Interview Poun - RV
Philippe et moi même avons l’honneur d’être reçu « dans leur garçonnière » par Poun et Hervé, respectivement chanteur et batteur de Black Bomb A, pour une interview basée sur leur nouvel album. Enfin ça c’est ce qui était prévu sauf qu’avec la Black Bomb le mot plaisir prend tout son sens, et on a fini par parler musique (quelle surprise !), partage, et surtout de passion.
Bonjour Poun, bonjour RV, c'est votre troisième passage au Hellfest ?
Poun : Non non c'est le deuxième.
Mais avec le Fury ?
Poun : Ah oui avec le Fury, troisième !
Et comment vous l'avez senti cette année ?
Poun : C'était pourri, pourri !! (rires).
RV : Je pense qu'il y a la moitié du public qui ne reviendra jamais... Non bien sûr, c'était énorme. On avait déjà un super souvenir de notre dernier passage mais là, cette année, c'était encore plus énorme ! Le public était beaucoup plus présent, déjà le Hellfest ça a pris de l'ampleur, il y a encore plus de monde et pour nous c'est génial. C'est que du plaisir !
Poun : Ce qui est vraiment beau, c’est cette communion, tout le monde est là tranquille il y a pas de casse-couilles ! Tout le monde est là pour s'amuser. De toute façon, le but ultime de ce public, c'est simplement de kiffer. Que tu écoutes du metal extrême, du hardcore, du doom, peu importe. Les mecs sont motivés et même là à 11h40 !
Il y avait une belle affluence pour 11h40 !
RV : Non mais c'était vraiment génial, on a pris un pied phénoménal ! Je ne sais vraiment pas quoi dire de plus, c'était le pied total, vraiment génial.
Vous êtes un groupe qui commence à avoir un peu de bouteille...
RV : Oui voir de plusieurs bouteilles, même (rires).
Poun : Le problème, c'est qu'on est obligé aujourd'hui de taper dans le Botox et tout ce qui s'ensuit parce que sinon...
Il faut savoir s'entretenir ! 21 ans de scène, vous l'avez gravé il y a peu de temps sur un DVD, la scène ça fait vraiment partie de votre ADN ?
RV : Voilà c'est notre territoire...
Poun : Voilà, la scène, c'est un truc viscéral... ça se passe à l’instinct, tu peux tout te permettre sur scène... Et moi, ce qui me fait encore plus kiffer depuis des années avec le public metal, c'est qu'il y a une forme de respect ! On dit qu'on fait de la musique pour tout casser mais il y a des mecs en face qui eux aussi on a envie de tout casser !
On le sent au niveau du public dans ce que vous transmettez sur scène, et vous pensez que c'est quoi qui fait votre particularité ?
RV : D'abord on n'a jamais triché. Je pense que c'est parce qu'on met à chaque fois nos tripes sur la table. On fait la musique qu'on a envie de faire.
Poun : Je pense que c'est la recette, sois sincère, va sur scène pour faire quelque chose de vrai. Quand on est sur scène, on n'est plus vraiment les mêmes personnes non plus. Déjà, RV, dès qu'il est sur scène, il tape sur tout et n'importe quoi tout le temps (RV se met à taper un peu partout). L'important c'est de donner et puis quand tu donnes, ben on te redonne aussi...
Au bout de vingt ans d'existence, à quoi carbure Black Bomb A pour être toujours aussi présent sur scène ?
RV : On pourrait dire à plein de trucs mais avant tout, à l'envie. Poun : L'envie c'est clair mais il y a aussi de voir les gueules qu'on a en face de nous à chaque fois ! Tu peux te faire des supers albums, et après te regarder le nombril, et à ce moment là, t'avances plus. Des fois, dans les groupes, c'est un peu compliqué, c’est un peu comme un couple, mais quand tu as des retours comme ce matin... Qu’est-ce que tu veux, tu as juste envie de continuer !
D’autant que vous n'hésitez pas jouer dans des lieux atypiques?
Poun : Ah ben, je te rassure, des fois, nous aussi on est surpris (rires).
RV : On est juste là pour faire des concerts !
Poun : Se retrouver dans une petite salle comme ça, où ça sent la sueur, tu es à ça du mec en face de toi et il se passe un truc ! Et même si c'était super ce matin, quand tu es à dix mètres du public, c'est difficile d'aller piocher de l'énergie. Mais quand tu es sur des toutes petites jauges, et qu'on discute pendant les interludes, t'as juste l'impression d'être entre potes ce soir-là quoi. A chaque fois qu'on monte sur scène, il y a une distance évidente qui se crée mais on n'est pas là pour ça, on est là pour partager et se dire à la limite : "Allez viens boire une bière ! Ah mais non attends, faut que je finisse mon concert avant !"
C'est pour moi ce qui fait votre force aussi, cette convivialité qui ressort de vos concert:
Poun : Oui, enfin, y a un peu de musique aussi quand même (rires).
Et bien ça tombe bien parce que j'allais y venir, avec votre prochain album qui sort le 12 octobre, et qui s'appelle ?
Poun : Il ne s’appelle pas puisque c'est un album éponyme.
Et il sera...
Poun : Il sera cash, direct !
RV : Il sera du Black Bomb A parce que de toute façon, on ne sait pas faire autre chose !
