Groupe:

Marla Singer

Date:

15 Octobre 2020

Interviewer:

Didier

Interview Eva et Alex

Bonjour, pouvez-vous dans un premier temps présenter le groupe à nos lecteurs ?

Alex : Salut, nous c’est Marla Singer, nous sommes un power trio et nous sommes de Marseille ! Le groupe existe depuis 2017. A la drum et au chant, il y a Eva, à la guitare et au chant, Fab et à la guitare et voix lead, Alex.

Et nous expliquer l’origine du nom du groupe ? Vous devez être des fans de Fight Club ?

Alex : Pour ma part, grave ! Quand j’ai vu le film j’ai pris une grosse claque. C’est plus tard que j’ai lu le livre, qui est tout aussi génial. Pour revenir à l’origine du nom, j’avais lu une théorie, qui m’avait bien plu, dans laquelle Marla n’existait pas, c’était le fruit de l’imagination du narrateur comme le pendant féminin du personnage principal. Comme un délire Freudien (anima, animus) . Je trouvais aussi que le nom claquait bien et qu’il y avait de quoi créer un univers autour de ça...

Quelles sont vos influences principales assumées ?

Alex : Evidemment un paquet de groupes des années 90 (spécialement Nirvana et les Pixies) mais aussi une influence plus dans la veine des Queens of stone age, le tout saupoudré d’un peu de A perfect circle. Mais très honnêtement je viens de te faire un résumé, je pourrais en citer encore plein :)

Eva : Pour ma part, je suis assez influencée par des groupes émergents Anglais comme Demob happy ou The Blinders, un peu de Frank Carter and the rattlesnakes et beaucoup de Manson !

Et les moins assumées ? :-)

Alex : Ahh ahh je ne sais pas si c’est une influence mais c’est un groupe que l’on me cite souvent « Placebo ». J’avais bien kiffé les premiers albums, mais j’ai carrément décroché avec l’album « Black market music ».

Vous venez de Marseille, preuve en est que l’on peut faire autre chose que du foot à Marseille ? :-)

Alex : Carrément, il y a autre chose que le foot à Marseille ! Alors je ne vais pas non plus dire que c’est la ville la plus Rock du monde :) mais il y a pas mal de super groupes avec une grosse culture punk / punk hardcore, je pense à un groupe comme « Wake the dead » qui franchement tourne grave et qui est peut-être pour moi le groupe le plus représentatif de cette scène. Ça bouge pas mal niveau métal aussi, avec des assos comme Groudoudou events. Mais on manque cruellement de lieux et la période actuelle n’aidant pas, j’espère qu’il restera quelques salles où il sera encore possible de jouer.

Vous chantez en Anglais et Alex a un très très bon accent, il tient ça d’où ?

Alex : Merci pour ce joli compliment ! :) Pour être honnête avec toi c’est beaucoup de taf perso, je ne parle pas super bien la langue de Shakespeare, donc ça fait plaisir de te l’entendre dire car je travaille beaucoup sur l’accent notamment. Mais j’ai la chance d’être bien entouré, Eva m’aide énormément, on me conseille et m’aide vachement lors de l’écriture et de l’interprétation des morceaux.

Votre line-up est un peu original puisque sans basse. Pourquoi ce choix ?

Alex: Initialement nous étions deux ( Eva et moi) et nous souhaitions monter un duo guitare/ drum. On avait été assez inspiré par un groupe Israélien que nous avions croisé en concert avec Eva, quand nous étions dans un autre projet. Le groupe s’appelait Carusella, l’un des meilleurs groupes avec qui j’ai eu la chance de jouer ! On a donc commencé comme ça, mais rapidement les morceaux que nous pondions manquaient de finesse, d’une touche mélodique. Alors nous nous sommes décidés à prendre un second gratteux et c’est là que Fab a débarqué. Le travail de son a consisté (et je te rassure il n’est pas terminé) à donner l’illusion d’un son bas et gras, sans basse. C’est une guitare sur un ampli basse, octaver, et accordage de gratte en Do. L’arrivée d’un bassiste voudrait dire « passer en quatuor » et non plus en trio, et je reste convaincu que le power trio est la formule qui nous convient le mieux ! Après, qui sait ? Je passerai peut-être à la basse dans un futur proche, nous n’y sommes pas fermés :-)

Vous sortez ce premier album Marla Singer, court mais intense, est-ce votre première réalisation ?

Alex : Non, nous avions enregistré une première démo fin 2017, le groupe était à peine formé et nous avions besoin d’un skeud pour commencer à tourner. Cet EP a été fait dans l’urgence, on n'a pas eu le temps de se poser pour réfléchir, savoir dans quelle direction nous voulions aller, et le groupe était jeune on était encore en train de se découvrir les uns les autres.

