Ce Contraband, il faut vraiment le remettre dans le contexte de sa sortie car quinze ans
après, la situation a pas mal évolué (parfois dramatiquement) pour les auteurs de
ce disque. Retour en 2004, donc. Enfin non, en fait, revenons une grosse décennie en
arrière encore.
1993, les Guns N’ Roses terminent leur triomphale
tournée des Illusion mais le groupe est déjà au bord de
l’abîme, la faute à des excès en tout genre, des égos
surdimensionnés, des musiciens éreintés, des consommations de drogues en tout
genre. Izzy Stradlin avait déjà quitté le navire en 1991. Les
Guns allaient commencer une déconstruction dans les règles de l’art
avec un Axl Rose dans le rôle du fossoyeur. On s’épargnera de
commenter l’album de reprises pour mieux rappeler le licenciement de Matt Sorum,
de Gilby Clarke et les départs (bien poussées par les dérives du
chanteur) des légendaires Duff McKagan et Slash,
Axl s’enfermant pour enregistrer le Chinese Democracy (running joke de la fin des nineties
qui finira par sortir en 2008 pour un budget modique estimé à treize millions de dollars).
Soyons francs, les Guns avaient sombré dans un grand n’importe quoi
emportés tant par leurs excès que par une époque rejetant désormais ce
modèle rock star au style de vie dorénavant jugé ridicule (c’est que le
grunge était passé par là).
Reprenons notre rapide voyage temporel. 2004 donc. Que s’est-il passé depuis 1995 ? Rien
en fait, ou disons pas grand-chose. Il y a bien eu deux albums du Snakepit de
Slash mais cela est resté très US et les différents membres des
Guns ont plus géré à retrouver la santé (physique, morale),
se sortir de cet enfer des drogues (raconté depuis dans les différentes autobiographies)
et quel ne fut pas l’immense plaisir d’apprendre la constitution de Velvet
Revolver avec Slash, Duff et Matt Sorum.
Au chant, c’est Scott Weiland (Stone Temple Pilots) qui a été
recruté ; bref, un sacré all-star band (à noter, Dave Kushner,
second gratteux qui a un peu récupéré le job de rêve). Et quand bien
même ça se moquait toujours sur les dérives des Guns, ce
Chinese Democracy devenu une arlésienne, plus d’un attendait le retour de ces
musiciens et conservait une nostalgie de ces groupes. Izzy Stradlin fut bien
espéré par certains mais même s’il semble avoir participé à
quelques répétitions de Velvet Revolver, le talentueux gratteux a
rangé sa flight case et profite depuis d’une retraite méritée (au passage,
selon une source internet, sa fortune personnelle serait estimée à plusieurs dizaines de
millions de dollars ce qui permet de se rendre compte de l’incroyable succès
rencontré par ce groupe en seulement quatre albums !!).
Ce premier disque alors : well, le groupe n’en était pas sorti de ses tourments et
c’est Scott Weiland, alors en prison pour drogues, qui bénéficia
d’une autorisation de sortie pour enregistrer ce Contraband avant de rentrer chaque soir
dans sa cellule. Sans surprise, les Slash and co n’allaient pas être autre
chose qu’au soutien. Sacrée période pour nos rock stars, maîtres du monde au
début des nineties, en rédemption / reconstruction dix ans après. Voilà qui
laisse à réfléchir. Enfin, revenons au disque proprement dit et là,
c’est le pied. Sucker Train Blues & Do It For The Kids déclenchent
les hostilités et ça démarre très bien. Au chant, Scott
Weiland est au top, Slash déroule du solo comme on l’aime (et
avec ce son bien à lui si caractéristique). Ah, nos héros n’ont jamais perdu
la main. Les ballades Fall Into Pieces & Loving The Alien sont impeccables et wow,
quel pied ce fut de retrouver cet esprit Guns. Slither et son feeling grunge
est une pépite. Tout n’est pas parfait bien sûr, certains morceaux sont plus
dispensables mais ce disque est une pépite. Je ne résiste pas à vous conter ce
génial concert du Bataclan 2004 avec une apparition surprise de Izzy Stradlin
pour un des meilleurs souvenirs de concert de l’auteur de ces lignes, trop heureux de voir celui
qu’il considère comme l’âme créatrice des Guns (pas que
lui bien sûr, mais pensez à la trajectoire des Guns après son
départ).
Revenons donc à l’instant présent après cette petite promenade en nostalgie
(où il ne faut jamais rester trop longtemps) et ce premier disque de Velvet
Revolver peut aussi être vu comme un nouveau départ. Si le Velvet
Revolver n’enchaînera pas trop (un Libertad moins bon, Scott Weiland replongera dans ses
problèmes pour ne jamais vraiment en sortir avant de nous quitter), Slash
recrutera le talentueux et attachant Myles Kennedy et se paiera quelques excellents
disques solos. Axl finira par sortir son Chinese Democracy (qui n’est
pas mauvais, loin de là), reviendra sur scène (toujours avec son timing inimitable, ses
concerts truffés de solos interminables). Mieux même, Duff et
Slash rejoindront Guns pour une tournée triomphale (et des concerts
toujours aussi longs !). Et l’histoire n’est pas finie (un nouveau disque à
l’horizon ?). Véritable réussite artistique quoiqu’imparfaite, ce
Contraband aura aussi le rôle de déclencheur et de catharsis pour relancer
Slash & Duff et rien que pour ça, cet album mérite
qu’on en parle. Sacrés types tout de même !!!
Tracklist de Contraband :
01.
Sucker Train Blues 02. Do It For The Kids 03. Big
Machine 04. Illegal I Song 05. Spectacle 06. Fall To
Pieces 07. Headspace 08. Superhuman 09. Set Me
Free 10. You Got No Right 11. Slither 12. Dirty Little
Thing 13. Loving The Alien
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