idéal pour bien s'exprimer et délivrer un concert ma foi, vraiment complet. Pas mal de potes des musiciens sont dans la salle, Fuzzy Grass la joue à domicile et se fait plaisir. Si les premiers morceaux sont plutôt structurés, le groupe part vite sur des impros, ça se fait plaisir, c'est dans l'esprit, les ambiances sont posées. Les solis décollent bien et apportent un plus aux morceaux. Fuzzy Grass a très bien tenu son set et conservé un public impliqué. Un très bon show (avec cette durée, on ne parlera plus de première partie). Belle découverte en ce qui me concerne avec un concert intéressant. Un groupe qui va bientôt atteindre la décennie d'existence et qui tient sacrément bien la route dans un rétro rock psychédélique très sympathique aux thématiques poétiquement absurdes.

Slomosa

Sensation stoner avec Slomosa et son toundra rock (pour le mini cours de géo sur ce "nouveau" style, la chronique est ici). Première mini-inquiétude : la réaction de nos norvégiens à ces 20° dépassés allègrement. On est vite rassuré, le groupe va bien et les shorts sont carrément de sortie. Ça va leur faire drôle le retour au pays. Le groupe débarque sur scène et d'entrée, l'intro hyper lourde impressionne. Le son est massif, costaud. Autre fait notable : Marie Moa à la basse (et au soutien au chant). Véritable boule d'énergie, hyper intense dans son jeu. C'est bien simple, elle rappelle une certaine Lola Frichet avec cette dualité ange et démon (une Lola Frichet qui serait heureuse ce soir, il y a des women on stage et des très douées). Forte présence de la bassiste très visuelle qui soutient très bien ses deux guitaristes qui envoient la sauce devant.

Slomosa est aussi capable d'accélérations foudroyantes (à Toulouse c'est plutôt la spécialité de notre prodige Antoine Dupont), franchement ça fait son effet. Comme en plus, les guitares sont écrasantes, on repense à Kyuss sans problème (et avec bonheur pour les fans de ce combo). 

Le nouvel album passe super bien (Rice et son riff génial emportant tout). Slomosa impressionne en live. Allez, pour pinailler un peu, le chant est un peu en retrait par rapport à l'album et Benjamin Berdous est un peu imprécis, le groupe privilégiant clairement l'énergie live à la précision du dernier disque parfois plus catchy notamment sur les lignes de chant. Aucun souci, on est là pour un concert et ça le fait. Dans le public, les têtes bougent, l'énergie dans la salle est bien présente. La scène reste assez sobre avec en arrière-plan ce beau chameau (deux bosses pour rappel 😉) devenu iconique. La setlist est bien équilibrée entre les deux disques, c'est très bien pensé. Le son est très dense, épais avec une basse bien épaisse. Si le dernier disque présente quelques aspects plus "rock", en live, Slomosa ça déboite. 

Très belle prestation de Slomosa, à la hauteur en live fort aussi d'une belle expérience, le groupe confiant venir ici pour la 3 ou 4ème fois (à noter aussi un Hellfest 2022). Les norvégiens ont donc déjà une belle expérience et font déjà partie des valeurs sûres du stoner. La classe pour un groupe finalement assez récent avec seulement deux disques au compteur !

Une bien agréable soirée clôturant un week-end de Toussaint entre cloches des églises annonçant la traditionnelle messe et la rituelle visite dans le cimetière du village sous une météo impériale où rester dehors fut un régal. Il fallait bien un excellent concert pour se rentrer à l'intérieur dans de telles conditions. Ce fut chose faite et bien faite, Slomosa ayant confirmé l'essai. Le toundra rock (à tendance désert-rock) est validé.