Eva : Oui, six mois après la création du groupe plus exactement. C’est plutôt une photo sur l’instant, une ébauche quant à la direction du projet. On en était à finir certains morceaux en studio, c’est pour te dire ! (rires)

Parlez-nous un peu de la genèse de cet album ?

Alex : Après la sortie du premier EP nous sommes partis en tournée, puis on s’est rapidement remis à composer. 4 des 8 morceaux de l’album ( Anger, Death ratlle, Screw you et Sandman) ont été composés à cette période, ce qui nous a permis de les faire tourner sur scène pendant presque deux ans. Six mois avant l’enregistrement, on s’est lancé sur les 4 autres titres (Get out, Feeling it, Never forget et Burn away). On a pris du temps, car on compose « tout » à trois. Et c'est forcément plus long de mettre tout le monde d’accord ! Nous avons pré-maquetté tous les titres durant 6 mois. Et notre sondier, Gilles Ferrat, nous a accompagné sur toute la période (il bosse déjà avec nous sur les lives). Voilà, pour cet album, on a pris notre temps :)

J’ai été frappé par votre côté grunge (Nirvana, Alice In Chains) dans les morceaux les plus calmes, c’est un courant musical qui vous convient bien on dirait ? C’est la musique de votre enfance ?

Alex : (rires) Pas vraiment pour tout le monde ! Fab et moi nous sommes de cette génération (Eva est plus jeune, elle est peut-être plus influencée par le rock des années 2000) et effectivement le grunge c’est notre enfance. Mon premier skeud c’était le Greatest Hits de Queen, le second c’était le black album de Metallica, et ensuite j’ai eu la révélation avec Nevermind et Incesticide de Nirvana, et toute la vague grunge qui a suivie. Donc oui c’est clairement la musique de mon enfance.

Eva : En fait c’est quand même un peu mon « enfance » aussi, mais quand j’avais dix, douze ans Kurt n’était déjà plus, effectivement, et la vague grunge non plus, puisque nous arrivions sur les années 2000… J’ai commencé ma culture Rock avec The Clash, Iggy Pop, Motörhead (influences de mes parents, je pense avoir eu de la chance par rapport à d’autres ! (rires)) et beaucoup, beaucoup de Nirvana. Dave Grohl m’a beaucoup accompagné durant mes 1ères années de batterie, un bon enseignement ! Ensuite c’est vrai que j’ai plutôt rapidement dérivé sur la côte californienne, autour du punk-rock 2000’s. Voilà. Et je vais éviter de parler de ce que j’écoutais AVANT mes 10-12 ans par contre :-)

Et étonnamment vous seriez plutôt orientés stoner sur les morceaux plus rapides. Clairement vintage rock. C’est la musique de vos parents ?

Alex : Non, ce n’est malheureusement pas vraiment la musique de mes parents ! (rires) J’ai découvert le stoner bien plus tard avec Kyuss, Fu Manchu etc. pour ma part. C’est plutôt la musique que j’ai découvert adulte :) Je pense que le côté stoner dans Marla vient du fait que, comme je te disais, nous composons à 3 et chacun amenant sa pierre à l’édifice, les influences amenées par chacun donne un condensé d’influences nineties.

Et pour finir sur votre son, vous semblez cultiver un petit côté progressif dans votre style de rock. D’où vient cette influence plus subtile ?

Alex : Je suis un fan absolu de TOOL et particulièrement des divers projets de Maynard en général (A Perfect Circle et Puscifer), je trouve sa voix incroyable.

Le tout à un côté garage rock qui m’a bien plu. Comment travaillez-vous votre son pour ça ?

Alex : Le coté garage rock et brut est amené par Fab, c’est pas mal de taf de son effectivement. On essaye pleins de trucs avec nos grattes et nos pedalboards, on passe du temps sur nos réglages et comme je te disais précédemment, on pré-maquette et on enregistre toutes nos répètes, ce qui nous permet de pouvoir écouter posément notre son et de le bosser.

L’album est assez court, certains EP sont plus longs. C’est une volonté d’efficacité ou vous n’aviez plus rien a dire ? :-)

Alex : Un peu des deux :) On voulait absolument garder nos morceaux efficaces et intenses, mais aussi paradoxal que cela puisse paraitre, on a mis du temps à composer cet album, et quand on est arrivé à 8 titres il nous restait un mois avant de rentrer en studio. Du coup on a préféré arrêter la compo et peaufiner les 8 titres que nous avions déjà dans les mains !