Poun : On est revenu à des bases élémentaires de composition à la Black Bomb. Au début du processus on était là, à se toucher un peu la bite, tiens si on rajouter un break par-ci un petit truc par là... Puis on a tout revu, tout balancé, pour revenir à des morceaux directs et même si le morceau il fait une minute cinq, et bien il fait une minute cinq... On n’a pas voulu se prendre la tête et l'album sera comme ça.
C'est quoi l'idée, de revenir à l'essentiel ?
Poun : À l'essentiel de l'essence de Black Bomb A !
RV : On a fait des morceaux pour nous, et aujourd'hui on a eu qu'une seule envie, c'est d'aller le défendre sur scène. L'album au final, c'est qu'un prétexte pour faire des tournées, parce que tu sais très bien qu'on ne vend plus aujourd'hui.
Poun : Et puis tu vois quand on a commencé à composer, on a rassemblé nos maquettes, on a commencé à bosser puis on s’est regardé et on a dit franchement c’est pourri. Il faut qu’on revienne à ce que l’on est.
C’est-à-dire, vous avez tout jeté ?
RV : Complètement, on avait composé quoi ? Quatre, cinq morceaux, et on est reparti à zéro. On a commencé par faire de la musique qui ne nous correspondait pas. Une musique qu’on ne faisait pas vraiment pour nous, qu'on faisait un peu pour les autres. On a essayé de faire quelque chose pour être dans les standards, et au final Black bomb A ce n’est pas ça, c'est la guerre !
Poun : Un moment, on se l'est dit, on s'est tous regardés, et c’était pas nos morceaux. Il faut qu'on arrête de réfléchir ! Quand on a composé Speech Of Freedom on ne réfléchissait pas autant.
Ça veut dire quoi ? Que cela manquait de sincérité ?
RV : Peut-être que c'est ça, mais tu vois, moi, quand j'écoute un album de la Black Bomb, j'ai envie d'être fier. Même si avec le recul, y a des morceaux que tu regardes différemment, mais être sincère c'est important, et quand tu présentes un nouvel album tu dois en être fier. C'est comme un bébé, tu dois en être fier ! Et vu que là ça nous a demandé dix-huit mois, on aurait pu faire deux albums, deux bébés !
Poun : Je ne sais pas exactement combien de temps on a mis pour composer cet album mais on s'est posé vachement de questions, une fois qu'on a composé le premier vrai morceau sans artifice, la conclusion était simple : c'est dans cette direction qu'il faut qu'on aille !
Et comment se passe le processus de création?
Poun : En fait, c'est le guitariste qui arrive avec plein, plein de riffs, avec des choses déjà ficelées, une batterie pré-programmée et puis après, chacun amène son petit truc, on essaie les riffs, on boeufe ensemble.
RV : Mais après on compose vraiment ensemble les morceaux, au final ils sont fait à cinq.
Poun : Une fois on a essayé de tout faire à l'avance, on est arrivé dans le studio tout était pré-programmé, on n'avait plus qu'à jouer. Donc tu vois il y a pas de loi chez Black Bomb, on fait les choses comme on le sent sur l'instant. Et là, en l'occurrence, on avait besoin de virer tout ce qui était merdique, de se recentrer, de se dire non c'est comme ça, c'est vers là que l'on doit avancer.
RV : On a quand même galéré. Le travail n’a pas été facile mais aujourd'hui on regarde cet album avec fierté. Il a été fini d'enregistrer il y a deux mois, on est sur la partie mixage, on va le sublimer. On a plus qu'une seule envie, c'est de le présenter.
Poun : On va faire un mixage animal.
Vous êtes deux chanteurs, ça se passe comment pour l'écriture des textes ?
Poun : Alors pour l'écriture des textes, on est revenu à ce que chacun écrive ses parties. Parce c'est compliqué de chanter les paroles d'une autre personne, même si globalement on est plutôt d'accord, on vit des choses ensemble, on n'est pas complètement à l'opposé, mais ça peut sembler bizarre de chanter des choses qu’on n’a pas écrites. Je pense qu’Arno dirait la même chose. Du coup, on a écrit chacun de notre côté. Les choses sont plus simples à chanter quand c’est quelque chose qui vient de toi, que tu as imaginé, que tu as posé, ne serait-ce que pour le flow.
Pour conclure cette interview, qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter ?
Poun : EEuuuuhhhh, plein de belles choses ! C'est un peu vague, ce que je dis.
RV : Une belle tournée, que les gens viennent, tu vois, avoir du monde à tes concerts c'est génial... Je reviens sur ce que je disais au début, on aime faire la musique qu'on fait, on aime faire des albums mais avant tout c'est quand même la scène ! C'est vraiment génial d'avoir des mecs juste devant toi...
Poun : C'est facile pour toi, tu t'es toujours caché derrière ta batterie ! Parce que des fois... (en mimant une autre tête juste devant la sienne) (Rires)
RV : Tout simplement que les gens se déplacent et viennent passer un bon moment.
Poun : Le top serait peut-être qu’un public qui ne connait pas Black Bomb se laisse complètement emmener par notre musique. Ouais c'est ça, si on arrive à emmener les gens avec nous, on a tout gagné.
RV : C'est un retour qu'on a déjà eu ça, des mecs sur des festivals, qui viennent nous voir après le concert et qui viennent de nous dire : "Honnêtement je n’écouterai pas ce que vous faites chez moi mais putain en live, vous envoyez trop !" Le mec qui ressort de là, il a la banane, et nous on fait ça pour ça !
Un grand merci à Poun et RV pour ce moment tout en simplicité et de franche camaraderie !
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