J’ai remarqué l’utilisation par Alex de pas mal de “paroles que la morale réprouve” dans vos textes. Quels sont les sujets traités par vos textes qui ont l’air toujours à fleur de peau ?

Alex : La question est intéressante, car je ne sais plus trop ce que veut dire la morale aujourd’hui. En fait, j’ai la sensation que les réseaux sociaux ont ouvert la porte à un déferlement de conneries que beaucoup peuvent définir comme étant leur morale. Tout le monde a un avis sur tout et a surtout la sensation de détenir la «Vérité » Je trouve ça hyper flippant, car ça en devient presque religieux. Du coup, on se positionne en dehors de tout ça, car je n’ai jamais apprécié les groupes de zic trop moralisateurs (qui souvent se définissent comme des groupes engagés.) . Nos textes sont un croisement entre l’univers de Chuck Palahniuk (l’auteur du Fight club) et notre propre ressenti quant à la société dans laquelle on évolue. Cela parle de multiples choses comme la solitude, la mélancolie, la tristesse, l’amour, la colère qu’on voudrait pouvoir laisser éclater, l’envie de tout détruire ou de tout envoyer chier… On essaye aussi de brouiller un peu les pistes, il est possible d'avoir un ressenti sur un couplet et son opposé sur le refrain. Je n’aime vraiment pas l’idée de prendre le public par la main avec un sujet direct. Même si tu peux toujours trouver un peu d’engagement et de critiques dans nos textes, on essaye de laisser l’auditeur prendre ce qu’il veut de notre univers et se l’approprier. En fait la philosophie du groupe, c’est « essayons de rester nous-mêmes », et c’est presque un défi aujourd’hui :)

Comment s’est passé pour vous cette période de confinement et de post-confinement ? Est-ce que tout ça a été propice à la création au moins ?

Alex : Comme pour plein de groupes, c’était bien pourri cette période de confinement ! Le post confinement a été plus propice, on a pu préparer la com’ et tourner des clips afin de préparer la sortie du skeud.

Alors justement, comment gère t-on la promo d’un album en période de pandémie ? Pas facile sans aller défendre son “bébé” sur scene ?

Alex : C’est effectivement très compliqué, on a eu la chance de faire une date le 9 octobre à Marseille, et les conditions ne sont pas faciles (public assis et masqué), ça fait presque peur ! Mais on continue d’avancer, on a tourné un nouveau clip (Anger) qui sortira le 10 novembre, on prévoit pas mal de lives vidéo du coup, puisque notre dernier concert sur la scène de l’Espace Julien était filmé… Et on travaille aussi sur un live acoustique qui devrait sortir dans les mois qui viennent. On s’adapte à la situation, on devient un groupe de scène virtuelle... :)

Pourtant on sent bien que vous êtes un trio taillé pour la scène, quelle est votre expérience en la matière ?

Alex : Carrément ! Marla, c’est un groupe de Live. Notre principal objectif est de jouer, encore et encore. Depuis le début du projet nous avons dû faire pas loin d’une centaine de dates, ce qui n’est pas mal pour un groupe qui a trois ans d’existence, mais on est très gourmands, on en veut encore plus !!!

Quels sont les plans pour Marla Singer dans les mois qui viennent ?

Alex : On a prévu une tournée pour décembre, avec des dates en Belgique et dans le nord de la France (maintenant, on espère surtout que l’on pourra les faire ! ha ha). Puis on cherche un tourneur pour la suite, on verra bien comment les choses évoluent. Wait and see...

Encore merci pour cette interview, je vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs.

Alex : Merci encore pour cette interview, j’ai pris l’habitude de finir avec une citation de Fight Club : 

« Félicitations, tu vas bientôt toucher le fond, c’est bien. »

« Sur une durée suffisamment longue, l’espérance de vie tombe pour tout le monde à zéro. »

« - On est des consommateurs. On est des sous-produits d’un mode de vie devenu une obsession. Meurtres, banditisme, pauvreté, toutes ces choses ne me concernent pas. Ce qui me concerne moi, ce sont les revues qui parlent de stars, la télévision avec cinq cents chaînes différentes, les slips avec un grand nom marqué dessus, le viagra, les repas minceurs…

   - Madame Propre ?

   - J’emmerde madame Propre ! Madame Propre elle astique les cuivres du Titanic ! Tout est en train de couler, mec. Alors merde ! J’emmerde tes canapés à motif, tes strings à rayures vertes bordel ! Moi je te dis, ne sois jamais complet, je te dis arrête d’être parfait. Je te dis qu’il faut évoluer et que ce qui doit arriver arrive. »

Venez donc discuter de cette interview sur notre forum !